Membre de la mouvance Néo-Heavy Metal allemande sévissant depuis quelques années, THE NIGHT ETERNAL est bien plus qu’un simple soldat rétro-Metal jeté sur le champ de bataille. Son approche d’un Metal franc et mélodique doit tout autant à IRON MAIDEN qu’à la vague Post-Rock des années 80, et produit donc des échos assez étranges, évidemment occultes, mais intrigants, un peu comme si THE CURE était né beaucoup plus énervé et Rock que froid et lettré.
La comparaison est osée, et pourtant, je ne peux m’empêcher de penser qu’elle est parfaitement adaptée au cas de ce quintet incroyablement attachant et original. Moonlit Cross avait déjà intrigué pas mal de monde il y a deux ans, et nous attendions confirmation de ce potentiel. La voici, sans ambages, sans artifices, avec un axe traditionnel chant/guitare/basse/batterie qui assure l’assise de morceaux efficaces, agrémentés de quelques fantaisies mélodiques typiques des tierces de THIN LIZZY, mais aussi des déviations amères du grand SATAN.
Jones Nühlen (basse), Aleister Präkelt (batterie), Rob Richter & Henry (guitares), et Ricardo (chant) continuent donc de refuser le conformisme de la vague nostalgique, qui se contente la plupart du temps d’une repompe pure et simple des plans proposés entre 1980 et 1984. On pourrait presque parler ici de Cold Metal, tant l’ambiance est sombre, glaciale, et pourtant, et paradoxalement, réchauffée par un chant puissant, profond, loin des accès de fièvre suraigus auxquels nous avons droit la plupart du temps.
Le résultat est donc unique, quelque part entre GHOST, HAUNT, le CULT des années corbeau, MAIDEN, et la vague HM allemande des années 80. Un mélange qui peut paraître hasardeux mais qui s’avère incroyablement performant, et ce, même sur les titres les plus enlevés comme « Stars Guide My Way ». Loin de la masse, les allemands capitalisent donc sur une optique personnelle, qui leur permet de se tenir debout, contre vents et marées, et surtout, à part de la plèbe plagiaire qui aimerait bien qu’on croit en elle, mais qui ne nous en donne pas les arguments.
Produit avec une attention particulière apportée à la rondeur du son, Fatale l’est assurément, mais tel un poison, circule lentement dans les veines avant de s’attaquer au cœur, qui évidemment lâche sans grande résistance. Souplesse de l’axe basse/batterie, son légèrement synthétique pour se montrer allusif au glorieux passé germain, mais surtout, de véritables chansons, avec des refrains contagieux, et des riffs distillés avec pertinence. Un tableau d’honneur complet donc, pour ces scouts Metal qui ont déjà gagné la plupart des badges.
Celui de l’aventure épique évidemment, que le quintet décroche avec brio sur des morceaux comme « Run With The Wolves » ou « We Praise Death », mais aussi celui de l’hommage vintage actualisé et puissamment musclé (« Prometheus Unbound », on se rapproche même d’une version moins dark de MERCYFUL FATE, ce qui en dira long aux initiés). Un tour d’horizon des jeunes années du Heavy décomplexé, qui il y a quarante ans, se présentait à nous via ses plus vaillants chevaliers. Si le passéisme est inévitablement une composante importante de l’entreprise, elle n’en est pas la justification absolue. Car après tout, la musique de THE NIGHT ETERNAL pourrait tout aussi bien graviter dans la galaxie d’un Rock plus généraliste, débarrassé de sa distorsion et de ses coups de double grosse caisse.
Vous l’aurez compris, THE NIGHT ETERNAL joue avec les codes pour mieux les briser, mais surtout - et le plus important - cherche la qualité avant l’affiliation. Difficile donc de ranger le groupe aux côtés d’habiles faiseurs, puisqu’il est préférable de lui accorder son propre espace, loin des considérations d’occasion terre à terre.
Quarante-deux minutes de vrai Metal, agressif, violent, mais mélodique et avenant. Tout à tour, le chant de Ricardo singe les tics opératiques de King Diamond, ou le vibrato tout en souplesse de Brian Ross, pour mieux donner vie à ces ambiances assombries par un attrait certain pour l’occulte et ses idoles. Et entre une transition acoustique de toute beauté (« The Reqiuem », une minute et trente-cinq secondes de cristal de cordes), et un final punchy à souhait (et plus anglais qu’allemand, il faut le reconnaître), ce second long se place directement dans le top 3 des grosses surprises de 2023, sur un podium déjà chargé mais à une place largement méritée.
Pour tout dire, j’ai écouté cet album une bonne dizaine de fois, malgré mon choix quasiment immédiat de vous en parler. J’ai assez vite cerné la démarche du groupe, et ces écoutes répétées ne répondaient qu’à un besoin de plaisir viscéral, pour retrouver le souffle initial d’un Heavy Metal intelligent, et joué par des musiciens appliqués et passionnés.
D’ailleurs, plus qu’un simple album, Fatale est un exercice de séduction naturel qui se passe très bien d’artifices et formules toutes faites. La quête d’un amour fusionnel avec le passé, que l’on respecte tellement qu’on accepte de le voir vieillir sans avoir besoin de le maquiller.
Cette nuit éternelle est donc celle de la passion, qui nous unit sans frontières de ton et de son. Un tel pouvoir de fédération se devait d’être signalé, ce qui est chose faite.
Titres de l’album:
01. In Tartarus
02. Prince Of Darkness
03. We Praise Death
04. Ionean Sea
05. Stars Guide My Way
06. Run With The Wolves
07. Prometheus Unbound
08. The Reqiuem
09. Between The Worlds
Salut Mortne ! Merci pour la chronique ! Je ponce l'album depuis une bonne semaine et suis en total accord avec tes mots ! Je retrouve chez The Night Eternal cette odeur de soufre que j'adorais chez les regrettés In Solitude. Je trouve que le chant de Ricardo paie pour sa part son tribut à Glenn Danzig, et j'adore ! Je ne suis pas un grand amateur de Heavy Metal, que je trouve souvent ringard, mais joué de cette façon, alors là je suis conquis. Je trouve que "Fatale" est un album d'une classe folle, sans aucun faux-pas. Comme toi, l'interlude acoustique me fait vibrer et le trouve finalement bien trop court. Moi qui aime profondément le Metal et le Rock gothique, je suis servi avec ce disque aussi sombre que plein d'allant. Une superbe découverte, et d'ores et déjà pour moi un incontournable de cette année !
Intrigué par cette référence à Maître Danzig, j'ai donc jeté une oreille sur ces extraits.
Bah c'est vraiment pas mal du tout.
Pour ma part, cela m'a foutrement fait pensé à la version plus Heavy de CARONTE (mais en forcément moins bien hein !).
Je vais de ce pas m'intéresser à la disco...
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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