Des trios dans le Thrash, on en a connu un bon paquet. Des pères fondateurs de VENOM jusqu’au tarés d’AT WAR, les exemples ne manquent pas, et sont fameux, même si le genre a toujours préféré l’envergure d’un quatuor pour lui insuffler la puissance dont il a toujours eu besoin. Des trios italiens, on connaît aussi, et le premier nom venant à l’esprit reste BULLDOZER et ses obsessions bizarres pour gens étranges. Dans les années 80, nos amis transalpins n’étaient pas vraiment les premiers à dégainer plus vite que leurs voisins, et la scène transalpine n’était alors qu’une anecdote, un entrefilet de bas de page pour fanzine consciencieux. Heureusement, le pays s’est rattrapé depuis, et incarne une sorte d’avant-garde globale nous surprenant toujours de son culot. Du culot, mais aussi des années de classicisme à combler, et c’est sans doute pour ça que le pays s’ouvre de plus en plus à la vague nostalgique, traquant les groupes old-school capables de faire croire qu’ils auraient pu intégrer la première division à l’époque. De cette mouvance émergent donc les trois olibrius de XENOS, qui en 2020 sortent leur premier longue-durée. Un longue-durée étrange pour gens bizarres, et surtout, basé sur des arguments promotionnels choc qui ne sont pas toujours de bonne augure au moment de juger de la pertinence d’une œuvre. Ainsi, le label national du groupe met en avant des guests fameux, dont Jeff Dunn aka Mantas de VENOM, et Si Cobb d’ANIHILATED, ainsi qu’une cover de l’institution MEGADETH, via son versant le plus Punk de Peace Sells. Le chroniqueur, rompu à l’exercice se méfiera donc de ces arguments en forme de triomphe annoncé, et préfèrera se fier aux morceaux originaux du groupe avant de lui attribuer une quelconque palme. Et sous ce point de vue-là, les italiens de XENOS, sans être à la traîne, ne peuvent prétendre à une place sur le podium de la nostalgie, puisque Filthgrinder leur premier LP est plutôt du genre traditionnel, très traditionnel, et manque cruellement de folie.
Ok, je l’admets, Ignazio Nicastro (basse/chant), Danilo Ficicchia (batterie) et Giuseppe Taormina (guitare) ont un niveau technique tout à fait acceptable, et semblent évoluer en osmose. Avec une seule année de pratique ensemble, ces originaires de Sicile montrent un visage uni et une attitude soudée, mais autant dire dès le départ que leur but n’est pas de révolutionner leur petit monde brutal pour laisser une empreinte durable. En se contentant d’aligner les figures imposées du genre, le trio ne s’aventure pas bien loin dans l’inédit, et reste le cul entre deux chaises, pratiquant un Thrash light tirant parfois vers le Heavy solide, mais l’impression qui s’en dégage manque cruellement de folie. Les quelques petites prouesses techniques et autres arrangements permettent de passer un bon moment, mais ce premier LP pèche pas une application trop évidente, ce que les premiers morceaux confirment. Frustration, tel pourrait être l’impression qui se dégage avec netteté. Si la jolie intro acoustique et mélodique « Soldados » propose une entrée en matière inhabituelle, avec ses volutes de cordes entremêlées, et si « Filthgrinder » ne ménage pas ses efforts pour cogner sans attendre, la tension retombe vite, la faute à plusieurs éléments convergents qui tirent le projet vers le bas. D’abord, cette impression que le trio se contient, et limite les accélérations qu’on attend pourtant avec impatience et qui semblent logiques. Si la vélocité n’est pas une fin en soi même en matière de Thrash, les morceaux peinent à décoller, et les mèches allumées finissent par s’éteindre, la faute à une dernière étincelle qui ne vient jamais tout faire exploser. Deuxième handicap de cette réalisation, le chant très rébarbatif de Nicastro, un peu trop systématique et Core pour épaissir l’instrumental. De son timbre rauque, le bassiste/vocaliste pèse sur des morceaux plutôt joyeux, et après quelques titres, la linéarité de sa voix a tendance à irriter les oreilles qui réclament plus de puissance et de gravité.
Comme en plus le groupe semble attaché à un mid tempo qui ne dévie jamais de sa modération, le soufflé retombe vite, malgré des interventions brillantes et incessantes de Giuseppe Taormina qui fait tout ce qu’il peut pour agrémenter les chansons de petites trouvailles fines, rapprochant XENOS d’une version très primitive de CORONER ou XENTRIX, avec un penchant pour l’harmonie qu’ANNIHILATOR a toujours prônée. Des riffs donc, qui viennent nous extirper de notre torpeur, malgré des structures légèrement Techno sur les bords qui révèlent un sens de la composition plus fin qu’il n’y parait. Les guests si fièrement annoncés n’apportent pas grand-chose d’ailleurs, « Birth Of A Tyrant » avec Mantas ne se démarquant pas vraiment du reste du répertoire, malgré un lick tournoyant et redondant, et « Of Magma And War » incarnant une clôture un peu timide malgré un chant extérieur qui permet enfin de voir les débats s’enflammer quelque peu. On sent que le trio a du mal à se détacher de sonorités trop Hardcore pour que leur Thrash nous aplatisse et nous convertisse vraiment, et c’est dommage puisque les musiciens ont largement le potentiel pour accoucher d’une œuvre plus dense et solide. Heureusement, la production, solide et claire permet d’apprécier les talents individuels, et la reprise de MEGADETH très fidèle à l’originale profite de ce parti pris à cheval entre Hardcore et Thrash pour claquer. Certes le démarcage de l’original n’est pas flagrant, et Dave peut dormir tranquille, tant le hit de son groupe ne risque pas de pâtir de cette appropriation, mais on sent que les influences de XENOS sont vraiment respectées et adulées (MEGADETH, ANNIHILATOR, SLAYER, XENTRIX). Mais on aurait aimé que les italiens se rapprochent un peu plus de SLAYER et s’éloignent un peu de cette relecture scolaire de plans typiquement eighties, et je ne saurais que trop conseiller au groupe de se trouver un véritable vocaliste, au timbre moins hésitant. En effet, le Thrash a souvent souffert de choix vocaux hasardeux et de chanteurs ne l’étant pas vraiment, ce qui représente toujours un handicap difficile à combler.
Ajoutez à ça des compos qui ne brillent pas par leur audace, et vous obtenez un album encore trop standard et anecdotique, qui risque de se noyer dans la masse de sorties vintage de cette année déjà bien entamée.
Titres de l'album :
01. Soldados
02. Filthgrinder
03. Post Apocalypse Breed
04. Birth Of A Tyrant (feat. Jeff "Mantas" Dunn)
05. So Old, So Cold
06. Iconoclast
07. Angel Of Silence
08. Peace Sells (MEGADETH cover)
09. Of Magma And War (feat. Si Cobb)
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