En pleine crise existentielle, et dans un désir permanent de relever n’importe quel défi de chroniqueur, je me suis mis en tête de parler du second LP du supergroupe allemand PÄNZER, sans penser un seul moment aux effets secondaires sur mon organisme déjà malmené. Il est certain qu’avec un pedigree pareil, ce groupe semblait représenter pour moi une sorte de Némésis absolue, moi d’ordinaire si allergique à toute forme de Heavy/Power teuton. Mais je me décidais à aborder l’œuvre l’esprit vierge et débarrassé de tout préjugé, histoire de voir si j’avais la capacité de faire abstraction de mes propres inclinaisons pour parler d’un album à priori aux antipodes de mes goûts…
Comme chacun le sait, ou pas, PÄNZER est la « nouvelle » machine de guerre d’outre-Rhin, déjà responsable d’un massacre organisé il y a trois ans, via le longue-durée Send Them All to Hell. Composé de superstars du Metal national, le line-up d’époque présentait le grand et féroce Schmier de DESTRUCTION à la basse et au chant, Stefan Schwarzmann à la batterie et Herman Frank aux guitares, soit deux ACCEPT, pour une caution Heavy Metal plus que patente. Les avis divergèrent alors, certains étant persuadés d’avoir affaire-là à la quintessence de la sidérurgie locale, d’autres à un parangon du grotesque Power Metal, accumulant tous les clichés possibles en les assumant totalement. Si à l’époque je n’avais émis aucun jugement, c’était autant par désintérêt que par une volonté farouche de rester éloigné le plus possible de cette affaire, qui sentait bon le coup fourré. On le sait, l’association de stars n’a que rarement abouti à la construction de chefs-d’œuvre, et si j’ai souvent admiré le boulot de Schmier dans DESTRUCTION, et celui d’Herman dans ACCEPT, la combinaison des deux ne me paraissait pas plus alléchante qu’une assiette de chips molles sur la table d’une cafétéria.
Depuis, le groupe a fait son chemin, sur scène et ailleurs, et nous en revient donc dans une configuration totalement différente, ou presque. Exit Herman, parti naviguer en solo, et bonjour à deux nouvelles recrues aux guitares, Pontus Norgren (HAMMERFALL) et V.O.Pulver (POLTERGEIST, GURD), venues apporter leur caution True Metal’n’ Thrash à la nouvelle livraison. Celle-ci ne nous prend d’ailleurs pas pour des cèpes en termes de contenu, puisque ce Fatal Command offre quasiment une heure complète de musique pour le même prix. Mais qu’en est-il de la qualité, et ce second effort allait-il réconcilier fans de la première heure et détracteurs, dans un même élan Metal de joie et bonheur ?
D’un point de vue extérieur, l’apport d’un membre d’HAMMERFALL me faisait dresser les poils sur les bras. Je me voyais déjà maugréant contre les céphalées provoquées par tous ces poncifs accumulés, et pourtant, la réalité est toute autre, même s’il convient d’en nuancer de suite l’éventuelle euphorie. Oui, Fatal Command est un excellent album de Heavy/Power à l’allemande, bourré à craquer de refrains de stade à reprendre un peu éméchés, et d’hymnes qu’on tonitrue le poing levé, dans une salle comble ou dans sa chambre à coucher. De finesse il n’est pas forcément question, mais admettons quand même que la perte d’Herman à la composition ne se sent pas trop, même si sa patte fait clairement défaut dans les moments les plus chauds.
Pas de surprises, ce LP fait la part belle au Power mordant, et semble un poil plus agressif que son aîné. Néanmoins, il reste encombré de morceaux un peu trop faciles, et d’autres salement passe-partout, au détriment des petites bombes que nous étions en droit d’attendre de la part d’un DESTRUCTION combiné à un POLTERGEIST. Certes, les morceaux les plus velus cognent bien, le son est évidemment énorme, mais on passe plus son temps à attendre l’explosion qu’à s’en cacher de peur des radiations. Tout ça tourne rond, mais c’est le métier qui parle plus que le talent d’expression, et il est inutile d’espérer l’étincelle qui fera tout péter, même si quelques riffs bien concentrés nous procurent un plaisir qu’il est inutile de nier. J’en prends pour exemple le bien méchant « Afflicted », qui nous rappelle le meilleur METAL CHURCH mixé à l’ACCEPT le moins prévisible, et qui offre enfin quelques digressions plus subtiles, quoique le terme paraisse un peu excessif…
Les mauvaises langues diront que toute l’entreprise peut se résumer à la tonitruante ouverture « Satan’s Hollow », qui de sa rythmique modérément speed nous présente le tableau, mais je repousserai cette assertion avec fermeté, puisque Fatal Command va quand même un peu plus loin que ce Heavy/Speed plus gonflé que musclé.
Sans non plus friser les cimes du Power Metal le plus débridé, nous volons quand même un peu au-dessus de la mêlée quoique nous fussions en droit d’attendre largement plus de musiciens aussi capés. J’en veux pour preuve le plus que classique « Fatal Command », qui tourne d’un riff que MOTORHEAD aurait pu placer sur une b-side peu inspirée, et sur lequel le chant du géant Schmier à un peu de mal à se détacher. Les mélodies sont un peu mièvres la plupart du temps, heureusement consolidées par une rythmique bien plombée, et les cheveux ne demandent qu’à voltiger, mais quelque chose les empêche justement de tournoyer…
Et c’est étrangement sur les titres les plus modérés que l’adhésion finit par être emportée. Et même si « We Can Not Be Silenced » abuse de lignes mélodiques éprouvées, sa conviction fait plaisir à encaisser. Même si « I’ll Bring You The Night » fait méchamment penser à du ACCEPT période Russian Roulette, on se prend au jeu du mimétisme comme si nous étions de retour dans les années 80, par pur favoritisme. Même si « Skullbreaker » appuie sur l’assombrissement d’un Balls To The Wall/Restless and Wild, il le fait avec un flair certain, et en développant une belle ambiance de train de nuit malsain, lorsque la sueur perle sur le front d’une victime potentielle qui craint pour sa vie.
De son côté, « Bleeding Allies » nous autorise enfin à nous lâcher, en troussant quelques arrangements purement Thrash qui nous font enfin sautiller. Mais « Mistaken », de ses astuces Hard’n’Heavy une fois encore trop répétées, « Promised Land », un peu trop surcoté HAMMERFALL/RUNNING WILD pour vraiment rapporter, alourdissent le bilan en se sevrant d’un Metal vraiment trop ruminant, qui nous laisse les naseaux pris par un rhume de clichés pas forcément bien soigné. Reste la puissance indéniable de « Scorn And Hate », malheureusement atténuée d’harmonies à la HELLOWEEN pas vraiment réveillé, et le tempo bien pilonné de « The Decline » auquel nous raccrocher, pour un LP qui finalement à le défaut de sa qualité…trop long pour le peu d’idées exprimées, ce qui ne pardonne guère au fur et à mesure de l’avancée, qui révèle au grand jour un statisme et une absence de prise de risques que rien ne peut excuser…
Schmier avait annoncé cet album comme un monstre d’agressivité, on s’attendait donc à un redressement Thrash plutôt évident. La guerre au Metal tranquille semblait déclarée, et on attendait le champ de bataille chargé de carcasses de char d’assaut et de soldats tombés en héros. Nous assistons plutôt au repos du guerrier, qui vient s’allonger près de la belle infirmière après avoir mollement bataillé.
Dommage pour un projet qui sur le papier sentait le souffre et les plaies mal pansées. Et qui finalement la plupart du temps souffre d’avoir été mal pensé.
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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