Du brésilien signé sur un label brésilien, voilà une aventure nationale qui réserve aux fans d’extrême une belle surprise, caverneuse et glauque à souhait. Mais les défenseurs de la cause connaissent déjà les originaires de Timbó que sont les VOLKMORT, actifs depuis 2004, et dépositaires d’un secret de savoir-faire ancestral en matière de Death poisseux teinté de Doom poussiéreux. Ainsi, inutile de chercher le moindre rayon de lumière dans cette débauche de gravité et de torpeur morbide. Ici, toutes les fenêtres sont condamnées, la porte fermée à clé et toute issue barricadée avec des planches et des gros clous.
On ne pourrait imaginer pire purgatoire que ce deuxième album. Bâti sur les fondations du premier, Battle Desolation, il confirme les options, consolide les opinions, et nous entraine dans une chute sans fin dans le puits de l’oubli. Fallen in the Bloody Field est donc ce qui se fait de plus oppressant sur le marché en cette année 2023, allant jusqu’à rivaliser avec les productions Sentient Ruin, Signal Rex et autres acteurs de l’underground qui passent leur temps à racler le fond de fosses communes.
Fallen in the Bloody Field est d’une puissance à terroriser un curé pendant son homélie. Concentré sur ce que la vie a de plus mortel à proposer, il étaye son propos d’une production gigantesque et caverneuse, de feedback vicieux et autres cassures violentes, quelque part entre le Death le plus boueux et le Doom le plus miteux. La lourdeur des guitares, les accointances diaboliques, ce chant enregistré du fin fond des temps contribuent à rendre ce travail d’utilité publique, comme si les musiciens étaient des ouvriers chargés du mauvais entretien des routes pour causer plus d’accidents.
Deathos (basse), Sepulchral (batterie), Dunkel Traum (chant) et Mecro Abhorrence (guitare) s’en donnent donc à cœur joie, et pulvérisent les limites de tolérance d’un public pourtant rompu à l’exercice du grave qui tue et de la lenteur qui pue. Ici, tout est laid, à moitié moisi, isolé, perturbant, effrayant et impressionnant. Et croyez-moi lorsque je vous dis que s’enfiler « Doomology of War » et « Triumphus Mortis » sans filet est un exploit que peu de masochistes peuvent accomplir.
VOLKMORT est donc très vilain, mais en est-il pour autant irrésistible ? Oui, car il a réussi à synthétiser la quintessence même du Death/Doom, genre exigeant s’il en est. En utilisant les codes les plus reconnaissables du genre, et en les poussant à leur maximum de pression, les brésiliens signent un album maléfique, comme une légende urbaine revenant à la vie pour foutre les jetons aux néophytes peu habitués à ce genre de démonstration de putréfaction.
« Triumphus Mortis », déjà cité, est le parangon de cette méthode de tri par le plus néfaste. Sur un rythme à affoler les accros aux blanches, le quatuor brode un thème unique, strié d’arrangements tous plus inquiétants, pour que Dunkel Traum braille comme un spectre perdu dans un purgatoire encore plus mal famé que l’enfer lui-même. Entre ENCOFFINATION, PRIMITIVE MAN et une bonne partie de l’écurie Signal Rex, VOLKMORT se distingue par son absence de compromission, et par son talent naturel pour brosser un portrait hideux de notre époque gangrénée par l’attente d’une fin inéluctable.
Mais Fallen in the Bloody Field n’est pas que lancinance et céphalées. Il est aussi capable de se cabrer sur ses pattes arrière pour adopter une posture menaçante, comme le démontrent les titres « Black Grave » ou « From Glory to Abyss », qui reprennent à leur compte les préceptes du BATHORY de la transition Black/Viking. Assaut rythmique continu, flair au moment de servir les riffs les plus chauds, conscience des limites d’un Doom oppressif et suintant, les qualités sont indéniables, et le résultat évidemment au-dessus de la mêlée. Et même largement au-dessus de la mêlée.
Il y avait longtemps qu’un tel album ne m’avait fait une impression aussi durable. Pourtant habitué aux exactions les moins complaisantes, j’ai pris un réel plaisir à me délecter de ces aventures horrifiques, mises en musique avec un panache certain. Peut-être est-ce cette production impressionnante qui m’a séduit, ou les coups de boutoir d’une section rythmique totalement en phase avec son guitariste, ou bien le chant totalement dégoûtant de Dunkel Traum, grogneur Death de première catégorie.
Ou bien, tout ça en même temps. Ce qui est la réponse la plus probable. Mais abordez l’ascension dans un état d’esprit clean et équilibré. Sinon, vous risquez de perdre le nord et de vous retrouver enterré sous une épaisse couche de neige.
Sans personne pour vous rechercher.
Titres de l’album:
01. Cold Winds
02. Returning to the Bloody Field
03. Doomology of War
04. Triumphus Mortis
05. Black Grave
06. From Glory to Abyss
07. No Hope, No Life
Thanks for your support!
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