« Bonjour, je cherche des renseignements sur votre groupe, puisque j’ai vraiment apprécié votre premier album »
« Ok, La grand-mère du diable est une bande de Vest-Agder, spécifiquement Flekkefjord et Kvinesdal »
« Hum, oui merci, mais encore ? »
« Ha, Klungland og Nilsen er hovedsakelig låtskrivere !!! »
« Ok, pas grave merci beaucoup ! »
De la facilité de se tuyauter sur un groupe de Hard Rock mélodique Norvégien qui sort en janvier son premier album sur les plateformes digitales…Pas grand monde ne les connaît, leur page Facebook se contente du minimum, leur label offre une courte bio en idiome local, autrement dit – et implicitement je vous prie – « débrouille-toi avec le peu que l’on te donne et arrête de geindre ».
Ok alors allons-y.
Cette bio, une fois traduite dans un français approximatif m’informe que les FANDENS OLDERMOR se sont formés en 2014 autour de l’axe Tom Anders Klungland (guitare) et Bjørn Åge Dennis Nilsen (basse et chant, mais rien à voir avec un cousin éloigné nordique du « Tueur à la cravate »), rapidement complété par Terje Skarpodde et Kjetil Lynnæs.
Ces musiciens viennent tous de villes comme Flekkefjord et Kvinesdal, semblent jouir d’une certaine réputation dans leur pays, et sont soutenus par leur label Ghost Town qui visiblement croit beaucoup en eux.
Voilà bien tout ce que je peux vous dire à propos de ce quatuor éminemment sympathique qui nous propose donc aujourd’hui une dizaine de titres assez versatiles et mélodiques, à mi-chemin entre un gros Hard-Rock du nord bien musclé, et un AOR adapté aux vues européennes pas moins viril.
Ah si. Si j’en juge par les dons de linguiste de Google, leur nom signifie quelque chose comme « La grand-mère du Diable ». Pas mal comme sobriquet qui n’aiguille en rien sur le contenu musical.
Musicalement, l’affaire est beaucoup plus complexe qu’un simple Hard Rock harmonique de base, même si ce Fandens Oldermor en emprunte pas mal de codes.
On sent aussi de solides influences de la NWOBHM, un peu THIN LIZZY dans l’esprit, avec une petite touche de mordant digne des premiers DIAMOND HEAD, en version beaucoup plus Rock. Le quatuor norvégien n’est pas non plus sans rappeler quelques groupes ibères eighties, mais à vrai dire, il est relativement ardu de les placer au centre d’un courant quelconque. Il faut dire que la production de leur album est assez hermétique et étrange, que la voix du chanteur est assez spéciale, voilée et aigue, et que leur juxtaposition de riffs énergiques, de rythmiques rapides et syncopées et de mélodies héritées du Rock Californien des STYX et autres JOURNEY est très étrange, comme un amalgame contre-nature qui finalement, produit un résultat singulièrement atypique.
Mais…les qualités sont là et bien là. Energie, enthousiasme, fougue, talent instrumental indéniable, et mise en place carrée, qui sait garder sa fraicheur.
D’ailleurs, les mecs mettent les choses au point dès le départ avec une entame tonitruante et rauque d’un norvégien natal, avec un « Hva som kommer » qui ne fait pas grand cas de son Heavy mélodique et incisif au refrain imparable et aux parties instrumentales au-dessus de tout soupçon. Solo flamboyant, break percussif en crescendo, chœurs très bien placés et efficaces, et envolées lyriques flamboyantes qui n’en font jamais trop. On pense au THIN LIZZY mâtiné d’un BALANCE d’Europe du Nord, autrement dit, la crème de la crème d’un Hard bien méchant qui ne crache pas sur une bonne dose d’harmonies.
« Fandens Oldemor », le tube éponyme ose confronter une rythmique très ska à une énergie totalement Rock, et nous emballe de sa tornade juvénile avant de laisser place à un refrain plus calme et posé, qui une fois de plus joue admirablement bien de la complémentarité des voix. Original et cru, le quatuor entend se servir de ses propres armes pour faire plier son public, et ça fonctionne parfaitement. Petit break en arpèges typiquement Metal mélodique des eighties, et la machine repart de plus belle.
Dans le fond, Fandens Oldermor propose des morceaux travaillés et développés, qui franchissent la plupart du temps la barre des quatre minutes, en proposant assez d’idées pour meubler l’espace.
Passée la surprise initiale de ce son si excentré, auquel on s’habitue assez rapidement, l’album révèle toutes ses richesses et ose quelque chose de différent, ne sachant se contenter d’un vulgaire Hard-Rock mélodique déjà entendu des milliers de fois.
Même la ballade un peu amère « Bare Du » se veut étrange, un peu alternative sur les bords, mais gorgée d’émotion tout sauf factice. Basse qui tente quelques lignes remarquables, arpèges cristallins, chant qui garde sa flamboyance mais la nuance de sentimentalisme cru, c’est un joli mélange entre les HEROES DEL SILENCIO et SKID ROW, la patte rugueuse norvégienne en plus.
Mais les FANDENS OLDERMOR ne rechignent pas à se montrer sous un jour Rock plus franc et direct, comme en témoigne « Forbanna », un peu Punk-Rock dans l’esprit, avec toutefois une approche un peu SCORPIONS, et toujours cet up tempo accrocheur souvent interrompu par des breaks inventifs.
Parfois, l’émotion prend le dessus, mais toujours avec intimisme et pudeur, ce qui nous donne de jolies petites choses comme ce long « Gud » qui évoque GREAT WHITE, ou même SOUL ASYLUM en version plus paisible, ou même « Angrer », qui tombe dans la power-ballad nostalgique sans en rajouter dans le pathos.
« Panikk » tente de faire remonter la fièvre, un peu BACKYARD BABIES dans le fond, tandis que « Sjel » en épilogue se veut plus proche de l’AOR des JOURNEY avec quelques nuances musclées pour ne pas friser la mièvrerie déplacée.
Cette « Grand-mère du Diable », malgré son sobriquet, à l’air plutôt sympathique, et gageons qu’elle sait se montrer convaincante et bien Rock on stage. Une jolie surprise que la découverte de ce quatuor séduisant, qui n’a cure des tendances et joue son Hard Rock avec toute l’indépendance qu’il requiert pour rester exotique sans tomber dans le cliché de la carte postale en provenance de Norvège.
De quoi finir l’hiver au chaud, sans réécouter les sempiternels mêmes chants de Noël.
Titres de l'album:
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