Formé fin 2011 du côté de Sinalunga, en Toscane, RAZGATE s’est dans un premier temps retrouvé dans une configuration inédite pour un groupe de Metal. Trois guitaristes et un batteur, pour une entame de carrière un peu chaotique. Départ du batteur en question, arrivée d’un bassiste, retour du batteur et départ d’un guitariste, pour finalement opter pour la voie en quatuor, avec Giacomo Burgassi - (guitare/chant)- Niccolò Olivieri-(basse) Edoardo Natalini - (batterie) et Francesco Monaci (guitare). Depuis 2012, pas mal de changements donc, mais surtout, des tournées, locales et un peu plus étendues, et un premier EP, Countdown to the End, en 2014, qui resservait alors des réminiscences Thrash très appuyées, sans forcément chercher à les transcender, ou au moins à les accommoder à sa propre sauce. Depuis, trois années ont passé, le groupe italien a évolué, et ose aujourd’hui s’éloigner un peu des sentiers battus et rebattus, en nous livrant un solide premier album de Heavy Thrash très américain dans le rendu, mais européen dans le vécu. Un LP de presque une heure de musique, qui est allé piocher à la terre source de la violence de quoi faire pousser son jardin de puissance, et finalement, en se voulant plus traditionnel tout en l’étant moins, le quatuor est devenu diablement intéressant, en tout cas beaucoup plus que la horde de groupes singeant les éternels KREATOR, DESTRUCTION et consorts. Ici, les influences sont aussi manifestes, mais plus souples, et permettant des digressions mélodiques plus poussées, même si parfois l’ombre de certaines légendes plane bas au-dessus des plans…
Impossible en effet de ne pas citer METALLICA, MEGADETH, SANCTUARY ou TESTAMENT en abordant le cas des toscans, qui ont dû être salement traumatisés par des disques comme And Justice For All, Countdown To Extinction, Low ou Refuge Denied durant leur adolescence, sans pour autant avoir oublié de jeter une oreille sur Risk, Load et d’autres suites d’histoires beaucoup plus mainstream. Ce qui ne les a nullement empêchés de ne pas tomber dans l’oreille SLAYER d’un thrasheur pas si sourd que ça, lorsque l’intensité grimpe d’un cran, pour abandonner le mid tempo pas assez allegro. Mais à vrai dire, ce sont surtout les guitares et leurs riffs cycliques qui font penser à Araya & co, plus que l’intensité dont ce premier album se sert d’une façon très modérée. Le chant, assez rauque et sec nous ramène sur la piste d’un ACCUSER tempéré, et l’optique générale très progressive est assez envoutante, d’autant plus que les RAZGATE n’ont pas hésité à laisser les morceaux voguer au gré d’une inspiration assez fournie. En se permettant des saillies de plus de huit minutes, et d’autres qui la plupart du temps passent allégrement la barre des six, la prise de risques est totale, et s’avère pourtant payante, puisque chaque plan rebondit sur le précédent, d’un allant qui ne se démentit que très rarement. De fait, impossible de ne pas penser à la première partie de carrière des Four Horsemen, lorsque ces derniers étiraient au maximum la durée, pour accoucher de « Disposable Heroes », de « And Justice For All », ou de « One ». Ici, c’est la même chose, mais quelques décennies plus tard, et avec une patte personnelle qui synthétise le meilleur de la Bay Area en moins d’une heure.
Niveau instrumental, rien à redire. Les musiciens italiens sont salement affutés, et proposent une partition léchée, qui oscille entre harmonies surgonflées et parties Thrash maîtrisées. Enregistré, mixé et masterisé par le groupe lui-même, avec un petit coup de main de Riccardo Cherubini et Francesco Riganelli des BPA studios, Feral Evolution est un petit bijou de Heavy/Thrash à l’ancienne, qui pourtant ne sacrifie pas son époque sur l’autel de la nostalgie. En fait, on pourrait presque dire qu’un pont temporel et stylistique est tendu entre deux âges, ce que la longue suite « Hear My Sentence » confirme de son parfum MEGADETH nuancé d’un beat chaloupé très contemporain. Soli d’airain, qui ne sont pas sans rappeler le talent inné d’Alex Skolnick, travail rythmique solide, complémentarité des guitares, tout évoque une osmose patente, qui se reflète dans une assurance incroyable. Il est évident que le quatuor a foi en ses chansons, qu’il interprète avec conviction, sans pour autant tenter de séduire les masses en cédant aux sirènes d’un old-school tenace. Mais dès « Psychopatic Control », la messe en Metal majeur est dite, et la double grosse caisse distille ses croches pour tenter l’accroche, que l’hameçon du riff central affirme avec aisance. C’est moyennement rapide, mais éminemment catchy, et aussi efficace qu’un bœuf entre Hetfield et Mustaine autour du verre de la réconciliation. Tout n’est bien sûr pas parfait, et certaines pistes semblent suivre la trace d’une voie largement empruntée par les aînés, mais on se laisse fédérer sans trop résister, surtout lorsque le binaire groovy vient délicatement nous bousculer (« Night Painted Red », ça a l’odeur du SLAYER, mais aussi le goût d’ailleurs, tout autant que la saveur d’un « 2X4 » de METALLICA).
Les RAZGATE tentent même lorsque la température monte, de nous faire le coup d’un Crossover assez bien senti (« The Decline », une fois de plus assez proche d’un ACCUSER au tempo décéléré), tout en masquant avec une certaine finesse les quelques baisses d’inspiration d’arrangements ludiques à foison (« Worms », un riff un peu redondant et passe-partout qui affaiblit le tout). Heureusement, ces quelques relâchements sont minoritaires sur un album qui laisse les riffs imposants majoritaires (« My Revenge », ou comment ralentir à l’extrême le MEGADETH de « Holy Wars » sans le laisser à la traîne), et le final vient à point nommé relancer l’affaire (« Century of Cain », le plus catchy et up in time du lot, avec ses quelques harmoniques et son chant costaud).
Pour un premier album, Feral Evolution s’impose donc sur la durée sans trop forcer, malgré quelques redites que personne ne peut éviter. C’est un LP chargé, gonflé, à défaut d’être culotté, mais aux ambitions mélodiques affirmées. On sent même que la NWOBHM aurait pu s’imposer avec plus de fermeté, si les tierces des guitares avaient bénéficié d’un espace moins confiné, pour transcender cet hommage au Big Four à peine dissimulé. Mais c’est joué avec tant d’énergie et de talent qu’on en vient à oublier les quelques reproches à formuler, et gageons que le temps passé sur les routes apportera au quatuor de Toscane la personnalité suffisante pour bientôt se dégager de ces influences parfois trop envahissantes. En l’état, et en presque une heure, ce premier effort se hisse largement au niveau des meilleurs hommages récents, et oublie enfin les sempiternels accès de violence auxquels nous avons droit chaque semaine.
Alors, tous mes encouragements, et rendez-vous dans un an, ou deux, pour mesurer l’évolution des éléments. D’ici là, ces huit morceaux vous tiendront compagnie, my friends of misery…
Titres de l'album:
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15