Être ou ne pas être Thrash, telle est , ou pas, la question. Les australiens de HIDDEN INTENT ne se la sont jamais posée, convaincus que le style reste la seule échappatoire possible à la morosité ambiante. Et depuis leur création en 2011, le trio (Chris McEwen – basse/chant, Phil Bennett – guitare/chœurs et le petit nouveau Paul Lewis – batterie) s'est évertué à propager la bonne parole de ce Metal hautement agressif et corrosif via des concerts tous plus incendiaires les uns que les autres. S'étant vu gratifiés de la première partie des légendes danoises d'ARTILLERY, mais aussi de la caution d'ouverture d'HELLOWEEN, les entraînant sur la piste de festivals aussi prestigieux que le New Dead Metalfest, le Bangkok Thrash festival de Thaïlande, ou le Metal-Down Under de Perth, les originaires d'Adélaïde n'ont pas vraiment eu le temps de se poser pour réfléchir à la pertinence de leur démarche, et finalement, cette précipitation est sans doute la meilleure façon d'appréhender un succès qu'ils méritent amplement. Sans chercher à bousculer l'ordre établi, nos trois amis furieux se proposent donc depuis leurs débuts d'incarner une sorte de jonction entre les scènes américaine, scandinave et allemande, histoire de prouver qu'ils ont plus d'un riff dans leur besace et une imagination suffisamment large pour aborder tous les aspects d'un genre qui ne supporte que très mal le manque d'implication. Et en écoutant ce second-né, il est difficile de remettre en question leur éthique, tant ce Thrash mordant et saillant incarne probablement ce qui se fait de mieux actuellement en termes de nostalgie puissante. Six ans d'existence, et un parcours sans faute, sanctionné par deux démos initiales (Démo 2012, et Walking Through Hell), puis par un LP distribué par les esthètes de Punishment 18 Records (Walking Through Hell, aussi, et en 2013), et qui se voit aujourd'hui couronné par la confirmation d'un second LP, tout aussi solide que le premier, et toujours aussi survolté.
En substance,Fear, Prey, Demise affiche les qualités de ses intentions, et ne rentre pas en conflit avec le leitmotiv du trio, en offrant un beau point de convergence entre toutes les tendances. Adoptant parfois le radicalisme des plus brutaux germains, mais se laissant amadouer par la grâce Heavy des meilleurs représentants américains, les HIDDEN INTENT peuvent ainsi louvoyer entre brutalité héritée des VIKING, DEATHROW et autres E-X-E (“ Drop Bears Are Real”, moins de deux minutes de radicalisme pour un fatalisme foudroyant) et syncopes diaboliques, que les DEATH ANGEL et autres MORTAL SIN avaient placées en exergue en leur temps (“Addicted To Thrash”, hymne fatale pour défonce totale). Et c'est dans cette variété de brutalité qu'on reconnaît des influences parfaitement assumées, que les australiens affichent sans honte sur leurs pages officielles publiées (Megadeth, Mortal Sin, Iron Maiden, Metallica, Sepultura, Anthrax, Slayer, Death, Kreator, Testament, Coroner, Sodom, Intended Victim) et qui sans définir de façon exhaustive les contours d'un Metal sans concessions, parviennent quand même à dresser une bonne liste d'options. Mais en choisissant l'amplitude d'un album frisant les cinquante minutes, les cousins australiens ont assumé le risque d'une redite qui parfois ose timidement s'imposer, pour incruster des plans légèrement réchauffés. Mais cette critique mineure ne doit pas occulter le fait que ce second longue-durée la tient largement, même lorsque la cadence ralentit pour montrer les dents (“Seeds Of Hate”, archétype de Heavy Thrash dupliquant la finesse d'un METAL CHURCH pour lui faire accepter la rudesse d'un MORTAL SIN).
