Dans un désir d’exotisme poussé, je vous entretiendrai aujourd’hui d’un très intéressant combo venant de Kuala Terengganu en Malaisie, ce pays situé à deux cents kilomètres de l’équateur, et dont nous n’entendons pas assez souvent parler en termes de Metal affolé. Ce statut pourrait d’ailleurs très vite changer, grâce à l’impulsion donnée par les féroces VERMINATOR, qui sous un nom de baptême plutôt classique, proposent une musique qui ne l’est pas moins. Mais qui dit classique ne dit pas dénuée d’intérêt et d’intensité, qui sont deux valeurs que défend ce trio d’enfer, bien décidé à prouver au monde que les malaisiens ont aussi leur note à jouer en termes de Thrash bourrin.
Bourrin, mais pas tant que ça. Si Yoe (guitare/chant), Ajim (basse) et Zam (batterie) ne prennent pas de risques au niveau influences typiques en citant les incontournables sidérurgistes germains (KREATOR, SODOM et DESTRUCTION), ils composent plutôt malin, et font preuve d’un joli sens de la nuance Heavy qui confère à leurs compos ce petit plus de stabilité dans la folie.
Jouissance, puissance, urgence, telles sont les trois mamelles d’un album qui n’a rien d’un catalogue de ritournelles, et qui joue la bousculade dans les ruelles, pour nous entraîner dans un ballet outrancier de rythmiques saccadées et de vocaux juvénilement agacés. Sans surprises, l’influence qui se dégage le plus ouvertement est celle de Tom Angelripper et ses acolytes déments, puisque lors des passages les plus fumants, l’ombre du kit de Witchhunter plane rapidement, tout comme la guitare d’un Blackfire très convaincant. SODOM donc, pour cette brutalité assumée, mais aussi quelques petites touches d’un VIO-LENCE condensé, et d’un HOLY MOSES radicalisé, pour une quintessence Thrash qui ne fait pas de quartier. Mais c’est sans doute pour ça qu’on a payé…
Fatal Devastation, ça nous ramène aux souvenirs émus des Bestial Invasion et autre Bestial Devastation, pour autant, le son se veut moderne sans tomber dans le Groove Metal faisandé. L’orientation est passéiste mais réaliste, et les morceaux défilent à belle allure pour un massacre qui en a, et la lassitude ne gagne jamais des cœurs noircis par des années de BPM cramoisis. Mais cette même vitesse de croisière reste raisonnable, et permet aux compositions de rester intelligibles, ce qui est idoine au vu des idées développées. Bons musiciens, les trois malaisiens connaissent l’abécédaire Thrash sur le bout des annulaires, et frappent, cognent, mais calment les cigognes en insérant en gigogne un bon paquet d’accalmies Heavy, qui témoignent d’un potentiel hardi. Dès lors, les hymnes défilent et se veulent parfois surprenants d’une basse ronflant (« Verminator », si avec un titre pareil vous n’avez pas compris qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil…), mais aussi de breaks intelligents qu’un DEATH ANGEL ruminerait avec talent. Des références multiples donc, pour un Crossover terriblement pertinent, qui nous saute à la gueule dès l’intro délicate « Watchword », toute en arpèges apaisants. Mais « Death Population » remet très vite les compteurs au nombre réel de victimes, et tonitrue sévère de son riff ventru, qui rappelle les plus grandes heures du Heavy Thrash repu. On pense à MORTAL SIN, à XENTRIX, et autres valeurs sures d’un underground à l’affut, en gros, à tout ce qui a fait de ce style une pierre angulaire absolue. Bénéficiant en outre d’une production étonnamment claire et épurée, Fatal Devastation propose donc un bel équilibre entre les trois intervenants, et tutoie même le radicalisme académique d’un DEATHROW avant la mutation techno. Enregistré aux Erylasia studios, qui se sont aussi chargé du mix et du mastering, ce premier effort ne vous en fera faire aucun d’attention, ce que vous aurez compris dès « Sadistic Souls », qui de ses pirouettes guitaristiques et explosions rythmiques vous aura convaincu du potentiel d’un groupe potentiellement mythique.
Les trois compères versent aussi dans la modulation éponyme en forme de tribut à un EXODUS certainement fier de ses poulains, même si le spectre d’un Schmier pourrait aussi revendiquer la paternité d’un Speed/Thrash déchaîné et chafouin (« Fatal Devastation », c’est limite plagiaire, mais tellement bien fait qu’on…laisse faire). Morceaux longs mais raisonnables, plans un peu malléables qui rebondissent sur un Heavy pas toujours valable (l’intro de « Icon Of Infidel », qui heureusement dégénère vite en incartade Hardcore avant de lutter au Thrash à corps d’une double grosse caisse qui en veut encore), pour une conclusion progressive qui distille la tension et partage le chant à la maison (« Nature Disappeared », évolutif et ludique).
Si l’on se souvient parfois avec nostalgie d’un Thrash germain jamais assouvi, et que des réminiscences d’un ASSASSIN déterminé remontent à la surface sans soucis (« The Evil In Your Heart »), l’ensemble dégage une conviction sans failles, et surtout, présente une interprétation de taille. Les VERMINATOR ne jouent pas pour amuser la galerie, mais plutôt pour la convaincre de leurs connaissances du sujet. Avec un duo basse/batterie incroyablement soudé, et un chanteur/guitariste confirmé, ce LP qui sent la poudre et le staccato brulé est une jolie déclaration d’intention, qui replace la Malaisie sur l’échiquier, et qui permettra sans doute à ses nouveaux héros de s’affirmer.
D’une qualité indéniable, en tenant compte des standards récents de production (pléthorique), Fatal Devastation ne propose ni la révolution, ni la pure tradition, et trouve un bon compromis entre les deux conceptions, en nous narrant ses vues sur un Metal tranchant en fusion. Certes, SODOM et DESTRUCTION semblent deux obsessions dont il faudra s’éloigner pour ne pas tomber dans la répétition, mais en attendant un avenir qu’on leur prédit radieux, les VERMINATOR éliminent la vermine qui gangrène l’usine à riffer en dégainant rapidement, mais d’un geste assuré.
Des dératiseurs de l’extrême que je vous conseille si votre maison est infestée de sons aseptisés. Les leurs ont déjà été testés il y a de nombreuses années, mais montrent toujours le même potentiel d’agressivité.
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
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Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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