Le nom de Michael Bormann est depuis longtemps associé à plusieurs notions, dont le talent et une certaine vision du Hard Rock joué mélodique, mais avec les tripes. Et pour cause, le musicien allemand a toujours défendu la cause d’une musique précieuse, élaborée, en groupe comme en solo, et son parcours individuel et collectif est sans tâche. On connaît principalement Michael comme chanteur des essentiels JADED HEART, groupe dont il fit partie pendant plus d’une décennie, de 1994 à 2004, mais aussi pour ses efforts en solo qui ont contribué à faire de ce style une orfèvrerie impeccablement huilée, et pourtant très humaine dans le fond. Mais la contribution de Michael ne s’est pas arrêtée à ces deux mentions, puisque l’homme a aussi contribué à LETTER X, CHARADE, RAIN, THE SYGNET, SILENT FORCE, et le projet SHINING LINE, ce qui achève d’en faire l’un des musiciens européens les plus prolifiques en la matière. Une réputation qui n’est donc plus à défendre, et des projets qui aujourd’hui sont surtout mis sur pied pour satisfaire une soif de musique, musique qu’il défend toujours avec la même passion, comme en témoigne le premier chapitre de cette nouvelle aventure en forme de clin d’œil. Divorcé de JADED HEART depuis plus de quinze ans pour causes de divergences musicales, l’homme ne s’est toutefois pas gêné pour tourner en Europe avec le répertoire de JADED HEART période 94/2004, et la réponse des fans a fait germer une idée pas si inconcevable que ça dans son esprit fertile. Pourquoi en effet ne pas continuer une aventure à laquelle il aurait bien pris parti encore quelques années, alors que son groupe d’origine continue de produire d’excellents disques de Heavy ? Le résultat ne s’est donc pas fait attendre, et MICHAEL BORMANN'S JADED HARD est né, avec en intitulé un subtil clin d’œil à son passé. Un double clin d’œil même appuyé par ce titre Feels Like Yesterday, qui indique que le chanteur/guitariste n’a rien oublié de ses jeunes années, et les regrette peut-être parfois…
Ce nouveau groupe est donc une jolie façon de regarder en arrière, et de se rappeler de la grandeur d’un combo qui a redéfini les limites du Hard Rock mélodique dans les années 90, une époque pourtant peu propice au partage d’harmonies veloutées. Pour ce nouveau concept en boucle bouclée, Michael a su s’entourer des bons comparses, dévoilant un line-up pointu et parfait. Outre Bormann au chant, on retrouve Chris 'Hexe' Ivo aux claviers et aux chœurs, Michael 'Maikel' Müller à la batterie, Christoph 'Baumi' Baumeister à la basse et aux chœurs et Thommy Dahlem à la guitare et aux chœurs aussi, pour un quintet rodé à l’exercice, et prêt à mettre en exergue les enseignements de son leader. Signé sur Pride & Joy, l’équivalent germain de l’italien Frontiers, Feels Like Yesterday est donc une réussite de plus à ajouter au palmarès d’un musicien unique, qui durant les années 2000 nous avait bercé de ses albums en solitaire. On retrouve d’ailleurs cette patte inimitable, et en définitive, cet album n’est rien de moins qu’un compromis entre les aspirations de Bormann en solo et les meilleurs moments de JADED HEART, soir la quintessence d’un Hard Rock mélodique tirant sur l’AOR, mais pas trop pour ne pas perdre en puissance. Et dès « Feel Like I'm Living », l’aveu est clair : Michael ne changera jamais son fusil d’épaule, et continuera de défendre le Hard bec, ongles et cordes vocales, ce qui achève d’en faire l’un des artistes les plus intègres de sa génération. Il était toutefois possible de craindre une démarque à peine cachée des meilleurs efforts de JADED HEART, mais si les points communs sont évidemment nombreux, cet album a suffisamment de personnalité pour s’illustrer sous son propre nom. Avec ses guitares en avant, ses lignes de chant toujours aussi puissantes, et ses chœurs qui en appellent à la scène Glam des années 80, Feels Like Yesterday est un sérieux appel du pied à un avant-hier toujours d’actualité, et remis au goût d’un jour nouveau, toujours sensible aux rais de mélodies qui s’échappent d’un soleil de joie de vivre musicale.
Mais il est toujours difficile de rentrer dans le détail d’une œuvre dont chaque morceau n’est qu’un maillon d’une chaîne qui nous relie à la passion. Bien sûr, chaque titre à sa raison d’être, et propose une digression différente sur un même thème, mais soyez assuré d’une chose ; chacun d’entre eux est un hit en puissance. Que le collectif se la joue tendre et voluptueux ou Heavy et hargneux, le talent est là et mis à disposition de compositions riches, mais simples d’accès. Ce côté Heavy se retrouve sur « Good Times », qui semble fêter à sa façon l’hédonisme viril des années 80 en Californie, sur « Won't Surrender », qui tutoie le meilleur du HAREM SCAREM de légende, sur « Mr. Mysterious » qui n’hésite pourtant pas à moduler avec ses faux airs de DEEP PURPLE allégé et ses mélodies de guitare tournoyantes et Folk, et un peu partout sur l’album, de façon plus éparse, mais prononcée lorsque le ton doit se durcir. Mais on le sait, le point fort de Michael a toujours été de prôner un crossover entre Hard Rock accessible et AOR séduisant, et des tubes assouplis comme « It Feels Like Yesterday » ou « Bring Me Higher Love » sont là pour nous assurer que le bonhomme n’a rien perdu de son touché et de sa magie. On sent évidemment des réminiscences très poussées de son travail passé, mais les années s’évanouissant, il est toujours rassurant de constater que des choses qu’on aime ne changeront jamais. Pas grand-chose donc à mettre de côté sur un disque qui cherche la perfection tout en restant naturel, et entre les moments d’émotion contrôlée (« We'd Still Make It »), et les soudaines bourrasques up-tempo plus connotées eighties qu’un clip de Hall & Oates (« I'm A Son Of A Gun »), le tableau nous dépeint une scène de vie courante pour un musicien qui n’a jamais failli dans sa tâche et qui n’a jamais posé le genou à terre.
