La Finlande et ses quatre milles groupes de Metal et assimilés pour un si petit pays. On en connaît évidemment une grosse poignée, AMORPHIS, CHILDREN OF BODOM, NIGHTWISH, APOCALYPTICA, IMPALED NAZARENE, ENSIFERUM, HIM, LORDI, BEAST IN BLACK, SONATA ARCTICA, pour les plus connus évidemment, mais il est toujours incroyable de constater la productivité musicale d’une terre d’à peine 338 145 km2 qui fut un temps n’était qu’une petite anecdote dans la grande saga du Rock et du Metal. Aujourd’hui, plus personne ne regarde la Finlande avec condescendance, loin de là, et chaque groupe émergeant est traité avec curiosité et intérêt, puisque tout le monde sait très bien de quoi les musiciens locaux sont capables. Aujourd’hui, nouvelle/ancienne entrée à ajouter à cette longue liste de réussites avec les locaux de CRIMSON SUN, qui s’ils ne sont pas forcément les porte-étendards d’une nation ont les arguments pour la défendre sur la scène internationale avec leur Metal bien dans son époque qui pourtant ne date pas d’hier. Formé en 2001 sous un nom inconnu, puis transformé en LUCRETIA de 2003 à 2004 avant de se baptiser CRYPTIC, puis CRIMSON en 2005, pour finir par y accoler SUN et devenir CRIMSON SUN, ce quintet a donc connu un parcours assez chaotique avant de connaître son ultime métamorphose il y a quinze ans. Durant ces quinze années, le groupe a donc tapé un peu de tous les côtés, utilisant les démos pour se faire connaître avant de lâcher un premier EP en 2013 avec The Border, mais surtout, un premier longue-durée deux ans plus tard et Towards the Light. Un autre format court vit le jour en 2017, The Spirit of Unchainable, mais trois ans plus tard, c’est un nouveau LP qui tape le marché, ce Fates qui risque bien de faire éclater le groupe au grand jour. CRIMSON SUN, dans les faits, c’est un peu la synthèse de tout ce qui se fait en Finlande depuis une ou deux décennies. On y trouve les accointances Pop de HIM, l’univers légèrement gothique du NIGHTWISH le moins symphonique, une chanteuse au timbre intéressant, mais aussi pas mal de modernité dans la tradition, pour un Heavy Metal joué nouveau siècle mais parfaitement conscient des traditions du précédent.
C’est donc efficace à défaut d’être original, bien écrit à défaut d’être culotté, et surtout, puissant, légèrement modulé, moderne sans être opportuniste, et assez traditionnel dans la forme. Un mélange de riffs up in time sur up tempo bondissant, quelques arrangements électroniques pour assumer le côté contemporain, et une façon de traiter le Metal façon Pop, l’une des méthodes les plus symptomatiques des groupes nationaux. Rien qui ne change quoi que ce soit, mais des chansons courtes et soignées, sorte d’hymnes décomplexés en hommage à l’hédonisme musical Modern Metal, sans prétention, mais avec quelques ambitions. Le quintet (Sini Seppälä - chant, Joni Junnila - guitares, Jukka Jauhiainen - basse, Antti Rantavuo - batterie et Miikka Hujanen - claviers) s’épanouit donc dans une forme très consensuelle de Hard Rock estampillé 2K, et si la production est parfaitement adaptée à son époque, on comprend assez vite que nombre de titres ont été bâtis sur le même moule de hits potentiels, avec la même approche et le même développé/couché. La recette est simple et rapidement assimilable, des couplets sobres mais électriques, des riffs génériques, des nappes de claviers à intervalles réguliers qui assurent le lien, et un chant médium souligné de chœurs qui catapultent des refrains hautement mémorisables. C’est ce qui est expliqué sans détours sur « The Beast Within », qui pose les jalons et les bases, et il est certain que le groupe dévie rarement de cette technique pour s’aventurer en terre moins foulée. A vrai dire, il est même difficile de faire la différence entre les morceaux, tant ils se ressemblent, et heureusement, « We Are One » offre un peu d’air frais avec son mid tempo syncopé, alors que « The Prison » tente d’emballer les débats en durcissant les secteurs de jeu sans vraiment chambouler la donne créative. Ce qui pèche est évidemment cette linéarité de surface, mais aussi le niveau médium des musiciens, qui ne parviennent pas à transcender leur inspiration pour la rendre plus effective. On sent que les riffs sont plus ou moins anonymes, que les parties de batterie sont plus ou moins jouées en mode pilote automatique, et le chant de Sini Seppälä, séduisant et légèrement acidulé convainc sur les premiers instants, mais manque cruellement de modulation sur la durée. C’est certes contemporain, joyeux, entraînant, mais un peu trop conformiste pour vraiment se détacher et se rapprocher des valeurs les plus sûres du pays.
En refusant le sens de l’emphase dramatique de NIGHTWISH, les excès cinétiques en gimmicks d’AMARANTHE, Fates - au-delà de sa très jolie pochette bleutée à la brume pénétrante - joue la consensualité un peu gênante, et incarne une sorte de middle of the road du Metal moderne, plus Pop dans les faits que réellement agressif. D’ailleurs, on pense parfois à une version légèrement durcie de ROXETTE ou à un pendant féminin de HIM (« Fate of Nora »), mais ce qui représente clairement le talon d’Achille de cette réalisation est cette utilisation systématique d’un mid tempo qui se répercute d’un titre à l’autre et qui ne varie que très peu sa frappe. La voix très générique de Sini fait aussi penser à une version occidentalisée d’un J-Rock un peu trop calibré pour le marché, et si le tout s’écoute sans déplaisir, on en vient rapidement à isoler ses deux ou trois morceaux préférés pour réduire l’album à des proportions plus raisonnables. Heureusement, les inserts plus longs permettent de s’aérer un peu, même si le modèle ne dévie pas vraiment, et « Distant Stars » de nous permettre de respirer un peu entre deux réflexes conditionnés. Je me montre un peu dur dans mon jugement, mais on l’est d’autant plus avec les groupes dont on sent le potentiel encore très mal exploité. Certes, les astuces sont parfois finaudes (l’intro très syncopée de « Essence of Creation »), mais l’homogénéité de l’ensemble empêche encore les finlandais de franchir un cap. Ils ont toutefois l’intelligence de terminer leur second LP par une chanson plus douce et sombre, sorte de Power ballad progressive qui finit par se vouloir plus puissante qu’un ouragan, avec ses chœurs opératiques et son atmosphère délicieusement ténébreuse et romantique. « The Last Day on Earth » nous permet donc de rester sur un sentiment moins tranché, mais en restant honnête, si Fates laisse augurer d’un destin commercial enviable, il préfigure une réussite artistique beaucoup moins flagrante.
Titres de l’album :
01. The Beast Within
02. Virtual Reality
03. We Are One
04. The Prison
05. Overcome
06. Fate of Nora
07. Trailblazer
08. Distant Stars
09. Essence of Creation
10. The Last Day on Earth
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