Excellents musiciens, les HIDDEN INTENT peuvent s'appuyer sur leur niveau etchnique pour enrichir des compositions classiques, mais terriblement efficaces. Aussi à l'aise dans l'exercice Heavy que dans la musculation Thrash, le trio fait montre d'indéniables qualités de crossover, pour oser tremper le bout de leur manche dans les eaux progressives d'un Heavy vraiment envoutant. A l'occasion du transcendant “Apocalypse Now”, qui sent bon le napalm au petit matin, les trois musiciens nous offrent une véritable démonstration de force et de persuasion, titillant la corde sensible des fans de DEATH ANGEL sans jamais tomber dans l'overdose de démonstration, et se hissent de fait au niveau des meilleures créations, suggérant quelques affinités avec METALLICA et TESTAMENT, tout en leur opposant la fulgurance d'un VIO-LENCE et l'évolution rythmique et mélodique des CORONER. Et entre des accélérations trépidantes, un travail personnel conséquent (tout le monde est affuté et imperfectible à son poste), des plans biseautés au millimètre, mais gardant une fraîcheur dans la bousculade, le tour de force n'en est que plus remarquable, et applique le principe de la relativité restreinte, faisant passer ces huit minutes comme un rêve fugace nous ramenant aux plus beaux jours de la Bay Area. Version courte, médium ou XXL, Fear, Prey, Demise expurge la nostalgie de ses scories, et ne se concentre que sur les plans les plus convaincants, offrant le spectacle d'une osmose incroyable entre trois instrumentistes aussi fous que rigoureux (“ Eternal Rest”, aux nombreuses prouesses rythmiques et aux choeurs atypiques), ne rechigant pas à moduler les nuances d'une musique euphorique, mais qui accepte de se teinter d'une part d'ombre un peu cryptique (le très saccadé “Petrified” qui offre des riffs calibrés à la Dave Mustaine et une énorme basse à la OVERKILL, pour une leçon de solfège précis comme des arpèges découpés au scalpel). On headbangue autant qu'on admire, et l'album défile, sans le moindre temps mort, et se permettant surtout de ne pas jouer la linéarité pour s'imposer par facilité. Et si comme je le disais, certains thèmes en profitent pour s'incruster après avoir été déjà invités, il faut plus y voir un défaut de forme que de fond, qui ne handicape absolument pas le ton.
De bout en bout, et en privilégiant la concision, Fear, Prey, Demise nous offre un incroyable résumé de la domination 80's des plus grandes références du genre, tout en s'ouvrant des perspectives assez intéressantes sous la forme de progressions plus élaborées que la moyenne crasse de la vague vintage. On obtient dans ces cas-là de foudroyantes élaborations, qui éclaboussent de classe ce Heavy Thrash presque lyrique, mais qui n'oublie pas d'être percutant, et “Step Into The Light” de se montrer aussi convaincant qu'un duo entre JUDAS PRIEST et CHANNEL ZERO...Et comme si le bilan n'était pas déjà assez positif, on termine le passage en revue par une dernière crise de folie, sous la forme imposante de “Imminent Psychosis”, qui durcit encore le cadre pour nous laisser hystérique, mais diablement content d'être tombé sur une formation aussi héroïque. Juxtaposant de nouveau de précieuses mélodies à des pirouettes rythmiques appréciables, le trio s'offre un épilogue à la hauteur des précédents chapitres, et frôle donc le sans-faute absolu, ce qui n'est pas un mince exploit au vu de la production Thrash soutenue. Pas étonnant dès lors que les meilleurs ont voulu s'assurer de leur présence sur l'affiche, malgré les difficultés consistant à prendre leur suite. En dehors de toute comparaison, cet album est un énorme bloc de béton, qui une fois replacé dans le contexte tient la dragée haute à bien des esthètes, et même quelques figures de proue ayant régulièrement connu des coups de mou. Ici, tout est dur mais fluide, puissant mais intrépide, et malgré la moue affichée à la découverte de sa durée, ce Fear, Prey, Demise ne lasse jamais, et ose même quelques plans auxquels nous ne sommes plus vraiment habitués. Une sacrée confirmation de la prédominance de la scène australe sur la démence instrumentale, et la confirmation que les HIDDEN INTENT sont un groupe à suivre de très près pour ne rien manquer. Addicted To Thrash? Mais nous aussi les gars, et avec vous, on a largement de quoi être rassasié!
Titres de l'album:
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30