Nouveau plongeon dans le bain bouillant d’un Death old-school, cette fois-ci en provenance de la Colombie, jamais le dernier pays à s’agiter d’une violence nostalgique. Formé en 2010 à Medellin, CASKET GRINDER a choisi le bon nom pour illustrer sa musique qui se présente sous la forme d’un gros melting-pot. Après une première démo en 2013 (Trip to Oblivion), un split en 2016 en compagnie de POST MORTEM, et un EP la même année (Trip to Oblivion, comme leur démo), les CASKET GRINDER se lancent après quatre ans de silence dans l’exercice de longue haleine du premier LP, et autant dire qu’ils n’ont pas fait semblant de s’investir. Ce quatuor vraiment méchant mais sympathique (Jeisson Gallego - batterie, Daniel Pineda - guitare/chant, Juan Diego Acevedo - basse et Cristian Quintero - guitare) nous livre donc ses vues sur un Death Metal sans aucun compromis, mais symptomatique d’une démarche unissant les philosophies américaine et européenne. Et c’est en à peine plus de trente minutes que les colombiens espèrent nous convaincre, avec une dizaine de morceaux courts mais incisifs. Et autant jouer la franchise, l’entreprise est un franc succès, leur énergie étant méchamment contagieuse et leurs idées multiples. Adeptes d’un Death traditionnel et brutal, ils jouent le jeu de la vélocité mâtinée de férocité, le tout sous couvert d’une technique patente et probante. C’est ainsi qu’ils nomment leurs modèles (NAPALM DEATH, MORBID ANGEL, SUFFOCATION, VADER, PESTILENCE, IMMOLATION, TERRORIZER, DEICIDE), sans avoir à rougir de la comparaison.
Se calant du côté où le Death est le plus véloce mais intelligible, les colombiens osent un mélange de Thrash, De Death, de Crust, évitent les débordements Gore, et profitent d’une excellente production, ainsi que d’une distribution par le label chinois Awakening Records. Entre un CANNIBAL CORPSE plus ludique qu’à l’ordinaire, un SUFFOCATION rieur mais rageur, un PESTILENCE encore plus sous perfusion de caféine que d’habitude Fall Into Dementia illustre son titre à chaque intervention, alternant les plans déments de dextérité et de folie et les inserts plus sombres et lourds. Pas de soucis, CASKET GRINDER connaît son boulot, et entame d’ailleurs les hostilités par un roulement diabolique de Jeisson Gallego, batteur hyperactif qui domine les débats de ses fills ininterrompus et de son sens de la vitesse aigu. Mais bien sûr, un Death de qualité n’est rien sans une énorme poignée de riffs diaboliques, et le duo Daniel Pineda/Cristian Quintero de se lâcher complètement sur leur manche en multipliant les motifs, entre saccades puissantes et envolées circulaires hypnotiques. Fait intéressant pour le style, la basse n’est pas reléguée aux arrières-postes et de fraie un chemin dans le mix pour soutenir l’ensemble, dopant la grosse caisse de ses cordes graves mais précises. La voix de Daniel Pineda, rauque ce qu’il faut prend des airs de Martin Van Drunen après un stage au purgatoire, et « Re-sonator » résonne donc comme une entrée en matière parfaite à un univers très prolixe et intense.
Le reproche majeur qu’on formule toujours à l’encontre d’un effort Death standard est sa propension à la linéarité. Le problème est ici contourné par une multitude de thèmes qui s’entrechoquent à une vitesse hallucinante, conférant parfois au longue-durée des allures d’effort Techno-Death à peine dissimulé. Brutal mais précis, possédé mais lucide, Fall Into Dementia est une véritable chute dans les abysses de la folie, et « The Portal » d’ouvrir une brèche dans une dimension parallèle, avec sa tornade d’idées qui happe tout sur son passage. Break écrasant à la double, guitare qui penche du côté Thrash, basse qui ronfle, crescendo bien amené, et couches de voix à la DEICIDE pour un festival de brutalité vraiment impressionnant. On sent bien que les colombiens ont voulu synthétiser toutes les premières années d’un Death encore conquérant et ayant tout à prouver, et leurs morceaux, aussi entraînant que violents se montrent vraiment convaincants, à l’image de « What Lies Across » qui ressemble comme deux gouttes d’eau à du RIGOR MORTIS passé au prisme de l’éthique SUFFOCATION. Aucune pause ne vient interrompre la course en avant, le groupe appuyant régulièrement sur l’accélérateur pour renforcer cette impression d’hystérie collective. « Behold the Abominations » de fait, est un typhon qui s’abat sur votre maison de petit cochon, tandis que « Partially Digested » temporise un peu pour constater les énormes dégâts. Jeisson Gallego, décidément en cure de sevrage Red Bull ne peut s’empêcher d’en coller partout, transformant les morceaux en centrales nucléaires tournant à plein régime, et le son analogique d’appuyer cette sensation de fête d’essence pour maniaques en panne des sens.
Difficile de croire qu’on puisse s’enfiler un album pur Death entièrement en 2020, mais c’est pourtant le cas ici, l’énergie ne se démentant jamais. En préférant des morceaux courts à l’impact immédiat, les CASKET GRINDER frappent fort et vite, et frisent constamment la frontière avec le Death/Grind, sans vraiment avancer les deux pieds. Mais comment juger autrement un titre aussi fou que « Buzzing Frenzy » qui lâche les blasts comme un bouledogue les pets, et même si la mélodie parvient à s’incruster sur le plus formel et glauque « Hunger in the Morgue », le double final « The Final Summoning » / « Fall into Dementia » propose un diptyque bref et lapidaire, à base de soli acides, d’accélérations à la TERRORIZER, qui résument parfaitement la démarche globale. Superbe démonstration de savoir-faire des colombiens, qui suggèrent l’image d’un boucher totalement barge dépeçant ses bêtes comme un médecin légiste découpe ses cadavres. Un rendement de folie pour un album hautement recommandable à tous les psychopathes en manque de joie de souffrir.
Titres de l’album :
01. Re-sonator
02. The Portal
03. What Lies Across
04. Behold the Abominations
05. Partially Digested
06. Impending Lust
07. Buzzing Frenzy
08. Hunger in the Morgue
09. The Final Summoning
10. Fall into Dementia
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15