Quatre ans après être revenus nous hanter, les suisses de POLTERGEIST nous chatouillent avec la plume de la vérité, comme s’il en existait une dans la légende du Thrash capable d’expliquer la mystique d’une musique qui nous agite les zygomatiques depuis près de quarante ans. Quatre ans de silence, c’est beaucoup, et certains craignaient même que la bande n’ait encore une fois disparu corps et baskets, mais c’était sans compter sur l’opiniâtreté des musiciens de Liestal, accrochés comme des tiques à leur envie d’en découdre, et ce second retour en fanfare est un des hauts-faits de la production actuelle. Entendons-nous bien, POLTERGEIST n’a jamais fait partie de la première division extrême européenne, émergeant un peu tard pour ça, avec un premier LP sous ce nom publié en 1989 alors que le genre supportait ses dernières explosions. Mais n’oublions pas que quelques années avant de se rebaptiser, le combo officiait déjà sous le nom de CARRION, et avait lâché un excellent Evil is There, que tous les thrasheurs se rappellent avec affection. N’oublions pas non plus qu’André Grieder fut en son temps membre de DESTRUCTION, le temps d’un Cracked Brain que le temps justement à pris pour ériger en tant qu’œuvre culte du combo allemand. Alors, acteur de seconde division certes, mais acteur fameux, qui n’a jamais vraiment déçu, et alors que peu de fans s’attendaient à un comeback en 2016, les suisses nous avaient surpris d’une offrande de bonne qualité, et nous étions assez pressés de savoir ce qui nous attendait par la suite. Voici donc la réponse sous la forme d’un cinquième LP parrainé par la maison de disque référentielle Massacre Records, un cinquième LP qui affiche une très grande forme, et qui semble se poser en synthèse majeure de toutes les écoles de violence des années 80, avec de fréquentes allusions à la scène US, allemande et plus généralement européenne.
Reçu d’un accueil dithyrambique par la presse internationale, Feather of Truth est en effet un modèle de variété dans l’agression, et aère les compositions pour leur offrir une diversité qui manque à bien des cadors Thrash plus établis. On trouve sur cet album une légèreté qui fait souvent défaut à des albums plus cloisonnés par une production trop étouffante, mais surtout, un enthousiasme que les plus grosses pointures laissent souvent au vestiaire. Bien décidés à se faire remarquer pour leur talent actuel et non leur passé plus ou moins illustre, les membres de POLTERGEIST, regroupés autour des deux leaders historiques (V.O. Pulver - guitare, André Grieder - chant, depuis les débuts en 1986, Chasper Wanner - guitare depuis 2013, Ralf W. Garcia - basse depuis 2016 et Reto Crola - batterie depuis 2017) lâchent donc une salve de chansons solides, aux rythmiques diverses mais toujours puissantes, ont travaillé leur ambiances, le moindre des chœurs, et s’en sont remis à un groove solide pour persuader le thrasheur des années 2000 de la pertinence de leur présence dans les bacs. D’ailleurs, toutes les nuances sont passées en revue pour offrir à l’auditeur un voyage dans les arcanes du temps, avec des arrêts incongrus mais valables sur la case Power Metal, avec un clin d’œil à la vague allemande des SCANNER et autres RISK sur le trépidant « Saturday Night's Alright For Rockin' », et son clin d’œil à Elton JOHN qui s’épanouit d’un tempo virevoltant et d’une ambiance joyeuse, mais au rendu effectif. Sur de son fait, le quintet s’est même dispensé d’une quelconque intro en rentrant directement dans le vif du sujet d’un très nerveux et saccadé « Time At Hand », qui rappelle quel groupe fluide et malin POLTERGEIST a toujours été.
Cet album est en fait à l’image d’un esprit frappeur s’en prenant à votre pas si innocente maison en bougeant les meubles, et faisant valser les chaises, et en multipliant les apparitions nocturnes. Mais un esprit bienveillant, ne souhaitant que vous apporter le bonheur d’une violence positive, via des plans heureux et souriants, et un allant général le confinant à l’euphorie la plus totale. Produit de main de maître et évitant le son générique trop compressé des grosses sorties de ces dernières années, Feather of Truth supporte très bien les écoutes répétées, même lorsque la grosse caisse allume les doubles croches. Les soli plus que compétents sont évidemment une plus-value mélodique d’importance, et le chant toujours hargneux mais jamais stéréotypé d’André Grieder ne fatigue pas les oreilles. Multipliant les plans, le groupe assure être en pleine possession de ses moyens, et virevolte, plane, fonce en piqué, nous gratifiant de morceaux assez longs dépassant souvent les cinq minutes, mais ne manquant jamais d’idées. Parfois Heavy et harmonique sans verser dans la niaiserie d’Europe centrale (« Feather Of Truth »), parfois méchamment Thrash et unissant la solidité d’un TANK et la hargne d’un DESTRUCTION ou d’un EXODUS (« The Attention Trap »), POLTERGEIST balance l’air de rien un survol exhaustif de quarante ans de Thrash et se montre plus que crédible dans son esprit de synthèse. A l’aise dans le médium teigneux, terrain de chasse d’EXODUS (« Phantom Army »), tranquille dans les évolutions plus progressives et mélodiques à la KREATOR contemporain (« The Godz Of The Seven Rays »), le quintet suisse enthousiasme de son aisance et nous ramène aux grandes heures de notre adolescence tourmentée, sans trop emprunter aux maîtres, mais en récitant des leçons bien apprises à leur façon.
Résultat, les cinquante minutes passent très vite, entre déroulés de basse hypnotiques sur fond de syncopes diaboliques (« The Culling »), charges frontales avec un batteur qui multiplie les figures de style (« Megalomaniac », le plus radical du lot et assez proche d’un EXUMER vraiment énervé), accalmies en Speed majeur, mais en tout honneur (« Ambush »), pour un résultat qui approche de très près la perfection d’un genre exubérant ne supportant que très peu les approximations timorées. Avec ce cinquième album, les suisses se replacent donc au centre des débats, évoquent un EXODUS en plein retour de forme, mais assument pourtant leur passé en regardant vers un avenir brillant. Une bouffée d’oxygène dans l’ambiance anxiogène de nostalgie actuelle, et plus simplement, quarante-sept minutes de leçon d’un Thrash à l’aise dans ses baskets et en phase avec sa créativité.
Titres de l’album :
01. Time At Hand
02. Saturday Night's Alright For Rockin'
03. Feather Of Truth
04. The Attention Trap
05. Phantom Army
06. The Godz Of The Seven Rays
07. The Culling
08. Megalomaniac
09. Ambush
10. Thin Blue Line
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