Il n’y a aucun mal à préférer sa viande bien saignante, et légèrement avariée, goût subtil que même la cuisson n’atténue que très peu. Tout le monde n’a pas forcément envie de manger des steaks hachés industriels, à la saveur aseptisée par une fabrication à la chaîne qui enlève toute saveur excessive. En matière de Death Metal, il en va du choix entre propre et carré, et sale et branque. Le style peut s’accommoder des deux préparations, selon ses objectifs et sa clientèle cible, mais je dois avouer une vive préférence pour le Death méchant, vilain, tâché et traditionnel. Et même en vouant un culte aux PESTILENCE, ATHEIST, GORGUTS et autres CYNIC, je reviens souvent vers la base, me souvenant de l’effet produit par des albums comme Metal Funeral, Slowly We Rot sur mon organisme de jeune adulte.
DRIPPING DECAY affiche les couleurs dès sa pochette pour le moins voyante. Un monstre gluant dont les intentions post-mortem semblent peu recommandables, un lettrage moisi qui fond comme tripes au soleil, et un titre qui rappelle les exactions les plus putrides du CARCASS de début de carrière. Le coup fourré Gore qui sent la putréfaction à plein nez, et qui promet des petits matins qui déchantent, entre nausée de femme enceinte et chiasse sévère après indigestion de tacos.
Venu des Etats-Unis, ce quatuor (Jason « The Machine » Borton - batterie, Eric Stucke - chant, Neil Smith - guitare et Jackson Jordan - basse) semble privilégier les racines, et nous offre un restau traditionnel au choix de viandes assez large. L’étiquette Portland mettant l’eau à la bouche, on déguste un tartare subtilement avarié, mais dont les effluves ne sont pas atténuées par une vinaigrette chargée. Mais pourtant, loin de la vulgarité d’un Death gore sanglant, ce premier album propose la meilleure jonction entre l’Amérique et la Suède, avec une guitare qui rend hommage aux mythiques studios Sunlight, et une basse ronde et épaisse qui cimente le tout en mode cadavre planqué dans un chantier.
Festering Grotesqueries est donc tout sauf grotesque, et plutôt délicieux. Délicieux car préparé par des professionnels, dont l’expérience est partagée entre plusieurs groupes. A titre d’exemple, le batteur Jason « The Machine » Borton affiche un CV très chargé (FORSAKEN ETERNITY, HAND OF FIRE, THANATOPSIS, WHERE LOVERS ROT, WOLF'S CALLING, EXMORTUS (live), THRONE OF AWFUL SPLENDOR, ex-SEIZED OF DARKNESS, ex-TREASONIST, ex-POWER SHIFT, ex-VELARAAS, ex-ARKAIK (live), ex-JUNGLE ROT (live), ex-MORTAL PLAGUE (live), ex-BEYOND THE RED HORIZON, ex-ZORAKARER, ex-NOCTURNAL PLAGUE, ex-ZERO DIVIDE), parfaitement justifié par son niveau de frappe hallucinant. De son côté, le guitariste Neil Smith fait profiter quelques projets de son talent (FRIGHTMARE, PUSROT, ex-BLOOD FREAK, ex-MANIAC KILLER, ex-SMUT, ex-WHORE, ex-LORD GORE, ex-GENITAL MEAT GRINDER), talent qui s’exprime à plein régime sur ce premier long.
Du Death bien gras donc, mais précis, et enrobé dans une production claire et nette. Comme un AUTOPSY hésitant entre une côte de bœuf et des tripes à la mode de Portland, DRIPPING DECAY observe le pourrissement des chairs, et se délecte du spectacle naturel des asticots qui bouffent un corps comme un acide qui ronge la peau.
Et dès le choc de « Autocannibal Ecstasy » encaissé, le reste n’est que plaisir violent et satisfaction masochiste de malade de l’extrême toujours prompt à baisser son froc pour recevoir une volée de foie vert. Festering Grotesqueries, quoique prévisible jusqu’à la dernière croche, est un plaisir qu’on ne refuse pas. Très proche d’un Grind que le groupe assume de blasts répétés, il reproduit des formules déjà largement éprouvées par les années 90, lorsque CANNIBAL CORPSE et AUTOPSY dominaient le marché. Le tout est donc éminemment violent, malpoli comme un sale gamin, souillé comme un boucher au tablier douteux, et jouissif comme une séance d’onanisme dans les toilettes d’un fast-food quelconque de l’Oregon.
Efficaces et brefs, les quatorze titres proposés ne se perdent pas en conjectures, et alternent avec bonheur vitesse déraisonnable et lenteur suffocante. Avec quelques soli pour faire joli, des breaks prévisibles mais puissants, et une attitude générale potache, DRIPPING DECAY joue clairement la carte du passéisme, comme une boucherie à l’ancienne aux carreaux blancs qui ont subi les assauts du temps et du sang.
Et entre le fulgurant « Dripping Decay », proche de REPULSION, l’évolutif « Dissolve Me » qui assomme plus efficacement qu’une masse d’attendrissement, le joyeux « Abundant Cadaveric Waste » très ancré dans la fin des années 80, le tableau est précis, dégueulasse, mais compréhensible.
Je n’ai personnellement rien contre les steaks hachés de supermarché. Certes, leur valeur nutritive est discutable, leur apparence peu engageante, mais après tout, leur prix permet aux plus modestes de manger un peu de viande même lors des mois les plus difficiles. Mais vous ne m’enlèverez pas de l’idée qu’un rumsteak à la date limite de consommation dépassée depuis quelques jours reste le repas le plus savoureux qui puisse exister.
Titres de l’album:
01. Septic Sentient Slime (Intro)
02. Autocannibal Ecstasy
03. Abundant Cadaveric Waste
04. Gut Muncher
05. Bay of Blood
06. Barf Bag
07. Watching You Rot
08. Cremator
09. Dissolve Me
10. Dripping Decay
11. Chemical Lobotomy
12. Sadistic Excruciator
13. Limitless Sacrifice
14. Oozing into Oblivion (Outro)
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