Un rapide coup d’œil à l’artwork de la pochette, au logo, et on se forge un avis assez partial sur la question. Et puis en lisant le nom et en fouillant dans sa mémoire, on finit par se souvenir que ce lettrage condensé fait référence à un des plus vieux groupes de BM encore en activité. S’il est certain que la Finlande, comme tous les pays nordiques, à plus ou moins participé activement à la naissance du mouvement, ce sont plutôt ses homologues suédois et norvégiens qui ont défrayé la chronique et alimenté les colonnes de leurs méfaits vinyliques.
Mais impossible d’occulter (sic) l’importance d’un ténor comme BARATHRUM sur la scène Black locale. Et pour cause.
Ils sont en quelque sorte les derniers garants de la légende. Au départ, ils évoluaient sous pavillon finlandais aux côtés de BEHERIT, IMPALED NAZARENE ou ARCHGOAT, et puis, le temps passant et les factions s’écroulant, ils ont fini par faire partie des derniers combattants. Valeureux, sans pitié ni peur, plus de vingt-cinq ans après leur naissance, pansant leurs blessures et continuant leur route parsemée d’embûches et de coups du sort.
1990/2017. Un sacré chemin parcouru, et un legs d’importance, que les combos nationaux feront fructifier ou pas. Mais quelle que soit l’utilisation que feront les générations futures de leur philosophie, cette dernière restera un cas unique dans les annales, ce que Fanatiko confirme de la plus tonitruante des façons.
Excusez leur modestie naturelle, mais ils peuvent quand même s’enorgueillir d’un neuvième album studio, chose plutôt rare dans le domaine du BM, si l’on met de côté quelques légendes comme MARDUK, IMMORTAL, DARKTHRONE et une poignée d’autres.
Certes, pour en arriver là, il leur aura fallu passer six fois par la case démo entre 1991 et 1995, mais depuis, et malgré quelques trous d’air vite comblés, la cadence n’a jamais ralenti, ou si peu. Des interventions plus erratiques dans les années 2000, quelques pauses vite interrompues, et aujourd’hui, une affirmation par la grandeur et la décadence de leur statut de fondateur d’un courant qui n’en finit plus de nous chatouiller la plante des pieds des flammes de l’enfer.
Car au-delà de son aspect historique, Fanatiko est avant tout un putain d’album de BM sauvage et sans concessions, mais aussi, un disque aux morceaux terriblement vaillants et accrocheurs. Le genre de truc auquel vous confiez vos oreilles en sachant très bien qu’elles seront violées en bonne et due forme, mais sans séquelles. Un BM pas forcément commercial, puisqu’ils ne le seront jamais, mais travaillé et façonné pour rendre accro dès les premières écoutes.
Mais pouvait-on raisonnablement en douter ?
Passons outre le gimmick de leurs huit premiers albums dont les premières lettres une fois assemblées formaient l’expression « Hail Sova », du nom de leur leader/chanteur/bassiste, Demonos Sova, Janne Sova pour l’état civil local.
Prenons ça pour un petit clin d’œil interne, réservé aux initiés, un peu comme le reflexe des MORBID ANGEL qui suivaient l’alphabet à chaque longue durée. Car musicalement, les BARATHRUM ont beaucoup de choses à proposer qui ne semblent pas vraiment fasciner leurs homologues du monde entier. Un équilibre entre des thèmes fédérateurs, et une noirceur de fond, contrebalançant une séduction de ton. Leurs morceaux sont toujours aussi plaisants à l’oreille, et refusent de tomber dans la complaisance des premières légendes du BM qui se contentent de vivre sur leurs acquis.
D’ailleurs, écoutez sans trop y réfléchir « Hellspawn », le premier morceau de Fanatiko. « Hellspawn » démarre en fanfare sous les coups de rein d’une basse brillante et ronde, rebondissant sur un mid tempo diabolique et chaloupé. Et lorsque les guitares entrent en scène, la danse devient irrésistible, comme un sale clin d’œil complice aux flingués d’IMPALED NAZARENE, les autres gourous du groove. Un refrain qui ridiculise des années de BM « commercial », et un sens aigu de l’attrape-couilles pour vous les serrer sans l’étau d’un hit impossible, et pourtant patent.
Combien de groupes sont encore capables de signer un morceau aussi définitif que séduisant sans tomber dans le grotesque du paillard à outrance ? Peu, pas du tout, la question reste en suspens.
Qui plus est, il est de notoriété publique que les finlandais (Demonos Sova – chant, Nuklear Tormentörr & Ruttokieli – basse, Pelceboop & Raakalainen – guitares et Pete Vendetta – batterie) préfèrent innover et expérimenter que se fixer sur une ligne de conduite stable et prévisible.
Nous passons donc d’une agressivité abordable à des déferlements de violence crue, et ce, sans transition mais sans non plus à faire un grand écart d’effort de concentration. Et si « Pope Corpse Tattoo » garde cette empreinte naturelle de BM séduisant et mordant, les blasts commencent à se tailler une place parmi les riffs loquaces, qui une fois encore vous plaquent au sol de leur efficacité optimale. Le but du jeu étant de ne conserver que les idées les plus pertinentes, ne vous attendez pas à du remplissage, les BARATHRUM sont depuis trop longtemps sur le circuit pour céder à cette vacuité.
Alors ils modulent, ils tentent des choses, qu’on trouvait déjà à l’état embryonnaire ou développé sur leur dernier méfait, Anno Aspera: 2003 Years After Bastard's Birth, sorti il y a quand même douze ans. Qu’il serve de balise est une chose, puisque depuis nous n’avions eu droit qu’à un live, un split et un EP, mais il ne doit en aucun cas servir de référence, puisque les choses ont bien changé depuis.
Alors, oui « On The Dark River Bank » fracasse le Doom le plus processionnel sur le Black le plus professionnel, multipliant les couches de voix sur fond de classicisme outrancier, mais sitôt fait, « Sadictic Pleasures » rend hommage à son titre en se vautrant sur la couche paillarde du BM Heavy qui déclenche des crises de priapisme auditif, et démontre que Demonos Sova et ses troupes n’ont rien perdu de leur potentiel aguicheur.
Et de fait, BARATHRUM prouve avec ce neuvième album qu’il est tout à fait possible de verser dans la démesure et pourtant de rester pondéré, et de coller à une éthique BM initiale tout en jouant le jeu de la séduction, comme le démontre le gluant et élastique « Arx Satanas », qui cavale d’un up tempo Punk, cause que cette basse décidément collante épouse de tous ses graves.
Même « Church Amok » et son entame furieuse finit par céder sous la pression et oppose un final qui juxtapose la véhémence la plus avouée et les harmonies les plus dévouées.
D’ailleurs, « Fanatiko », en final orgiaque reprend les points précédents, en osant une dernière crise d’orgueil tout à fait justifiée, synthétisant des années de BM finlandais qui a su rester sur la berge sans traverser les océans de nihilisme. Et s’il est évident que cette conception du Black en laissera plus d’un coi, de part son refus d’en flatter les dogmes les plus extrêmes, elle en séduira les plus ouverts qui comprendront que l’évolution est un processus naturel, même au sein de philosophies extrêmes.
Mais beaucoup vous diront que les BARATHRUM n’ont plus rien à voir avec le BM depuis des lustres, alors même qu’ils en incarnent un des versants les plus intéressants et francs. Et la question est-elle d’importance au demeurant ? Non, puisque la seule réponse qui compte, c’est celle qui vous affirmera que Fanatiko est l’un des meilleurs albums extrêmes de ce premier semestre, légende ou pas, Finlande ou pas.
Titres de l'album:
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