Il y avait très longtemps que je ne m’étais pas fait les dents sur un guitar-hero. Après tout, le genre a connu son apogée dans les années 80/90, lorsque des guitaristes comme Malmsteen, Becker, Gilbert, Taffola, Vaï, Satriani sortaient de leur tanière chaque semaine pour nous noyer dans un déluge de notes tantôt baroques, tantôt jazzy, le manche toujours bien lustré et les mains agiles. Sans allusion grivoise.
Je dois reconnaître que cette mode ne m’a jamais vraiment touché. Je suis conscient du talent de ces musiciens qui ont repoussé l’approche de leur instrument aussi loin qu’ils le pouvaient, mais mis à part quelques têtes d’affiche un peu plus téméraires que la moyenne, je n’ai guère tenu un tableau excel recensant toutes les sorties du genre.
Je reconnais l’influence et l’importance, mais je suis assez lucide pour souligner que nombre de ces albums n’étaient que des cartes de visite, ou des clinics maison qui s’insinuaient dans les chaumières comme des informations passant à travers le câble de fibre. Beaucoup trop de choses à retenir, qui plus est répétitives, puisque ces disques semblaient souvent interchangeables, notamment chez Mike Varney. Je garde aujourd’hui une infinie tendresse pour Tony MacAlpine, et une passion indéfectible pour Richie Kotzen, mais je concède plus volontiers une attirance pour les plus allumés, de Buckethead à Ron Thal, en passant par Manu Livertout et Christophe Godin.
Le lien est vite fait, puisque Klonosphere nous offre la primeur du premier album de FANALO. Pseudonyme choisi par le virtuose Stephane Alaux, membre du collectif PLUG-IN et acolyte de tournée de BUMBLEFOOT. Des références, un CV enviable et un réel talent pour taquiner tous les sous-genres d’un Metal plus généreux que démonstratif. Et ce premier long éponyme vient à point nommé prouver que les albums de guitare ont encore quelques belles années devant eux, pour peu que leurs concepteurs ne tombent pas dans le piège de la flagornerie autocentrée.
Mais Stéphane est un altruiste. Il ne cherche nullement à tirer le plaid vers lui, et partage volontiers ses vues sur un Rock déhanché, instrumental juste ce qu’il faut, et capable de transcender de quelques rock songs bien troussées. Puristes du conservatoire, passez donc votre chemin. Ce disque est Rock et Fusion de la tête aux ongles de pieds, et pour l’occasion, FANALO est soutenu par une voix de légende, celle de Jeff Scott Soto, dont les implications sont trop nombreuses pour être reproduites ici. Mais quid de la teneur artistique d’un disque pareil, à la pochette noire et au symbole abscons ?
Du Rock, du Hard, du Progressif, du Heavy, des mélodies, une attitude sympathique, et un envol pris avec un bel élan.
Outre JSS, on retrouve aussi dans les soli ce cher Ron T. venu prêter corde forte à notre bordelais, qui a certainement dû apprécier de retrouver ces sensations de tournée en studio. Avec une production épaisse et précise, Fanalo transcende l’exercice périlleux de l’expression musicale en solitaire, et évite tous les vieux pièges de la banalisation de la performance et de l’outrance technique.
De fait, l’écoute est souple, les morceaux très variés et les plaisirs aussi. Sur une trame Hard-Rock joyeux mais costaud, Stéphane brode des thèmes de circonstance, insère des clins d’œil, des copié/collé ludiques qui nous ramènent à l’époque du Hard-Funk d’EXTREME, de MOTHER’S FINEST et autres hybrides irrésistibles, sans oublier de nous émouvoir de mélodies sincères qui s’apparentent à du Satriani cool des nineties.
Loin du fourre-tout pour en mettre plein la vue, Fanalo est un disque construit, qui pourra plaire à tous les publics. Le fait d’avoir accepté l’apport d’un chanteur confère au disque l’apparence d’un véritable groupe, capable de produire des chansons accrocheuses, comme l’irrésistible « New Found World », qui cavale sur un up tempo échevelé tricoté de riffs simples, mais très efficaces.
Enraciné dans la culture tolérante des œuvres post-Shrapnel, Fanalo est une énorme fête où sont conviés tous les amoureux d’un Metal affranchi, aux ambitions claires et aux objectifs nets : communiquer, faire parler son instrument, ajouter quelques arrangements, samples et nappes de synthés électriques, et fusionner le tout dans un déluge d’étincelles Rock. Un poil Electro (« Moon »), franchement Heavy et contagieux (« STC », très américain dans le fond avec une ou deux bouteilles de bon Saint-Emilion sur la table), groovy et bien gras mais sans cholestérol (« Die To Live »), le menu est parfait, et pour tous les palais.
Celui construit par FANALO est certes impressionnant, mais encore à l’échelle humaine.
Les accroches sont solides, en mode instrumental comme en mode vocal, et si l’heure de jeu est tapée sans problème, l’ennui reste à la porte en gardant ses chaussures. Véritable disque en traquenard d’émotions, Fanalo louvoie entre ses sources d’inspiration, et nous euphorise de son plaisir palpable, entre voyage interstellaire et sourire solaire.
Taquinant sa guitare, établissant une complicité que l’on sent immuable, Stéphane nous gâte de ses interventions en solitaire, toujours justes et fluides, sans en rajouter. Un brin de folie à la Steve V (« Isolation », qui tire un peu vers « Deep Down Into The Pain »), un final en épiphanie (« Rise », complexe et plus sombre), pour un trip qui laisse des traces sur la peau et des images plein la tête.
Plus enivrant qu’un grand cru, plus humble qu’un showcase joufflu, FANALO est un rayon de soleil dans la grisaille quotidienne, et une fin de non-recevoir adressée aux disques instrumentaux pétris de certitudes.
Titres de l’album:
01. Tribes
02. Hate 4 Sale
03. Why
04. New Found World
05. Moon
06. Stc
07. Die To Live
08. Rebirth
09. Isolation
10. Rise
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15