Il n’y a bien sûr rien à espérer de novateur d’une telle réalisation, qui n’a d’autre but que de proposer d’excellentes chansons, à cheval entre plusieurs thèmes. Et que Michael s’amuse à singer le KISS de « I Love It Loud » et le BON JOVI mature (« Shout It All Out »), ou qu’il assume boogie le parcours de sa propre vie (« Everybody Is A Rockstar » au feeling très Rick SPRINGFIELD/SLAUGHTER), il n’en reste pas moins lui-même, avec ses passions, son passé, son présent, et cette euphorie qui se dégage d’un investissement toujours aussi profond. Il est donc possible d’envisager Feels Like Yesterday de plusieurs manières, comme le dernier album que JADED HEART n’a pas pu enregistrer avec Michael, ou comme un nouvel album solo partagé entre un passé glorieux et un aujourd’hui un peu nostalgique. Mais quelle que soit l’opinion, quel que soit l’angle d’approche, la conclusion reste la même. Nous aurons toujours une place pour Michael dans notre cœur.
Titres de l’album :
01. Feel Like I'm Living
02. It Feels Like Yesterday
03. Won't Surrender
04. Bring Me Higher Love
05. We'd Still Make It
06. Mr. Mysterious
07. Good Times
08. Just One More Step Away
09. Don't You Ever Leave
10. I'm A Son Of A Gun
11. Shout It All Out
12. Everybody Is A Rockstar
Pour moi, par ordre décroissant préférentiel, ce sera :Massacra - Enjoy the ViolenceMercyless - Abject OfferingsLoudblast - Disincarnate
23/04/2025, 12:56
Allez, mon top 3 français des années 90: Massacra - Signs of the Decline Mercyless - Abject OfferingsLoudblast - Sublime Dementia
23/04/2025, 08:42
Je rajoute une couche avec l'album d'Anialator sorti en fin d'année dernière. Je l'ai beaucoup écouté et l'écoute encore avec plaisir.
22/04/2025, 19:35
Plus fan de Massacra que de Loudblast perso, même si je possède les deux premiers albums du groupe.
22/04/2025, 19:34
De mon côté j'ai toujours eu du respect pour le groupe même si ce n'est pas ma génération, je n'étais pas né quand ils se lançaient... Donc ils ne m'ont pas marqué comme ils ont pu le faire avec leurs fans de la prem(...)
22/04/2025, 17:35
Pour moi Loudblast, ce sont des suiveurs avec un bon train de retard sur ce qui se fait à chaque époque et Clearcut fait partie de cela... Bref, je ne suis pas très client de leurs albums, on m'avait chanté les louanges de Burial Ground, je me suis ennuyé..(...)
22/04/2025, 16:04
@RBD : ton dernier paragraphe est plein de vérité. Quant au pseudo DPD je préfère le laisser croire ce qu'il veut. Vu comment il écrit, il a pas dû encore sortir de l'école. J'encourage néanmoins les thr(...)
22/04/2025, 13:35
@Tourista : tu t'es trompé, la news sur les 40 ans de Loublast, c'est plus haut
21/04/2025, 20:53
Le Metal est parfois sur le fil du rasoir de la beauferie... Voire tombe carrément dedans.
21/04/2025, 11:45
Vidéo vue, merci.De mon côté, je préfère le son de Sublime à celui de Disincarnate et c'est aussi le style de death que j'affectionne. Bien lourd, posé et mid tempo tout en étant agressif. Par exemple, c'est pour cela qu(...)
20/04/2025, 18:02
Comme je le dis dans la vidéo, leur sommet c'est Desincarnate. Puis The Burial Ground. Je suis moins fan de Sublime.
20/04/2025, 14:08
Pour moi Loudblast c'est surtout Sublime Dementia et Cross the Threshold. (Quand à la vidéo je ne manquerai pas de la regarder ce soir).
20/04/2025, 12:45
Si je comprends, cette charge allait contre cette part non négligeable du public Metal qui reste bloquée aux groupes de leur jeunesse mais ont cessé de se tenir au courant dès qu'ils ont reçu des responsabilités (premier travail, première rela(...)
19/04/2025, 14:36
J'écrit comme un enfant de 5 ans ici et je dois encore ajouter des précisions, imagine le truc, peut-être que l'Ehpad c'est metalnews au final. Combien de personnes postent depuis leur lit de mort ici ?Le metal généraliste c'est d&eacut(...)
19/04/2025, 09:13
J'ai pas tenu 30 s...J'imagine qu'ils seront sur la mainstage au HELLFEST en juin prochain non ?
19/04/2025, 08:38