Treize ans de carrière, six ans de hiatus, deux splits, deux full-lenght, voici donc le parcours d’HYRGAL résumé en quelques faits, mais ces mêmes faits peinent à couvrir son champ d’action. Trois ans après leur entame Serpentine, les français reviennent par la grande porte, et une fois encore accompagnés par Gérald et les Acteurs de l’Ombre pour donner une suite à leurs pérégrinations. Toujours fascinés par ce Black franc et massif, les trois musiciens (Clément Flandrois - chant/guitare, Alexis Chiambretto - basse et Nicolas Muller - batterie) proposent donc à l’approche des fêtes de fin d’année leur second album, Fin de Règne, qui au contraire pourrait symboliser leur véritable avènement. Sans provoquer le courroux des Dieux du formalisme, le trio se permet toujours quelques libertés avec la tradition, usant des silences, des mélodies maladives, des breaks inopinés et des instants Ambient pour agrémenter leur violence globale, et les trente-neuf petites minutes de ce second long passent très vite en leur compagnie. Enregistré au Studio du Penitent entre le 20 juin et le 19 août 2020 avec l’aide de Xavier Burnier, Fin de Règne sonne comme le massacre qu’il représente, mais ne dénie pas les allégations de préciosité qui ont toujours entouré ce side-project de SVART CROWN. En résulte une musique foncièrement brutale, qui en appelle aux débuts du BM national, mais qui ose aussi la sophistication Post que l’écurie des Acteurs met en avant avec régularité, ce qui a le don de provoquer un parallèle intéressant entre l’urgence du propos, et la grandeur des ambitions.
Présenté sous la forme d’un splendide digipack dont le livret a été signé conjointement par Le Chien Noir (dessins et artwork) et la paire Guibz/Alexis (graphismes et layout), et dont les pages se partagent entre papier calque et inserts sublimes, Fin de Règne est donc une œuvre d’art complète, de celle qu’on regarde autant qu’on écoute. Et dès l’entrée en lice de la voix de Clément, « Colère Noire » sonne le signal du départ, et la course peut enfin commencer. Cette course est admirablement agencée, et mélange les techniques du sprint et du marathon. Le leader, toujours friand de riffs dissonants et d’une approche vocale raclée dans la grande tradition suédoise, multiplie les motifs, et sa guitare offre un canevas très délié, qui permet aux morceaux de respirer tout en gardant intacte cette puissance infernale. Les textes, toujours aussi léchés sont assez compréhensibles pour qui tend l’oreille, et lorsque retentissent des vers comme « Comme une griffe qui défigure des chefs d’œuvre », ou « Nouvelles ères, nouvelles cibles », on comprend que le trio s’ouvre des perspectives d’avenir assez importantes, suffisamment en tout cas pour transformer ce projet parallèle en entité principale viable.
Si la brutalité est de mise en quasi permanence, les transitions savent aussi s’opérer en douceur et offrir un glissement entre les morceaux. Profitant de la solidité de sa rythmique, Clément se donne à fond, et extirpe de sa guitare les sons les plus froids et stériles pour dépeindre un monde de solitude et de misanthropie, ce qui confère à sa musique une aura très particulière. L’ambiance est glacée, les mots se distinguent dans le brouillard, le mid tempo permet d’écraser tout espoir vain, avant que les blasts à la MAYHEM n’accélèrent le jugement et ne rendent encore plus létales les injonctions. Et si les trois premiers titres partagent bien des constructions et des idées, on sent dès « Ennemi(e)s » que l’atmosphère peut changer du tout au tout grâce à l’insertion de plans plus Heavy et mélodiques, malgré l’insistance brutale de la gorge de Clément. Et cette atmosphère change justement à mi-album, lorsque résonne le processionnel « Sépulcre », monstre de lourdeur et de discordance, qui dévie la trajectoire et nous entraîne dans une longe marche nocturne et funèbre. On, apprécie cette façon de suggérer le mysticisme par des riffs que le grand Tom Warrior aurait pu utiliser dans TRIPTYKON ou sur le légendaire Monotheist, mais l’ombre de PROTON BURST plane aussi au-dessus de ce morceau aux consonances mécaniques et profondément sombres.
Véritable césure à l’hémistiche, « Sépulcre » permet au groupe de dévier de sa ligne bien tracée pour provoquer l’inspiration Black N’Roll et nous servir du DARKTHRONE sur un plateau lors de « Glyphe de Sang », au lick monolithique et englué. Mais loin des clichés du genre, HYRGAL reste toujours aussi ferme dans ses options, et refuse le côté catchy un peu ridicule du Black dilué dans le Rock, pour mieux nous agresser d’une accélération soudaine. Et en cinq morceaux seulement, Fin de Règne valide sa diversité sans nuire à sa cohésion, le trio gardant ce fil rouge liant les morceaux tout en offrant des options variées. Je n’exagérerai pas les choses ici en parlant d’originalité, mais il faut reconnaître que le groupe a acquis une certaine maturité dans le propos, et une singularité qui lui permettent de se distinguer de la concurrence, chose que l’on avait déjà constatée à l’occasion du split partagé avec BA'A et VERFALLEN il y a deux ans. Il est pourtant difficile de nos jours de se démarquer des autres, même lorsqu’on fait partie d’une écurie aussi noble que celle des Acteurs de l’Ombre, qui n’ont pas l’habitude de signer le premier gang de hurleurs encapuchonnés venus.
Et si « Héritier Mort-né » reste classique dans son déroulé et reprend plus ou moins les schémas déjà esquissés, le long et épique final « Triste Sire » nous laisse avec un goût amer dans la bouche, de ceux que l’on ressent lorsque le palais n’est pas rassasié ni l’estomac plein. Quelques morceaux supplémentaires eurent été digérés avec plaisir, même si les sept minutes de ce bouquet final font office de dessert roboratif. Encore une fois, du classicisme, des riffs traditionnels adaptés aux thématiques, un solo lointain complètent lâché, et une impression de folie qui dégénère avant de refermer la porte du château. Avec ce second long, HYRGAL confirme sa place d’espoir solide de la scène BM européenne, et se pave une voie royale vers la reconnaissance. Clément Flandrois, sans provoquer, ni s’écarter de ses convictions parvient à moduler suffisamment son propos pour nous captiver pendant quarante minutes, et Fin de Règne symbolise à merveille l’antithèse que la qualité de la musique met en avant. Je ne vois pas en effet comment le règne du groupe pourrait prendre fin avec un second chapitre de cette qualité littéraire et instrumentale.
Titres de l’album:
01. Colère Noire
02. Malthusien
03. Ennemi(e)s
04. Sépulcre
05. Glyphe de Sang
06. Héritier Mort-né
07. Triste Sire
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