Amusante cette sortie Frontiers. Vue de l’extérieur et sans avoir écouté une seule note, en se basant simplement sur le nom du groupe, la pochette de l’album et le titre de certains morceaux, on pense immédiatement à des admirateurs de MAIDEN. Fans of the Dark en référence à Fear of the Dark, un monstre bizarre sur la pochette, et des morceaux comme « The Ghost of Canterville » ou « The Running Man », l’analogie semble inévitable, et peut-être même voulue. Mais les FANS OF THE DARK ne sont pas anglais mais bien suédois, et on imagine mal le label italien Frontiers nous proposer un simple clone de la Vierge de Fer, alors même que l’ambition du label est de nous faire découvrir des produits totalement originaux et mélodiques. Et cette piste MAIDEN est très vite abandonnée après écoute de quelques mesures de l’introductif « The Ghost of Canterville », même si quelques accroches mélodiques ne sont pas sans rappeler le travail commun d‘Adrian Smith, Steve Harris et Dave Murray. On pense plutôt à son écoute à un Progressif des années 70 remis au goût du jour, et en tout cas, à autre chose que du tout-venant Frontiers qui a quand même tendance à souvent servir les mêmes plats. D’ailleurs, le nerveux « Escape from Hell » nous fait dévier nerveusement de cette comparaison, grâce à un up-tempo habile et à une légèreté instrumentale typiquement eighties…
Plus simplement, et pour rester factuel, FANS OF THE DARK a été fondé à l’été 2020 par Freddie Allen, batteur et principal compositeur, qui depuis longtemps souhaitait mettre sur pied un projet avec son ami Alex Falk, chanteur de son état. Les deux hommes se connaissant depuis les bancs du lycée, la complicité les liant a permis au premier d’imaginer un monde musical commun, dans lequel le talent incroyable de son pote pourrait s’exprimer à plein régime. Et la voix d’Alex étant des plus puissantes et versatiles, il fallait dessiner les contours d’un univers pluriel et polymorphe, le vocaliste s’accommodant mal de décors plats et sans reliefs.
Composé seul pendant le confinement découlant de la pandémie 2020, Fans of the Dark est un éponyme début qui laisse admiratif. On connaît bien évidemment des centaines de one-man-band, on connaît aussi des artistes incroyables capables de composer deux ou trois doubles albums à la suite, mais le travail accompli par Freddie Allen n’en reste pas moins remarquable. Le but avoué du batteur/compositeur était de fondre dans une même inspiration le courant mélodique suédois contemporain et le Metal plus classique des années 80, et si le premier morceau de l’album montre de sérieuses accointances avec le Progressif moderne des eighties, le reste du répertoire répond parfaitement aux critères posés dès le début de l’opération.
On retrouve aux côtés du batteur et du chanteur deux autres musiciens, et pas des moindres. Robert Majd (CAPTAIN BLACK BEARD, METALITE, NIGHTHAWK) s’occupe de la basse, tandis qu’Oscar Bromvall (PALACE, CODE RED) manipule évidemment la guitare, ce qui nous fait un quatuor méchamment capé, d’autant que la production a été prise en charge par la référence Mike Palace (PALACE, KENT HILLI). Cinq hommes connaissant bien leur métier et leur parcours respectifs pour un album qui défie les normes de production actuelles, et même celles assez souples de Frontiers. Si le tout sonne homogène, on a parfois le sentiment d’effectuer un voyage dans le temps, lorsque les cadors progressifs comme MARILLION et IQ se mettaient à la colle avec le Hard-Rock plus direct et la Pop la plus radiophonique. En découle une sensation étrange, légèrement surannée, comme si les époques se fondaient dans un même espace-temps pour brouiller les pistes, et « intemporaliser » cet album, si vous excusez ce néologisme. Evidemment, l’art mélodique suédois est très présent, et FANS OF THE DARK n’échappe pas à ses racines nordiques, ce que la plupart des titres prouvent de leurs refrains hautement contagieux. Mais je ne peux m’empêcher de voir en « Dial Mom for Murder » un vieux hit des eighties, pas forcément matraqué par les radios, mais apprécié par les amateurs de rythmique bouncy en exercice d’aérobic.
Nonobstant ce caractère délicieusement anachronique ou plus exactement « hors du temps », ce premier album tient le coup par ses capacités propres et ses qualités de composition. Le travail accompli par Freddie Allen durant le confinement est tout bonnement remarquable, le compositeur ayant soigné tous les aspects de son travail pour produire des chansons éclatantes, pleines de vie, aux parties instrumentales immaculées mettant encore plus en relief la fantastique prestation vocale d’Alex Falk.
Les deux hommes ont ainsi formalisé artistiquement leur longue complicité, et quelle plus belle preuve de leur amitié que ces huit chansons. Empruntant au catalogue Rock mélodique ses tics les moins évidents pour les replacer dans un contexte de Hard-Rock de grande classe (« Life Kills »), se souvenant de la période la plus radiophonique eighties des géants des années 70 comme HEART, YES, BARCLAY JAMES HARVEST ou STYX (« Rear Window »), tout en trouvant des compromis AOR de toute beauté (« The Foreigner », dont le riff saccadé donnerait la pêche à un amateur de poires), FANS OF THE DARK signe non seulement l’un des meilleurs albums de cette fin d’année, mais aussi l’un des plus atypiques et attachants.
Avec une interprétation hors-pair de toutes les parties impliquées, une production qui évite le tape-à-l’œil Pop de l’art suédois le plus putassier, et des chansons qui ne se bornent pas à quelques couplets rapidement troussés pour mettre en valeur un refrain imparable, Fans of the Dark passe le test des multiples écoutes, grâce à son énergie, mais aussi aux petites trouvailles du guitariste Oscar Bromvall, jamais avare d’une transition fluide ou d’un petit solo mélodique placé pile au bon endroit.
Et pour mieux boucler la boucle, l’album se termine sur une clôture évolutive qui nous renvoie à « The Ghost of Canterville » en termes d’ambitions. Entre les deux morceaux, beaucoup d’émotion, d’inspiration, de générosité, et de talent harmonique, et une envie de partager une musique qui paraît simple, mais qui est d’une précision rare. De la sophistication dans l’humilité, pour un voyage qui s’il ne doit rien à MAIDEN, nous emmène beaucoup plus loin que le Japon.
Titres de l’album:
01. The Ghost of Canterville
02. Escape from Hell (feat. Ryan Roxie)
03. The Running Man
04. Dial Mom for Murder
05. Life Kills
06. Rear Window
07. The Foreigner
08. Zombies in My Class
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