En puisant dans mes souvenirs, je me suis rappelé d’un SOLACIDE dont j’avais traité du premier album il y a quelques années. Sans vraiment savoir s’il s’agissait du même groupe, j’ai glissé le premier morceau entre mes tympans, et immédiatement, le son, l’attitude et la violence ont ramené à la surface de ma mémoire le phénoménal The Finish Line, qui m’avait conquis il y a de cela six années déjà. Je n’écrivais pas encore pour Metalnews, mais j’avais honoré les colonnes de mon webzine de l’époque d’une prose assez dithyrambique, considérant alors ce mélange de Death et de Black comme un produit de premier choix. Aujourd’hui, cinq ans plus tard, alerté par un mail promotionnel de leur nouveau label, je me suis penché sur le cas éminemment captivant de ce Fall From Eternity. Et grand bien m’a pris de faire le tri entre le grain et l’ivraie de ces mails pour y dénicher l’un des albums les plus fascinants de cette rentrée 2021.
SOLACIDE a quelque peu changé de visage depuis son précédent effort. On retrouve donc aux postes en 2021 Kimmo Korhonen (guitare/chœurs/synthés), Henri Sinokki (guitare), Sami Heinonen (basse), Matti Jauhola (batterie) et Iiro Juntunen (chant), et ce nouveau line-up dégage une impression d’osmose globale assez bluffante. Dès les premières mesures de « Fall from Eternity », title-track imposant et imposé en ouverture, on est happé dans un vortex de puissance et de majesté qui laisse le souffle coupé. Avec cette production démente aux graves qui font trembler les membranes, les finlandais claquent leur vision sur la table des négociations, et foncent droit devant. Car malgré une optique progressive annoncée en amont, le chaos organisé prend vite les rennes de l’affaire pour la mener tambour battant à bon port. Et il faudra attendre d’avoir pénétré plus à l’intérieur de l’album pour en découvrir les richesses cachées, et cette propension à distiller l’horreur pour la rendre plus palpable.
Car si les dix/douze premières minutes prennent à la gorge dans une étreinte mortelle, l’intermède instrumental et Folk « Oblivion » lâche un peu la prise avec force cordes et flutes pour nous entraîner dans un ailleurs ou la beauté dans la laideur choque les sens. Loin d’un simple désir de jouer fort et vite, SOLACIDE distille ses éléments avec beaucoup de pertinence, et prouve que l’agencement d’un album résulte d’un autre processus qu’une simple succession d’attaques plus ou moins pertinentes. C’est là le point fort de cette formation, point fort que j’avais déjà remarqué il y a quelques années, et l’avis positif que j’avais dégagé de cette rencontre est revenu vers moi comme un courant d’air chaud lorsque « Far Beyond Reality » a dispensé ses premières notes. Mélodies plus présentes, plans plus posés mais tout aussi renversants, section rythmique nuancée, et décélération générale nous tirant vers le bourbier d’un Heavy dont il est difficile de s’extirper.
Grave comme tout album de Black qui se respecte, mais créatif comme seuls peuvent l’être ceux qui dominent leur sujet, Fall From Eternity est l’archétype de second album qui tient les promesses du premier, et qui offre même bien plus. Pourtant concentré en moins de quarante minutes, il fonce, plus dévie, louvoie, explore, n’hésite pas à jouer le trouble pour le susciter, et finalement se démarque de la production BM actuelle de son mélange de traditionalisme et de personnalité affirmée.
Catchy en diable, « Far Beyond Reality » est le premier gros point de ce sophomore. Il synthétise toutes les qualités de finlandais, et explore même des pistes que l’on aimerait plus creusées à l’avenir. Entre grandiloquence à la EMPEROR et efficacité brute immédiate, SOLACIDE joue avec le contraste entre l’ombre et la lumière, nous inonde de chaleur avant de nous refroidir sur place, place des soli persuasifs et mélodiques avant d’embrayer sur une accélération fatale, et passe en revue tous les ingrédients de l’extrême avec une science du dosage assez impressionnante.
Si certains albums s’en sortent par une seconde partie plus inventive, c’est bien l’intégralité de Fall From Eternity qui est son acmé. Difficile de croire qu’un album puisse maintenir la pression de la sorte, et pourtant, l’écart entre « Forsaken by Gods » et « The Coldest Night » n’est pas si important. Certes, les néophytes de la question brutale auront du mal à comprendre cette euphorie, jugeant le tout assez convenu bien qu’efficace, mais les spécialistes sauront reconnaître la patte des esthètes qui glissent entre deux plans classiques une idée originale pour pimenter le tout et le rendre goûtu.
« Spirit Hibernation » rejoue le jeu du bref interlude mélodique, mais tout sauf gratuitement. Ces quelques secondes de répit sont là pour nous préparer au mouvement final, ce gros morceau qu’est « Away from Light », qui de son titre s’éloigne du soleil pour retrouver l’ombre. En dix minutes et quelques secondes, SOLACIDE déroule un épilogue épique en fiable, qui de son pas lourd propose une alternative à la course initiée dès les premières secondes. A l’aise en terrain lourd, les finlandais nous offrent un cadeau inestimable, et démontrent qu’ils sont plus qu’un simple groupe de BM lambda. Ancré dans son époque, ce final aux riffs gras et épais est un tour de force à l’ambiance poisseuse, qui ne dévie que très peu de sa trajectoire initiale. Construit comme un faux crescendo qui ne décolle jamais, truffé de chœurs démoniaques, de parties acoustiques superbes, il reste l’épitomé d’un album qui affirme une personnalité au-delà de tout doute.
Belle réussite ombrageuse que ce second album de SOLACIDE, qui a mis cinq ans à voir la lumière du jour, mais qui la tamise immédiatement de ses ambitions sombres. Une autre façon de concevoir le Black Metal, sans gimmick putassier, mais en refusant le pilotage automatique.
Titres de l’album:
01. Fall from Eternity
02. Forsaken by Gods
03. Oblivion
04. Far Beyond Reality
05. The Coldest Night
06. Spirit Hibernation
07. Away from Light
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