Du Hard Rock uruguayen ? Non, mieux, du Glam uruguayen ? Oui, c’est possible, la preuve, de Montevideo pour être plus précis, et croyez-moi, malgré l’exotisme des origines, celui-ci n’a pas grand-chose à envier à celui de ses homologues américains…Mais après tout, la musique n’a pas de frontières, alors fêtons comme il se doit la sortie de cet album de FEAST !, qui n’est rien de moins ou de plus qu’une sacrée invitation à faire la fête, jour et nuit…Brunno Navarro (chant), Christian Bianco & Matías Silvera (guitares), Guillermo Albano (basse) et Gastón Lorenzo (batterie) s’y entendent en effet comme personne pour instaurer un climat festif, en distillant des riffs simples mais efficaces, et en plongeant la tête la première dans un style qui ne supporte ni la modération ni la timidité. Et en revendiquant des influences aussi évidentes que DOKKEN, STEEL PANTHER, WHITESNAKE, SKID ROW, RATT, KISS, EUROPE. GUNS N ROSES, BON JOVI, POISON et bien d’autres, ils assument un héritage somme toute assez lourd à porter, qui ne les empêche nullement de s’affirmer sur la scène internationale de leur Uruguay natal. Pas grand-chose par contre à vous raconter à leur sujet, puisque seule leur page Facebook donne quelques détails très épars, sans autre forme de procès. Alors, la musique évidemment, mais surtout, une attitude, un look, et une des pochettes les plus sexy et réussie que j’ai pu voir depuis longtemps. Alors, allez-vous résister à l’invitation de cette glameuse de cartoon qui vous convie à la party de l’année ? Allez-vous rester de marbre face à ses courbes avantageuses et à sa moue boudeuse, qui décrivent à merveille le contenu d’un album qu’elle orne de son sex-appeal enflammé ? Bien sûr que non, puisque comme moi, vous êtes fan de Rock bien Sleaze, qui sait trousser des hymnes déchaînés pour festoyer à la nuit tombée…
Si le nom de STEEL PANTHER est évidemment le premier à frapper l’esprit à l’écoute de Feast !, l’album, le pastiche n’en est pas pour autant sous les feux de l’actualité, qui éclairent plus volontiers le Roxy, le Rainbow ou le Viper, temples de la culture Glam US que tous ces musiciens fardés fantasment les paupières fermées. Virtuellement délocalisés en Californie, les FEAST ! tentent de retrouver les sensations éprouvées il y a une trentaine d’années, lorsque les trottoirs étaient arpentés par une foule bigarrée, spandex, leather, denim et hairspray en armes fatales, froufrous compris et foulards multicolores aussi. Ici, c’est l’authenticité qui prime, même à postériori, et ce LP coup d’essai s’avère plutôt coup de maître, tant les tubes à faire fondre le billboard et les demoiselles abondent, dans le bon sens, évidemment. Production bombastic, basse qui rumine, guitares tranchantes qui liment, et chant gouailleur traquant ses victimes, le cahier des charges est respecté à la lettre, avec ce petit plus de liberté qui permet aux morceaux de voler de leurs propres ailes. Bons musiciens, ces uruguayens savent faire parler la poudre et le mascara, et s’aventurent en terre Glam musclée, proche d’un Heavy Metal fardé à la TIGERTAILZ, chœurs en avant et refrains plein d’allant, pour quarante minutes de célébration d’une époque loin d’être passée à la trappe. On le connaît ce refrain justement, puisqu’on l’a tous chantonné à un moment donné, mais autant reconnaître que le quintette le marmonne avec plus de conviction que nous, tant leur LP déborde d’envie, d’énergie, mais aussi de sensibilité loin d’être aigrie. Ils ne sont pas nés à la bonne époque certes, mais ils rattrapent le temps perdu en accumulant les bonnes idées, traquant même la sincérité d’une séduction en mode mineur sur un moment de tendresse comme « Only For Your Love », qui entre 88 et 90 se serait méchamment frayé un chemin au top des charts.
On pense à toute la clique des références de l’époque, les POISON et WARRANT en tête de liste, quoique la vague anglaise et son approche plus volontiers lourde et puissante puisse aussi servir d’influence. Loin de sombrer dans un sentimentalisme de pacotille ou d’exagérer le lancer de cotillons et de ballons qui frétillent, les FEAST ! gardent la crédibilité sous le coude, et avec une ouverture aussi tonitruante et clairement méchante que « She’s On Fire », ils ont largement de quoi faire la nique à nos BLACKRAIN, sans vraiment suivre leurs traces pas à pas. Guitares qui rentrent dans le lard, chant qui frise le suraigu, rythmique en up qui agite les santiags, tout est là, et le reste aussi, et nous sommes vite conquis. Ils l’avouent eux-mêmes, le Rock N’Roll a sauvé leur vie (« Rock 'n´ Roll Save Us »), mais un Rock un peu spécial, qui n’hésite pas à speeder lorsque le temps commence à manquer, histoire d’imposer un chorus fédérateur à base de chœurs virils et de licks tout sauf puérils. On déroule, et tout coule de source, de Jack Daniels évidemment, qu’on avale goulument à grosses gorgées dans le dos de maman (« Steve’s Mother », qui va encore le récupérer sur le palier fin torché), et on mise sur des titres efficaces qui ne cherchent pas Bret Michaels en Pennsylvanie, mais bien en Californie (« Mrs. Riot). De là, entre la rigueur européenne d’un DOKKEN et même quelques clins d’œil à nos FISC messins, qui avaient réussi à vendre leur Heavy à une Amérique pourtant dominatrice (« Feel So Alive », qui pourrait être un inédit de l’époque Handle With Care), les cinq partymen préfèrent privilégier l’option lourde à la drague légère, et ne tombent jamais dans le piège du commercial trop facile qui parfois sent la Pop trafiquée à plein nez.
Le message est très simple, et la manière de le propager honnête et directe, à l’image d’un KISS retombé dans les excès de son adolescence en écoutant SKID ROW en cachette (« Hail ! To Saturday Nite ! », le genre de truc irrésistible qui relance l’ambiance à une heure tardive). Et en fin de compte, ce sont les principaux intéressés qui se définissent mieux que n’importe quelle formule éculée, en se déclarant « Hot’n’Heavy », sur fond de sifflantes, hurlantes, d’une rythmique tonnante, et d’une approche vocale étonnante. Bien vu d’avoir placé ce titre en conclusion, tant il nous laisse sur une formidable impression de son boogie chauffé au rouge, qui lorgne sur tout ce qui bouge, lors d’une fête privée ou dans le plus infâme des bouges…Crade mais pas trop, clean sur les bords mais vicieux au milieu, cet album est une déclaration d’amour à un genre qui adore qu’on lui consacre son âme et son corps et qu’on le titille un peu. De là, d’Uruguay ou d’Amérique, d’Allemagne ou d’Antarctique, peu importe la provenance pourvu que l’ivresse nous plonge en transe…
Un album qui donne clairement envie de rameuter ses potes pour un samedi soir d’anthologie, dans l’arrière-cour, avec quelques demoiselles à qui faire la cour, pour ensuite les emmener dans les clubs pour leur faire découvrir la scène locale des rockeurs fatals. Le genre de truc qui laisse du blush sur les oreilles mais qui est sans pareil pour vous dessiner un sourire sur le visage.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
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