CAUTION VIEWER DISCRETION IS ADVISED.
Voilà, comme ça je me décharge de toute responsabilité quant à votre équilibre psychologique en cas d’écoutes répétées de cet album. C’est un peu lâche, je veux bien l’admettre, mais au vu de la bizarrerie de l’objet en question, il est fort probable que vous y laissiez des plumes et des neurones en route. Cette matinée sera donc placée jusqu’au bout sous le signe de l’incongruité et du métissage, le cas des slovènes de THE CANYON OBSERVER étant le plus étrange de tous.
Faussement catalogué sur la référence Discogs sous la bannière Sludge, THE CANYON OBSERVER est de ces groupes qu’on ne peut ranger facilement sur ses étagères, sans commettre d’impair et ne jamais le retrouver. Déjà responsable de deux méfaits (FVCK en 2015 et NØLL en 2018), ce quintet barge de Ljubljana prône donc une ouverture d’esprit manifeste, et se réserve le droit de refuser des fans en cas d’incompréhension crasse. Pour quelle raison ? Simple, ce côté imprévisible qui tend à mélanger des ingrédients disparates pour préparer une mixture diabolique, quelque part entre Metal, Jazz, Free Jazz, Avant-Garde, Expérimental, Rock dissonant et orchestrations malignes.
Bon, je vous passe le couplet sur le Jazz Metal que tout le monde a assimilé depuis longtemps. Ici, pas question de se contenter d’effleurer la surface, puisque le fantôme de Coleman et la moitié de l’écurie Ipecac et Svart Records se livrent à une joute musicale sans pitié et avec un seul vainqueur : l’originalité, mais pas gratuite, car toute cette énigme à une solution, une démonstration, et une conclusion. L’attaque de vos sens en mode « je refuse la normalité mais pas parce que je souhaite paraitre bizarre ». Non, les CANYON OBSERVER sont vraiment bizarres, autant que PAINKILLER, les SWANS, les RESIDENTS, FANTOMAS ou IWRESTLEDABEARONCE peuvent l’être.
De fait, ne vous laissez pas abuser par le côté discret et l’échange à voix basse de « Dih ». Purement jazzy, ce premier morceau vous aiguillera sur les rails les plus décentrés du voyage, un genre de faux départ fourbe réservé par un chef de gare chafouin. Non, le véritable coup de sifflet est celui donné de façon tonitruante par « Koža », significatif de l’optique de ces marsouins qui détestent les lignes droites et les arrêts prévus. Seule la candeur peut vous aider à ne pas perdre le nord, un état d’esprit qui est capable d’assimiler les rythmiques les plus trompeuses, les riffs les plus Death, et la cacophonie ambiante d’une partie fine de désaxés en pleine crise de priapisme.
Aussi bordélique qu’il n’est cohérent, ce troisième album pousse la déraison à fond, et ose le tintamarre génial. Aussi agressif qu’un concert de marteau-piqueur durant l’interprétation d’Othello dans un théâtre décati, Figura n’a rien de figuratif, conchie le hors-champ, et décide de tout montrer, de tout faire entendre, au risque de perdre pas mal de monde en route. Ce disque est donc réservé de facto à tous les instables de l’expérimental, à tous les fondus de déconstruction bruitiste, et à tous les fans de John ZORN qui trouvent qu’il s’assagit avec le temps. Assez proche de ce que PAINKILLER a pu proposer de plus nocif, à la colle avec NAKED CITY pour le titre de groupe le plus bruyant de son époque, THE CANYON OBSERVER illustre une certaine conception du Death et du Sludge passés à la moulinette de la dextérité instrumentale.
Mais inutile de tourner autour du pot, tout ça est éminemment éprouvant, et pour le moins effrayant.
D’abord, en termes d’intensité. On a rarement éprouvé ça depuis les émanations radioactives de Pripiat, et même la faille de San Andreas en roue libre reste un petit phénomène mineur à peine capable de fissurer les murs d’une supérette. Grind vraiment agressif et hurlé comme un condamné (« Slepič », ça fait franchement baisser l’audition de deux ou trois crans), atmosphère lourde de film Néo-Noir basé en Slovénie et impliquant des brigands locaux et un chef mafieux totalement déjanté (« Kri », parfaite bande-son pour court expérimental de fin d‘étude), promenade nocturne dans les rues inquiétantes de Ljubljana, entre dealers louches et proxénètes farouches (« Križ », fausse publicité plus vraie que nature pour les vertus apaisantes de la codéine), hurlements, dissonances, discordances, breaks pointus, flèches dans le cul, crachat dans la soupe et rôti avarié trop cuit, la sentence est lourde, et le séjour au Purgatoire indécent.
Je ne cacherai pas que j’ai trouvé l’expérience fort agréable malgré son côté volontairement agaçant. Car encore une fois, tout ce qui peut me distraire des productions old-school faisandées mérite ma mansuétude, encore plus lorsque le barouf est créatif et valide. La cacophonie peut devenir un exutoire en soi, pourvu que ceux qui la refourguent s’y connaissent en torture (non) musicale.
Alors…
Si vous n’avez jamais testé les électrochocs, ni le caisson de pressurisation en vous abreuvant les oreilles d’un Jazz pervers et pornographique, testez Figura, sans précaution ni préservatif mental. Tiens, et pour lâcher un ultime argument, sachez que tout ceci pourrait provenir du Japon sans que personne ne se doute de rien.
Ce qui n’est pas une mince affaire.
Titres de l’album:
01. Dih
02. Koža
03. Slepič
04. Kri
05. Križ
06. Jezik
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