En Italie, l’époque n’est pas à la fête, loin de là. On se confine, on soigne les malades, on enterre les morts, et la tristesse le dispute à la colère. Comme d’autres pays d’Europe, dont l’Espagne, et après la Chine, l’Italie combat donc la pandémie comme elle le peut, dignement, avec pugnacité et sans renoncement. Toutefois, si l’activité musicale nationale live est en berne comme un peu partout, la production discographique continue de tourner, ce qui nous permet de soutenir les groupes de là-bas en parlant de leur actualité. Une actualité somme toute assez rétrograde si j’en crois le premier LP des siciliens de HELLRAIDERS, qui comme beaucoup de leurs petits camarades ont privilégié une optique old-school pour déclarer leur amour au Metal le plus inoxydable. Fondé à Palerme en 2013, le groupe a donc pris son temps avant de développer ses idées, malgré un premier EP lâché en 2015, et très judicieusement intitulé …Beat to Death ! Du vintage donc, qui baigne encore dans le jus de son cuir et la rouille de ses clous, mais du fameux, à tel point qu’en étant un peu étourdi, on pourrait prendre cet album pour ce qu’il n’est pas, à savoir un trésor d’époque oublié par le temps et les labels. En parlant de label, c’en est un bien de chez nous qui assure la promotion de Fighting Hard, autre titre finement choisi, puisque toutes les chansons semblent être des combats contre le Hard timoré ou dilué. Infernö Records doit donc être particulièrement fier de ses nouveaux poulains, qui en à peine une demi-heure parviennent à nous faire remonter le temps, circa 84/85. Et même si la nostalgie est l’un de mes créneaux de prédilection, autant dire qu’un LP qui commence par un instrumental comme « Raider's Rage » n’est pas chose courante.
En moins de trois minutes, les italiens nous persuadent du bienfondé de leur démarche, en se la jouant Speed du passé joué plus casher qu’une démo de LIVING DEATH. Rythmique qui jubile, guitares qui saccadent, mélodie sombre et basse proéminente, on s’y croirait, et l’ambiance est à ce point passéiste qu’on sent les patches qui poussent sur le polo. Rappelant les débuts de la vague Heavy légèrement Speed américaine (SAVAGE GRACE, BITCH), HELLRAIDERS ne se perd pas en conjectures, et nous offre un festival de savoir-faire, se calant sur des breaks imposés mais qui fonctionnent à plein régime. Et lorsque la reprise de « Beat To Death » sonne l’entrée en piste du chant, la braise a déjà pris et le feu commence à s’emballer. Affublés de pseudos sympathiques, ce quintet (ThrasherLady - lusty vokills, Vince - razors and lead guitar, Sirio "Red Baron" - four strings hammer, Fabrizio "Mad-Pig" - chopper riffs et Frank "DP"Scuderi - barbarian drumming, j’ai tout laissé en VO pour l’amour de la formule) rentre dans le lard sans se poser de question inutile, laissant toute originalité au placard pour se focaliser sur des gimmicks en vogue il y a plusieurs décennies, dont des duels de guitares qui doivent tout aux paires Smith/Murray, Downing/Tipton et consorts. La rage d’un Metal typiquement US, agrémenté de quelques lourdeurs plus allemandes, pour un passage en revue de toute la cargaison, moto, chaîne, bière, cuir, et autre décorum de puriste. Certes, tout n’est pas parfait, mais en occultant les méthodes de production modernes, le culot des artistes old-school les plus inventifs et les exigences relatives aux pièces maîtresses publiées à l’époque, Fighting Hard est une belle fête de Heavy/Speed bouillonnant, rempli ras la gueule d’hymnes à reprendre le poing levé et le gosier abondamment arrosé.
Aucune condescendance dans ce propos, juste une constatation, mais autant dire que les italiens sont de véritables bêtes de festivals, avec leurs chansons simples et efficaces, qui proposent des couplets solides et des refrains fédérateurs. Certes, les plus pointilleux argueront de la voix un peu fluette de ThrasherLady, qui n’a pas le grain de Doro ou le vice de Betsy Weiss, mais la petite touche d’exotisme apportée par la vocaliste n’est pas sans charme d’autant que l’instrumental derrière elle n’est pas du genre à trop bander les muscles. On pense parfois à un mélange entre les premiers ACCEPT et au METALLICA des premières démos (« Starving For Your Blood »), et cette impression n’est pas faite pour déplaire. Les deux guitaristes connaissent d’ailleurs leur bréviaire, recyclant leurs propres plans d’un titre à l’autre (le riff d’intro de « Cursed By Gods » n’est qu’un démarquage de celui de « Starving For Your Blood », malin les mecs), mais avec l’aide de quelques intros samplées et d’un mid tempo qui change enfin le marché (« They Live »), l’affaire reste sur les rails, même si évidemment les textes n’offrent pas grand-chose d’autre que les habituels clichés Metal (« Kill For Beer »). Certes, mais HELLRAIDERS n’est ni QUEENSRYCHE ni WATCHTOWER et n’a jamais prétendu l’être, alors acceptons les règles de son jeu pour devenir furieux au son d’un Speed rugueux, qui sait parfois reculer pour faire un peu de place à l’émotion (« Prince Of Hell »). Tombant à pic, ce titre prouve que les italiens savent jouer autre chose que du Heavy rapide et trivial, et en ce moment de tendresse inopiné, la voix de ThrasherLady se fait plus veloutée pour une Power Ballad assez proche de METAL CHURCH.
Les rares surprises viennent donc des morceaux les moins attendus, cette accalmie donc, mais aussi cette reprise respectueuse et fumante de nos GIRLSCHOOL préférées, avec un « Emergency » plus tendre que l’original et moins charismatique, mais très honnête dans la démarche. La version acoustique de « They Live », loin de combler les trous (mais un peu quand même histoire de passer la demi-heure) nous démontre encore que le quintet sait se montrer sous un jour plus nuancé sans perdre de sa créativité. Et si à l’avenir, HELLRAIDERS nous offre plus de modulations et de variété, il sera appelé à occuper les premiers rangs des soldats de la nostalgie européens. Mais en attendant ce jour, forza Italia !!!
Titres de l’album :
01 - Raider's Rage
02 - Beat To Death
03 - Hellraiders
04 - Starving For Your Blood
05 - Cursed By Gods
06 - They Live
07 - Kill For Beer
08 - Prince Of Hell
09 - Emergency (GIRLSCHOOL Cover)
10 - Fighting Hard
11 - They Live (Unplugged)
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