En France, au début des années 80, nous avions VULCAIN. Ce quatuor de la région parisienne qui faisait cramer les décibels sur la route de l’Enfer, avouant à mots entiers sa passion pour les motos et la tête de moteur. A l’époque, beaucoup se gaussaient de leur démarquage de la bande à Lemmy, les accusant d’opportunisme, et puis, les années passèrent et il fallut bien reconnaître que les gus étaient de vrais amoureux du Rock N’Roll pas franchement prêts à appuyer sur la pédale de frein…
Les années 2010 ont trouvé un écho à ce phénomène, et proposent leur version de la chose. Si les VULCAIN faisaient quelques efforts pour ne pas que leur obsession soit trop flagrante, les strasbourgeois d’IRON BASTARD n’ont cure des analogies et métaphores, et de leur nom de baptême à leur musique ne cachent en rien leur fascination pour MOTORHEAD et son Rock N’Roll torride et fiévreux.
Mais qui pourrait leur en vouloir ?
Et pour quelle raison ? Parce qu’ils sont honnêtes ? Parce qu’ils n’essaient pas de détourner l’attention par quelques tours de passe-passe qui de toute façon ne tromperaient personne ? Vous vous voyez les pointer du clavier pour ça ?
Moi non, et qui plus est, MOTORHEAD n’est plus, alors autant célébrer et apprécier son rejeton le plus direct et légitime…
Deuxième album pour le trio, après trois EP (Boogie Woogie Sessions, Wasteland en 2014, et Rock’n’Roll Strikes Back en 2015), et un longue durée (Boogie Woogie Violence, septembre 2015), et même un EP live pour la bonne bouche (Keep It Fast pour la Noël de la même année). Des dizaines de concerts, plus de quatre-vingt en deux ans et ce, dans plusieurs pays européens et autres (Italie, Pologne, Allemagne), et surtout, une foi sans bornes en un Rock’n’Roll chaleureux et rauque, le même que Lemmy aimait tant. Mais réduire les IRON BASTARD au simple rang de clone serait une erreur fatale, car ils sont beaucoup plus que ça. Certes, les emprunts sont nombreux et fameux, mais le trio (David Bour – basse et chant, David Semier – guitare et Anthony Meyer – batterie) sait faire parler la poudre autrement qu’en la bourrant dans les canons d’Overkill ou de Ace Of Spades, et développe depuis le début son propre groove, contagieux, euphorique et dangereux, qui lui permet de s’affirmer, peut-être, comme un des derniers « vrai » groupe de Rock en activité. Alors que le HEAD a été enterré avec son créateur, que les RAMONES ne sont plus depuis longtemps, et qu’Iggy POP s’acoquine avec Josh Homme, ils pourraient quelque part représenter la quintessence d’un art des années 50, restitué à leur façon bien sûr, mais en tout cas, ce Fast & Dangerous représente un des derniers bastion Heavy Rock gorgé de sueur et de décibels, qui n’est d’ailleurs pas prêt de se rendre ou de tomber aux mains des experts en marketing.
Pourtant, les mecs reprennent les choses là où Boogie Woogie Violence les avait laissées. Pas d’innovation majeure, mais après cinquante ans de Rock et de Heavy Rock, l’innovation est-elle encore possible ?
Selon leur point de vue affirmé, la réponse est non, alors autant l’apprécier pour ce qu’il a toujours été, et foncer bille en tête dans les rangs serrés de culs qui ne le sont pas moins, et reprendre à sa sauce quelques recettes de Lemmy himself, le meilleur cuistot Rock de ces quatre dernières décennies.
Bénéficiant d’un son qui décoiffe, et de la présence de neuf compos qui étanchent la soif d’un Rock joué Hard sans faire le malin, ce deuxième album entérine les préceptes du précédent, en les poussant même à leur paroxysme.
Ici, tout est plus Rock, plus Hard, plus Metal, plus explosif, plus énergique, mais aussi plus épidermique. Les semaines passées sur la route ont été mises à profit, et cet enregistrement sent le live à plein nez qu’on se mange en plein dans les dents, et donne envie de siffler de l’essence au voisin pour partir un matin, oublier son boulot de merde pour tracer la route au plus loin.
Ne cherchez pas trop loin, tout est dans les intitulés et les accords cramés, et vous pouvez faire confiance au trio pour vous balancer des hymnes par pelletés entières sans craindre la mise en bière.
Alors certes, on sent des relents de poudre de roquettes déjà plantées dans le décor désolé d’une scène Rock à l’agonie du surfait, mais les BASTARDS n’ont jamais prétendu l’avoir inventée, et savent la faire parler mieux que n’importe quel lance fusée de Vladimir ou Kim.
Alors, on branche, on joue, et on s’en fout. Du Speed Rock en veux-tu en voilà, une basse qui ronfle et gronde, et la voix toujours aussi érailleuse de David Bour, qui forme avec Anthony la meilleure paire rythmique sur le marché.
David Semier trousse toujours des riffs d’acier, alors que ses soli percutent l’asphalte sans se blesser, et les mecs se permettent même de trousser des odes à la vitesse et à la sueur comme ce croisement imparable entre le HEAD et SODOM qu’est « The Code Is Red ».
Leur art consommé pour boogiser n’a rien perdu de sa sensualité virile et burnisée, et « Rock O’Clock » de représenter la jonction parfaite entre un ZZ TOP démangé et un MOTORHEAD affuté, alors même que certains aveux tribaux vous donne des frissons dans le dos, à l’instar de ce démoniaque et maniaque « Out of Control » qui aplatit sans ménagement la pédale d’accélérateur, histoire de vous empêcher de sortir de l’ascenseur.
Mais ils le savent, nous le savons, le Rock ne serait rien sans le Blues qui toque, alors les trois compères qui vocifèrent savent parfois calmer leurs ardeurs, sans baisser d’un cran leur intensité pour valser avec la culture de base, en proposant un chaud comme la braise « The Wise Man », qui prouve en effet qu’ils savent être sages et tempérer leurs élans débridés. Guitare en fusion, basse et batterie à l’unisson, distorsion au gros son, et ça balance, ça avance en chaloupe, et ça nous la coupe, sans autre forme de procès.
Et si d’aventure vous guettiez la baisse de régime, vous en serez pour vos frais, puisque « Sarcasm » se permet presque au terme de faire s’agiter vos petons et décoller vos cheveux longs, au son d’une frappe à la Mikkey Dee, alors que « Vintage Riders » pousse une dernière fois sur les tours pour ne plus jamais regarder en arrière.
Alors Lemmy, oui, MOTORHEAD oui, mais tellement plus aussi…Aussi proche de son modèle que fidèle à sa propre éthique, le trio de Strasbourg continue son parcours sans se poser de questions, et en devenant de plus en plus proche de la perfection…dans un style qui ne supporte ni la médiocrité ni les musiciens trop timorés.
Ce Fast & Dangerous est en effet rapide et dangereux, et nous propose l’image sonore d’un groupe teigneux, aussi efficace on stage qu’en studio. J’ose à peine imaginer le massacre que produiront ces morceaux une fois lâchés sur les planches prêtes à brûler, mais surtout, écoutez cet album en prenant soin d’éloigner toute bouteille de gaz ou de gazoline.
Une simple étincelle, et tout pourrait exploser. Comme vos doutes, une fois la galette avalée.
Le Rock. What else ?
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09