Il y a de très jolis coins à visiter en Italie. La chaîne des Dolomites, Venise, Les Cinque Terre, Florence, Stromboli, Lecce, la Toscane, etc…Mais j’avoue ne jamais avoir entendu parler du pont du diable. Si tel avait été le cas, j’aurais déjà réservé mon billet d’avion, mais dans ce cas précis, pas besoin de sortir de chez soi. Ce pont du Diable n’existe pas réellement, ou seulement dans l’imagination de ses inventeurs. Des italiens justement, turinois pour être plus précis, qui un beau jour de 2020 ont tapé le bœuf ensemble et décidé d’enregistrer un album sous la bannière PONTE DEL DIAVOLO.
PONTE DEL DIAVOLO résulte de l’association de quatre orchestres différents. Des membres de FERALIA, INCHIUVATU, ABJURA et ASKESIS se sont donc retrouvés oisifs pendant un court moment, et en ont profité pour jouer ensemble, dans un registre rudement intéressant, quelque part entre le Doom, le Black, l’Avant-garde et le théâtral. En gros, une sorte de Commedia Del Arte de l’horreur, avec lancinances, sifflements, arrangements biscornus et riffs insistants.
Dans la plus pure tradition progressive transalpine, avec des références à GOBLIN, PREMIATA FORNERIA MARCONI, LE ORME et beaucoup d’autres, PONTE DEL DIAVOLO nous entraîne donc dans une expérience unique, à la frontière des genres, et à peu près aussi engageante qu’un sale fumetti acheté à la gare pour trois francs six sous.
Erba del Diavolo (chant), Krhura Abro (basse), Kratom (basse), Segale Cornuta (batterie) et Nerium (guitares) se détachent nettement du reste de la production Doom par une gestuelle très personnelle, entre mélancolie morbide et spleen macabre. Affirmant leur unicité dès le premier morceau, « Demone », le quintet s’éloigne des sentiers rebattus, et évoque SEXWITCH, ELEND, et une multitude d’autres artistes ayant un jour décidé de ne rien faire comme les autres.
Mais l’originalité est une chose, la viabilité en est une autre. Et la prouesse de ce nouveau concept est justement d’avoir trouvé le bon équilibre entre les deux, pour produire une musique riche et déroutante. « Red as the Sex of She Who Lives in Death » en est un parfait exemple, avec ses volutes de voix féminines, ses chœurs incantatoires presque Pop, et sa rythmique lourde et insistante. Acceptant la violence de quelques blasts bien placés, le quintet joue constamment sur le contraste très prononcé entre Black viral et Doom viscéral, tout en insérant des accents de Heavy Metal des années 70, celui joué par le SAB et tous ses suiveurs.
Ni Blackened Doom ni Doomy Black, Fire Blades From The Tomb n’est pas un compromis, mais une troisième voie diplomatique. Une voie qui emprunte au BM ses traditions bestiales, et au Doom ses répétitions létales. La lenteur processionnelle suivant de très près les enjambées furieuses, il est très difficile de faire la part des choses, et les amateurs d’étiquettes bien précises en seront pour leurs frais.
Et c’est tant mieux. Dans une actualité musicale vouée à la facilité old-school, un tel album fait un bien fou. Comme une fenêtre ouverte qui laisse entrer un filet d’air pur, pour mieux la refermer et vous empêtrer dans l’humidité et le moisi. Composé de six originaux et une reprise, ce premier album est tout simplement parfait pour ce qu’il est. Suffisamment répétitif pour rester homogène, mais subtilement nuancé pour éviter la gêne. « La Razza » témoigne justement de cette envie de longueur et de grandeur, et nous propose un bal masqué de plus de huit minutes, influencé par le GATHERING d’Anneke, et le Black étrange des légions italiennes.
Opéra maudit, avec deux bassistes pour renforcer la gravité du son, Fire Blades From The Tomb est une procession chaotique qui développe un instinct naturel pour générer des cauchemars et autres visions bizarres. En laissant passer quelques miettes de Dark Wave, de Post Rock et de Post Punk, le groupe se garantit une raideur de son qui justement, met en avant ses capacités de métamorphose. Le produit est donc sombre, itératif, et pourra agacer les puristes Doom qui ne supportent pas que le tempo monte dans les tours, tout comme les intransigeants BM que ces décélérations dramatiques démangeront comme des orties.
Mais tous ceux dont l’esprit est ouvert apprécieront ce jeu d’ombre et lumière, et les capacités vocales d’une chanteuse dont la voix est noyée dans la réverb’. La mise en place et l’utilisation de combinaisons régulières témoignent du caractère spontané de l’entreprise, et cette gigantesque jam découle sur un disque d’une importance tout sauf anecdotique.
Desert Rock joué dans un théâtre abandonné, occulte comme les pires exactions de Paul Chain, Fire Blades From The Tomb parlera à tous les admirateurs de Dante Alighieri. Cette poésie musicale qui s’autorise des citations externes comme cette reprise fort à propos de NICK CAVE AND THE BAD SEEDS laisse un goût d’achevé dans les oreilles, et se montre d’une créativité non négligeable. Avec des musiciens venant de tous les horizons, et confrontant leur background, PONTE DEL DIAVOLO brouille nos sens, et nous laisse un peu hagard, une fois les dernières notes évaporées dans la nuit noire de Turin.
A voir comme l’union du GATHERING de l’époque Mandylion et les premiers efforts de MYRKUR, Fire Blades From The Tomb est une aventure peu commune. Un lieu sacré et mythique caché dans les tréfonds des ruelles turinoises, que seuls les initiés connaissent et dont ils éloignent les touristes.
Titres de l’album:
01. Demone
02. Covenant
03. Red as the Sex of She Who Lives in Death
04. La Razza
05. Nocturnal Veil
06. Zero
07. The Weeping Song (NICK CAVE & THE BAD SEEDS cover)
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