Sentient Ruin aime creuser dans les entrailles de l’enfer pour y mettre à jour les créatures les plus immondes, et les laisser mettre le monde à feu et à sang. Le célèbre label californien s’est forgé une réputation inattaquable ces dernières années, et a mis en avant sa lutte contre la standardisation de la scène extrême, en confiant les rennes de sa conquête aux groupes les plus bruyants et les plus impitoyables.
Et en assurant la promotion et la distribution du dernier album d’INVULTATION, la maison de disques de trahit aucun de ses principes.
Toujours plus chaotique, toujours plus bruyant, toujours plus sombre. Telle est la devise de ce label hors-normes, qui une fois encore, nous agresse vertement d’une attaque frontale chaotique et vicieuse. One-man band originaire de Colombus dans l’Ohio, INVULTATION est une bestiole difforme, au caractère difficile, et au discours cryptique. Evoluant dans une sphère de Death Metal tirant sur le Black, ce projet repousse les limites de l’horreur, tout en gardant une certaine prise sur la réalité rythmique qui l’anime. Un propos qui manque de clarté, mais qui définit pourtant bien l’optique choisie pour mettre la planète à genoux. Et après deux albums déjà lâchés sur une fanbase médusée (Wolfstrap en 2020 et Unconquerable Death l’année suivante), INVULTATION était prêt à passer à la vitesse supérieure pour sonner encore plus intraitable et incorruptible.
Dirigé par le chef d’orchestre dévoyé Andrew Lampe (ACRID TOMB, ECHUSHKYA, LONGBARROW, THE WAKEDEAD GATHERING, ex-DEBAUCH), Feral Legion est un loup enragé lâché dans une bergerie. Une bestiole si laide que sa vision provoque des nausées, à l’haleine si fétide que même les charognes en pourrissent plus vite, et au regard noir, vide de toute expression et de vie. La bestiole n’a qu’un mode de fonctionnement, le meurtre et la destruction, et mène à bien une mission d’annihilation totale.
Le principe est simple : se reposer sur les fondements les plus traditionnels du Death morbide (AUTOPSY, INCANTATION), y ajouter une bonne dose de dextérité instrumentale (PESTILENCE, MORBID ANGEL), et tremper le tout dans les eaux boueuses de l’extrême le plus absolu. N’attendez donc aucune concession de la part de ce musicien bien décidé à saper les fondations du monde moderne, même si de temps à autres, sa musique s’offre un minimum de compréhension dans la relecture, osant placer des riffs discernables, voire accrocheurs, pour mieux noyer le poisson. Et le poisson est plus retord qu’une idée malsaine de Mories, puisqu’il fait semblant de nager sur le dos pour faire croire à sa mort.
La vision d’ensemble est donc relativement atroce, pessimiste, et caverneuse. Par l’entremise d’un chant abominable et aussi grave qu’un Barry White grippé, Andrew Lampe s’accroche à sa réputation de misanthrope solitaire, composant des hymnes bruitistes dans son coin pour mieux s’éloigner des masses nostalgiques répétitives et fatigantes.
Et l’homme est doué pour composer des partitions qui brouillent les pistes, entre Black expérimental, Death haineux et noueux, et cacophonie sublime traduisant le désespoir d’une époque attendant au choix de savoir quand le soleil va la cramer ou les océans la noyer. Mais dans le petit monde sclérosé d’INVULTATION, il n’y a ni océans, ni soleil. Il n’y a que les ténèbres, la puanteur, la froideur d’une rigidité musicale cadavérique, et le désespoir de la torture permanente par agression des tympans de façon systématique et sans pitié.
Pourtant, le tableau est séduisant, allez savoir comment. Le bouillonnement a beau brûler les chairs et faire fondre les oreilles, il reste addictif, et nous oblige à revoir nos conceptions quant aux us et coutume d’un Death Metal joué à l’énergie de la méchanceté. Horrible mais savoureux, un peu faisandé mais heureux, ce troisième album est la quintessence d’un savoir-faire maléfique, qui propose des théories inquiétantes sur bande-son apocalyptique.
Reprenant à son compte cette fameuse citation d’Albert Einstein, « Je ne sais pas comment sera menée la troisième guerre mondiale, mais je sais que la quatrième verra les soldats se battre avec des bâtons et des pierres », Feral Legion préfigure donc un avenir en mode âge de pierre, avec nourriture rare et instincts primaires. On peut le croire en écoutant ces dix morceaux gravissimes et sentencieux, qui n’offrent aucune éclaircie dans la noirceur.
Mais si les blasts se détachent avec fougue, si la basse écrase la guitare de son poids, et si le fantôme de BATHORY fait cliquer ses chaines de temps à autres, INVULTATION n’en demeure pas moins l’un des monstres les plus hideux des enfers, ceux-là même que Sentient Ruin arpente en long, en large et en travers.
Et la violence de ce troisième album vous restera entre la gorge, au risque de vous étouffer.
Bien fait.
Titres de l’album:
01. Adversarial Procession of Primordial Abomination
02. The Howling Convocation
03. Severed Umbilical Chaos
04. Human Caltrops
05. Retching Holy Viscera
06. Feral Legion
07. Lower Beasts
08. Burial Leech
09. Mark of the Fang
10. Bloodstained Offering
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20