Tiens, ça fait plaisir de retrouver des potes, surtout lorsqu’ils viennent d’aussi loin. Pensez-donc, la distance séparant la Bulgarie du serveur de Metalnews.fr doit être équivalente à celle éloignant un militant d’extrême-droite de l’intelligence et de la pertinence, ce qui en dit long sur l’envie de ces trois-là de se rappeler à notre bon souvenir. Et si les vôtres ne vous trahissent pas comme Alzheimer brouille les noms de rues d’un pauvre octogénaire parti poster une lettre, vous vous rappellerez sans doute que je vous ai déjà entretenu de cette bande à l’occasion de leur troisième effort, Stop Believing Lies, publié il y a trois ans ou presque. D’ailleurs, on commençait sévère à s’inquiéter pour les originaires de Bourgas, qui nous avaient habitués à plus de régularité, leurs trois premiers pamphlets n’ayant au pire connu qu’un espacement de deux années entre deux jets. Mais c’est plus en forme que jamais que ces trois-là (Mariyan Georgiev – basse et chœurs, Staffa – guitare et batterie, et George « Peich » - chant) nous en reviennent avec le quatrième tome de leurs aventures heurtées, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils étaient attendus au tournant. Pensez-donc, Stop Believing Lies m’avait tellement enthousiasmé que j’y avait vu une relève crédible de la Second Wave of American Thrash Metal, et c’est donc de baskets fermes que j’attendais une suite aux pérégrinations de ces olibrius. Fighting The Poison est donc l’antidote à la morosité ambiante dont nous avions tous besoin, et continue de pousser les potards de bonne humeur au maximum, sans tomber dans le piège du Crossover un peu trop gras et grossier pour être dégusté. Car malgré un nom qui pousse à croire que les bulgares se vautrent dans un délire à la Venice/Tromaville un peu trop prononcé, les MOSH-PIT JUSTICE sont beaucoup plus qu’un simple groupe de Mosh qui Crossover, ou l’inverse, et osent les croisements culottés, pour un résultat toujours aussi corsé et épicé que précieux et élaboré.
Ce qu’on a tout de suite remarqué chez ce groupe, c’est sa versatilité. Capable de passer d’attaques franches et soniques à la EXUMER/MUNICIPAL WASTE à des digressions plus opératiques à la FORBIDDEN/HEATHEN, le trio s’amuse beaucoup à synthétiser tous les courants en vogue de notre décennie sacrée, et de rappeler avec toujours autant d’acuité la versatilité d’un style qui parait uniforme au grand public. Mais en l’occurrence, le grand public on s’en fout, puisqu’on reste entre initiés, de ceux qui sont facilement capables de faire la différence entre Eternal Nightmare et Forbidden Evil. Oui, vous avez tapé dans le mille, VIO-LENCE et FORBIDDEN sont toujours les références les plus évidentes de ce trio qui n’a pas renoncé à son sens du dramatisme mélodique pour le substituer à une force de frappe stérile. Les MOSH-PIT JUSTICE combinent toujours les deux, et osent des inserts mélodiques, des passages lourds et doomy, des interludes acoustiques subtils et des charges purement Thrash pour notre plus grand bonheur, se permettant même cette fois-ci d’appuyer sur la pédale de la théâtralité emphatique à l’occasion d’un dantesque et guerrier « The Serpent’s Call ». On sent que les trois années consacrées à d’autres projets et à préparer leur grand retour ont été mises à profit, tant les petites erreurs de mise en place d’antan ont complètement disparu, révélant le visage mur d’un groupe mature, sûr de son fait et de ses qualités. Et alors que la plupart des combos versant dans la nostalgie à outrance se contentent souvent de piller les grands anciens, les trois bulgares approfondissent leurs différences, pour se poser en alternative crédible au consensus général un peu trop prévisible. Il est toujours aussi compliqué dans leur cas de savoir quelle transition va nous mener où, et c’est justement cette versatilité qui les rend encore plus attachants, et dans le cas de Fighting The Poison cette qualité est encore plus flagrante.
Huit morceaux pour quarante minutes, c’est un timing parfait pour une œuvre qui prend quand même ses aises et qui distille son contrepoison avec beaucoup d’intelligence. Attention toutefois à l’agencement du travail en question, puisque le groupe a pris soin de tirer à vue dès l’entame pour mieux asseoir ses positions ensuite. C’est ainsi que les trois premiers titres canardent méchamment sur un tempo que les WEHRMACHT n’auraient pas renié, truffant les couplets de chœurs fédérateurs, et de lignes vocales toujours aussi haut perchées. La tendance est toujours à la mixité entre Heavy lyrique et Thrash typique, et la voix de George « Peich » n’a rien perdu de ses caractéristiques uniques, réconciliant une fois encore VIO-LENCE et FORBIDDEN en acceptant la tradition Metal des eighties comme contrepoids parfait aux grognements made in Bay-Area. Fighting The Poison se veut donc aussi solide et agressif que ses prédécesseurs, et si comme toujours, le beat ralentit à intervalles réguliers pour oser des breaks en tragédie grecque, c’est pour mieux ressusciter l’esprit des TOURNIQUET, qui eux non plus ne crachaient pas sur l’alternance entre bourrasques purement Thrash et esprit progressif ludique. Si l’on se croit toujours un peu perdu dans les arcanes de Twisted Into Form ou de Pathogenic Occular Dissonance, c’est normal puisque l’esprit qui anime ces différents combos est le même, échapper à une étiquette un peu trop restrictive et utiliser des éléments disparates pour concocter un élixir unique. C’est manifeste sur la tuerie absolue « Feed Me to the Flames », qui a de faux airs de pièce mise en musique par des acteurs/musiciens, mais aussi sur des à-coups plus francs de la trempe de « God Wills It » et « State of Damnation » qui usent de la saccade comme d’autres du panier à salade. Ça virevolte dans tous les sens, on n’a pas vraiment le temps de faire attention aux gouttes, mais ça fait suer, dans le bon sens du terme, et ça reste plus créatif que quatre-vingt-dix pour cent de la production contemporaine.
On craque ? Mais complètement, puisque la lassitude et l’indifférence ont été sagement occultées pour nous permettre d’apprécier un LP hors-norme mais pas hors sujet. Aussi exubérant qu’il n’est affolé, aussi rapide qu’il n’est posé, aussi complexe qu’il n’est accessible, Fighting The Poison est de loin l’album revival de ce début d’année, et confirme tout le bien qu’on pensait d’un groupe complètement décalé. Et malgré la longueur conséquente des morceaux, les idées s’accumulent et s’empilent avec du recul, chaque note et plan paraissant clairement pensés, que la rythmique concasse alors que le chant fracasse (« In the Final Days »), ou que la vitesse s’envole, soufflée par un chant qui décidément n’admet aucune mesure classique. Un travail admirable une fois encore produit par les MOSH-PIT JUSTICE, dont le nom simpliste peine de plus en plus à cacher la richesse musicale.
Titres de l'album :
1.Bound to Decay
2.Feed Me to the Flames
3.God Wills It
4.The Serpent's Call
5.State of Damnation
6.In the Final Days
7.Prove Your Faith
8.Forging Our Fate
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