Quand on fait du Thrash, on se choisit de fait quelques idoles à imiter. La plupart du temps, on pioche dans le haut du panier, et on singe METALLICA, SLAYER, EXODUS, ANTHRAX, MEGADETH, TESTAMENT, ou tout autre leader de première division. Mais il arrive que la fascination se tourne vers des acteurs moins connus de la scène, qui durant des années ou un seul album ont agité l’underground de leur crudité et agressivité.
Prenons pour exemple les américains d’ELECTROCUTIONER. Une rapide écoute de leur premier longue-durée suffit à piger que leurs fausses idoles appartiennent à la catégorie des traitres à la cause, ceux qui se contentent à longueur d’année de photocopier des plans historiques en souhaitant l’auditeur éventuel trop stupide ou dévoué pour les reconnaître et admettre la réalité des faits : la vente d’occasion d’accord, mais avec un minimum d’inventivité et surtout, des sources moins institutionnalisées.
Ainsi, Rich Nieves (basse), Mark Pursino (guitare/chant) et Tyler Bogliole (batterie) se foutent comme du premier t-shirt de Scott Ian de METALLICA, SLAYER et toutes les têtes d’affiche d’une mouvance californienne usée jusqu’à la corde. D’abord, parce qu’ils viennent de la très réaliste Long Island. Ensuite, parce que leur comportement n’a cure des convenances mélodiques des quatre ou cinq cadors de la violence organisée. Non, leurs influences sont plutôt à chercher du côté de la série B, celle active dans les années 80 et vénérée comme de vraies idoles par un public friand de sensations plus fortes.
Et après trois ans de préparation et de gestation, via un entraînement en singles, EP’s, compilations et autres démos, ELECTROCUTIONER sort enfin son premier long, très court, et caractéristique de cet underground que des chiens fous agitaient de leurs rythmiques folles.
Avec une attitude clairement Punk, les trois musiciens nous ramènent dans le giron étrange de WHIPLASH, RAZOR, et autres RIGOR MORTIS. Des groupes qui n’ont jamais eu droit aux honneurs de la classe, mais qui ont laissé un héritage non négligeable qu’il convient de faire fructifier. Impossible en découvrant ce False Idols de ne pas penser aux trois Tony, ou aux canadiens fous responsables du séminal Evil Invaders ou du lapidaire Executioner’s Song.
Une bonne compagnie donc, pour un album qui fonce dans le tas, tout en aménageant des plages mélodiques de çà et là. La quintessence de la brutalité urbaine, bien loin des vastes plaines de groupes à major ralentissant le rythme à chaque réalisation, clarifiant leur son pour toucher une audience plus vaste, au prix de laisser derrière eux leur méchanceté et leur unicité.
Alors, si WHIPLASH a toujours trouvé grâce à vos yeux eu égard à son approche sourde et barbare, ELECTROCUTIONER devrait le remplacer sans problème dans votre panthéon personnel. L’approche choisie par le trio US est sensiblement la même. Refuser toute concession, tourner le dos aux facilités d’usage et ne pas se poser de question inutile concernant une éventuelle déficience technique. Ici, le Thrash est envisagé comme l’exutoire qu’il a toujours été durant sa prime jeunesse, et la guitare tronçonne des riffs simplissimes et tournoyant comme des vautours autour du cadavre de la crédibilité de METALLICA.
Alternance de titres courts et de digressions plus épaisses, False Idols est le type même de réalisation qui redonne foi en cette philosophie old-school qui a trop souvent tendance à se reposer sur ses bases. Ici, le Thrash en est vraiment, il est laid, difforme, joué avec les tripes, et sale comme une semelle de chaussure après une fuite dans les bois. On respire des effluves étranges sur « Children of the New Dawn », on se gratte là où ça démange sur l’effréné « Revenger », qui suit les pas du DESTRUCTION d’antan, mais on se pose aussi sur le Heavy de « The Guillotine », qui prouve que les musiciens pourraient la jouer beaucoup plus fine si l’envie leur en prenait.
Interludes charmants et synthétiques (« Ancient Waters » et « Plague Winds », B.O éventuelles d’une série B fantastique mais Gore), moments d’intensité électrique qui foudroient sur place (« Execution of the Witches »), pour une production brute, captée en direct pour ne pas perdre l’énergie initiale. L’effet est bœuf, au moins autant qu’une décharge en plein cœur après un malaise, et les parrainages savoureux trouvent une illustration bestiale mais respectueuse.
Si vous vous demandiez ce que WHIPLASH aurait pu enregistrer suite à la claque Power and Pain à la place du trop sophistiqué Ticket To Mayhem, la réponse est sous vos oreilles et attend votre assentiment.
ELECTROCUTIONER est une idole, une vraie. Pas un veau d’or prié par des simples d’esprit qui confondent hommage et recyclage.
Titres de l’album:
01. Earth Ender
02. Revenger
03. False Idols
04. The Guillotine
05. Collector's Debt
06. Ancient Waters
07. Throne Possessor
08. Seven Lamps of Fire
09. Lost in the Eye of the Void
10. Asleep at the Wheel
11. Children of the New Dawn
12. Plague Winds
13. Execution of the Witches
Pas mal du tout. En effet Whiplash rôde.
Beau papier aussi lol la phrase des vautours, excellent.
Merci
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