Fanalo

Fanalo

28/02/2025

Klonosphere

Il y avait très longtemps que je ne m’étais pas fait les dents sur un guitar-hero. Après tout, le genre a connu son apogée dans les années 80/90, lorsque des guitaristes comme Malmsteen, Becker, Gilbert, Taffola, Vaï, Satriani sortaient de leur tanière chaque semaine pour nous noyer dans un déluge de notes tantôt baroques, tantôt jazzy, le manche toujours bien lustré et les mains agiles. Sans allusion grivoise.

Je dois reconnaître que cette mode ne m’a jamais vraiment touché. Je suis conscient du talent de ces musiciens qui ont repoussé l’approche de leur instrument aussi loin qu’ils le pouvaient, mais mis à part quelques têtes d’affiche un peu plus téméraires que la moyenne, je n’ai guère tenu un tableau excel recensant toutes les sorties du genre.

Je reconnais l’influence et l’importance, mais je suis assez lucide pour souligner que nombre de ces albums n’étaient que des cartes de visite, ou des clinics maison qui s’insinuaient dans les chaumières comme des informations passant à travers le câble de fibre. Beaucoup trop de choses à retenir, qui plus est répétitives, puisque ces disques semblaient souvent interchangeables, notamment chez Mike Varney. Je garde aujourd’hui une infinie tendresse pour Tony MacAlpine, et une passion indéfectible pour Richie Kotzen, mais je concède plus volontiers une attirance pour les plus allumés, de Buckethead à Ron Thal, en passant par Manu Livertout et Christophe Godin.

Le lien est vite fait, puisque Klonosphere nous offre la primeur du premier album de FANALO. Pseudonyme choisi par le virtuose Stephane Alaux, membre du collectif PLUG-IN et acolyte de tournée de BUMBLEFOOT. Des références, un CV enviable et un réel talent pour taquiner tous les sous-genres d’un Metal plus généreux que démonstratif. Et ce premier long éponyme vient à point nommé prouver que les albums de guitare ont encore quelques belles années devant eux, pour peu que leurs concepteurs ne tombent pas dans le piège de la flagornerie autocentrée.

Mais Stéphane est un altruiste. Il ne cherche nullement à tirer le plaid vers lui, et partage volontiers ses vues sur un Rock déhanché, instrumental juste ce qu’il faut, et capable de transcender de quelques rock songs bien troussées. Puristes du conservatoire, passez donc votre chemin. Ce disque est Rock et Fusion de la tête aux ongles de pieds, et pour l’occasion, FANALO est soutenu par une voix de légende, celle de Jeff Scott Soto, dont les implications sont trop nombreuses pour être reproduites ici. Mais quid de la teneur artistique d’un disque pareil, à la pochette noire et au symbole abscons ?

Du Rock, du Hard, du Progressif, du Heavy, des mélodies, une attitude sympathique, et un envol pris avec un bel élan.

Outre JSS, on retrouve aussi dans les soli ce cher Ron T. venu prêter corde forte à notre bordelais, qui a certainement dû apprécier de retrouver ces sensations de tournée en studio. Avec une production épaisse et précise, Fanalo transcende l’exercice périlleux de l’expression musicale en solitaire, et évite tous les vieux pièges de la banalisation de la performance et de l’outrance technique.

De fait, l’écoute est souple, les morceaux très variés et les plaisirs aussi. Sur une trame Hard-Rock joyeux mais costaud, Stéphane brode des thèmes de circonstance, insère des clins d’œil, des copié/collé ludiques qui nous ramènent à l’époque du Hard-Funk d’EXTREME, de MOTHER’S FINEST et autres hybrides irrésistibles, sans oublier de nous émouvoir de mélodies sincères qui s’apparentent à du Satriani cool des nineties.

Loin du fourre-tout pour en mettre plein la vue, Fanalo est un disque construit, qui pourra plaire à tous les publics. Le fait d’avoir accepté l’apport d’un chanteur confère au disque l’apparence d’un véritable groupe, capable de produire des chansons accrocheuses, comme l’irrésistible « New Found World », qui cavale sur un up tempo échevelé tricoté de riffs simples, mais très efficaces.

Enraciné dans la culture tolérante des œuvres post-Shrapnel, Fanalo est une énorme fête où sont conviés tous les amoureux d’un Metal affranchi, aux ambitions claires et aux objectifs nets : communiquer, faire parler son instrument, ajouter quelques arrangements, samples et nappes de synthés électriques, et fusionner le tout dans un déluge d’étincelles Rock. Un poil Electro (« Moon »), franchement Heavy et contagieux (« STC », très américain dans le fond avec une ou deux bouteilles de bon Saint-Emilion sur la table), groovy et bien gras mais sans cholestérol (« Die To Live »), le menu est parfait, et pour tous les palais.

Celui construit par FANALO est certes impressionnant, mais encore à l’échelle humaine.

Les accroches sont solides, en mode instrumental comme en mode vocal, et si l’heure de jeu est tapée sans problème, l’ennui reste à la porte en gardant ses chaussures. Véritable disque en traquenard d’émotions, Fanalo louvoie entre ses sources d’inspiration, et nous euphorise de son plaisir palpable, entre voyage interstellaire et sourire solaire.

Taquinant sa guitare, établissant une complicité que l’on sent immuable, Stéphane nous gâte de ses interventions en solitaire, toujours justes et fluides, sans en rajouter. Un brin de folie à la Steve V (« Isolation », qui tire un peu vers « Deep Down Into The Pain »), un final en épiphanie (« Rise », complexe et plus sombre), pour un trip qui laisse des traces sur la peau et des images plein la tête.

Plus enivrant qu’un grand cru, plus humble qu’un showcase joufflu, FANALO est un rayon de soleil dans la grisaille quotidienne, et une fin de non-recevoir adressée aux disques instrumentaux pétris de certitudes.         

                                                                           

Titres de l’album:

01. Tribes

02. Hate 4 Sale

03. Why

04. New Found World

05. Moon

06. Stc

07. Die To Live

08. Rebirth

09. Isolation

10. Rise


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par mortne2001 le 22/02/2025 à 19:29
85 %    13

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