Tu t’appelles HORRIBLE et ton premier album Filth. Mieux vaut assurer le service avant et après-vente sous peine de passer pour un gentil provocateur à deux balles ayant envie de se faire une place dans l’actualité musicale extrême. Parce que se prétendre horrible et vautré dans la fange de l’humanité est une chose, le prouver en est une autre. Et pas des moindres.
Si en plus ton line-up est constitué de sacrées références, la tâche devient de plus en plus casse-gueule. Impossible de rater une marche sous peine de s’étaler en mode honte de sa vie dans les escaliers de la hype. Jugez du peu. Avec en son sein des figures comme Jonas Sanders (PRO-PAIN), Olivier Dris (RESISTANCE), Déhà (DROPDEAD CHAOS, SILVER KNIFE), Sven Leyemberg (KILLTHELOGO) et Benoit Sizaire (RESISTANCE), HORRIBLE est le gratin du gotha, et hante Gotham City de ses hymnes gratinés à la violence la plus sourde et agressive.
Le but du jeu est simple. Prendre tous les ingrédients du Metal extrême (Death, Thrash, Grind) et les confronter à une base Hardcore pour produire le barouf le plus effrayant du moment. Les concepts étant ce qu’ils sont, il convient de se méfier de ces gimmicks faciles, pour se concentrer sur le résultat : la musique, sa portée, et sa profondeur. Et en se mangeant le parpaing « Horrible » en pleine face, on n’a guère besoin de réfléchir pendant trois heures pour comprendre que la rouste va être du genre king-size.
Dans la droite lignée des projets annexes de Shane Embury, Max Cavalera et autres Rogga Johansson, HORRIBLE joue la carte de l’outrance, et nous en met plein la vue sans oublier la créativité débridée. Dans une sorte de ballet Death/Grind, Filth sent bon la pourriture, les déchets, la lie de l’humanité, les égouts, mais n’a rien d’un étron laissé par un clébard sur un quelconque trottoir. Emballé dans un papier journal de qualité, ce poisson musical qui embaume le couloir est un produit de luxe, constitué d’abats divers, de rage d’hiver et de sagesse en maturité majeure. On se laisse bousculer sans chercher à se défendre ou à répliquer, tant les chansons de cette première étape sont autant de taloches collées avec rage.
Les cinq musiciens n’y sont donc pas allés avec le dos de la cuillère à héro, et se confient même avec honnêteté sur leur démarche. Ils considèrent leur projet comme un monstre, Golem énervé ou Golgotha encrassé, qui viennent remettre le mal dans le droit chemin et boucher les latrines avec un maximum d’excréments.
HORRIBLE n’est certes pas le groupe le plus original de la création, mais il fait certainement partie des plus puissants. Car même lorsque le beat se calme pendant quelques minutes (« We’ll Rise »), l’intensité n’en pâtit pas, et les guitares tiennent le choc en mode Hardcore proche d’un Metalcore de bestiole hargneuse.
Hardcore moderne, Filth embrasse toutes les déviances. Guitares dissonantes, cassures rythmiques fréquentes, chant grognon de chez pas mignon, pour une cohésion d’ensemble qui sent bon les nineties revues et corrigées nouveau siècle.
Distillant avec beaucoup d’intelligence ses éléments à charge, le quintet se déguise en bloc de C-4 géant prêt à faire péter les zones d’habitation à cinq kilomètres à la ronde. Des inflexions Death, des insistances Doom, des persistances Metal, pour une ébullition qui disperse sa vapeur dans les couloirs de la haine, brûlant quelques visages au passage. On se laisse happer par cette tornade de brutalité ouverte, qui n’hésite jamais à provoquer le Crust pour mieux condenser le Hardcore métallique.
Il y a donc de tout dans cette auberge belge qui garde ses portes ouvertes à tous les parias de la défonce sonique. Quelque part entre la table habituelle de NAPALM DEATH et celle occasionnelle de LOCK UP, HORRIBLE vient payer son coup, le tirer et se tirer, non sans avoir pris soin de plomber l’ambiance avec quelques références au swedish Death le plus sombre.
En vingt-deux minutes, le groupe relève la gageure de dégager de l’actualité les projets les plus prévisibles, pour imposer son univers cru qui pue. Sans vraiment passer le stade de la révélation excitante, Filth n’en exhale pas moins un fumet immonde, entre les pieds crades d’un clochard aviné et le cadavre d’une pauvre vieille oubliée dans son appartement décati.
Pas ragoûtant à l’heure du déjeuner, mais en même temps, qui mangerait au rythme dément de « Filth », ou à la cadence d’abattage PIG DESTROYER de « A Thousand Souls » ?
Entre hommes de bon dégoût, on se comprend. Et comme tous les égouts vont dans la nature, je vous convie à ces agapes de station de lagunage. On y parle le même langage et on conchie l‘emploi du savon pour les oreilles.
Titres de l’album:
01. Horrible
02. Allies Of Satan
03. Filth
04. A Thousand Souls
05. Dawn
06. We'll Rise
07. Blood Maniac
08. Despicable
09. You Can't Say No
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