Firesign

Dynazty

28/09/2018

Afm Records

Those swedes

C’est un peu de cette manière que nous autres journalistes pourrions entamer au moins trente pour cent des chroniques que nous rédigeons, tant la prédominance scandinave sur la production discographique prend des proportions alarmantes…Pas une semaine ne s’écoule sans la découverte d’un nouveau combo made in Sweden, ou la sortie d’un album d’une des nombreuses références nationales, ce qui pour quelqu’un de mon âge à quelque chose d’étonnant, sinon sidérant…Back to the 80’s, les modèles venus du froid étaient plutôt rares, et assez pour être remarqués, entre EUROPE, les 220 VOLT, TREAT, et autres groupes majeurs ou non, et nous étions loin de nous douter que les musiciens scandinaves allaient un jour monter sur le trône pour occuper la place enviée de plus gros producteurs mondiaux. Mais ce qui est le plus remarquable, c’est que cette patte suédoise est devenue une vraie trademark, comme pouvaient l’être la Pop anglaise des 60’s, le Punk américain de la fin des années 70, ou l’Europop italienne de la fin des années 80. Il semblerait que le créneau du Hard-Rock mélodique soit devenu la chasse gardée d’un petit pays qui autrefois faisait figure de parent pauvre…Mais après tout, qui aurait pu prédire un jour l’explosion du Rock japonais, ou la prédominance du Blackened Thrash sud-américain…Nul n’est à l’abri d’une surprise, sauf que la surprise aujourd’hui, consiste à tomber sur un mauvais groupe de Stockholm ou de Malmö, chose qui semble presque impossible au vu de la qualité des exportations locales…Et en parlant d’exportation, le sujet du jour concerne directement les DYNAZTY, qui en dépit d’un nom de baptême à faire hurler de rire Joan Collins affichent aujourd’hui une carrière exemplaire, depuis leur émergence il y a un peu plus d’une dizaine d’années…

Fondé en 2007 par Love Magnusson et John Berg, guitaristes de leur état, DYNAZTY est l’archétype du groupe suédois obsédé par les mélodies et la puissance, et capable d’allier les deux dans un effort collectif assez admirable. Pas vraiment à la traîne, ce quintette flamboyant au verbe et au son rutilants (Nils Molin - chant, Love Magnusson & Mikael Lavér - guitares, George Egg batterie et Jonathan Olsson - basse) peut se targuer d’avoir produit la bagatelle de six longue-durée en moins de dix ans, puisque leur premier LP, Bring The Thunder fut publié en 2009, et créa la surprise. Surprise qui depuis s’est muée en confirmation, puis en évidence, tant le talent des musiciens est indéniable, au moins tout autant que leurs capacités de compositeurs. Mais il semblerait que depuis quelques albums, les suédois fiers aient trouvé leur son définitif, certainement depuis leur décision de se produire eux-mêmes. Et comme on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même justement, ce son se retrouve ici sur ce dernier né, Firesign, qui confirme que les cinq instrumentistes n’ont plus rien à prouver niveau individualité et qualité. On retrouve sur ce sixième album studio toutes les composantes qui ont fait la force du groupe, à commencer par la plus évidente, cette façon de jouer avec les limites de style pour faire cohabiter la puissance d’un Power Metal flamboyant et la délicatesse d’un Hard-Rock mélodique à la lisière de l’AOR. Néanmoins, et les habitués sauront à quoi s’attendre, inutile de chercher dans les recoins de cette sortie l’intimisme que vous pourriez espérer, ni l’amateurisme si cher à un Rock fragilisé, puisque la maison garde sa tradition de compter sur une production énorme pour mettre en valeur des morceaux larger than life, vous écrasant de leur motifs mélodiques martelés et de leurs rythmiques synthétisées. Les refrains sont une fois de plus taillés pour être repris en chœur dans des stades que le groupe va bien finir par remplir, et les arrangements luxuriants vous en donnent pour votre argent, le tout conférant à Firesign des allures de blockbuster pour les oreilles. Les amoureux d’une musique délicate et élaborée en seront donc pour leur frais, mais les amateurs de sensations fortes et de grand-huit harmonique trouveront leur bonheur parmi les onze chansons proposées, qui une fois assemblées forment une jolie symphonie en hommage à la démesure moderne la plus flagrante.    

Il faut donc accepter les règles du jeu pour apprécier tel album. Inutile de venir vous plaindre d’une quelconque absence de feeling, puisque ici le feeling est justement calibré pour faire trembler les masses, sans aucune connotation péjorative. Les DYNAZTY ne nous prennent pas en traîtres, et continuent le travail entrepris sur les albums précédents, Renatus et Titanic Mass, qui proposaient peu ou prou la même formule à base de couplets travaillés et de refrains assénés. En captant l’air du temps que les moins de vingt ans n’ont pas forcément connu en heure et en l’adaptant à des humeurs modernes, les cinq suédois se placent toujours en convergence de nombreuses influences, incarnant en quelque sorte le centre de gravité d’un triangle équilatéral, partageant ses côtés entre STRATOVARIUS, WORK OF ART et NIGHTWISH. On retrouve la puissance de feu des premiers, la précision mélodique et les thèmes entêtants des seconds, et la grandiloquence symphonique des derniers traduite dans un idiome plus accessible mais tout aussi tape-à-l’œil. Car ici, rien n’est fait pour rester dans l’ombre ou pour tamiser la lumière, on travaille au grand jour, et l’ouverture dantesque de « Breathe With Me » le prouve de sa mine fière et de son ampleur altière. Tube Electro-Metal singeant les nappes de claviers wagnériennes de RAMMSTEIN, les riffs graves et syncopés de THE MURDER OF MY SWEET, et la théâtralité de la vague Symphonic Metal, ce morceau est sans doute l’archétype d’un art séculaire purement scandinave qui lorgnerait du côté du reste de l’Europe pour se mettre à l’abri de la panne d’inspiration. De là, les dés sont jetés, et le reste de l’album va suivre un schéma bien établi, même si les diversions permettront de ne pas trop rester dans le rang sans varier le ton. Ainsi, les arabesques arabisantes de « The Grey » permettent de revenir vers des rivages moins systématiques, même si la recette est identique.

Vitesse, puissance, harmonies, romance, démence et énergie, telles sont les qualités d’un groupe que l’on aime ou que l’on déteste, selon sa conception d’une musique qui finalement, échappe à toute règle. Les plus intègres argueront une fois de plus que les DYNAZTY se contentent d’accumuler les couches sonores pour tenter de ressembler à une version AOR des expérimentations passées de Phil Spector soudainement épaulé par Alessandro Del Vecchio, mais les moins aigris sauront reconnaître le savoir-faire d’un groupe qui a quasiment inventé le Power-AOR a lui seul, n’ayant que très peu d’équivalent sur la scène internationale. Et autant le reconnaître, tout ceci est très bien fait. Du traumatique « In The Arms Of a Devil », au refrain une fois de plus assez énorme pour combler le Grand Canyon, au flair up-tempo de « Closing Doors » qui ressemble en tout point à une fausse reprise d’un tube 80’s inconnu par les THE LOCAL BAND, en passant par les ambitions faussement progressives affichées par le percutant et cinématique « Ascension », tout est millimétré pour sonner parfait, et on finit par se faire avoir par un album ou chaque virgule musicale semble à sa place parfaite. Comme en outre, les performances individuelles sont au-dessus de tout soupçon, et malgré des sonorités de clavier proéminentes et plus agaçantes qu’obsédantes, le résultat est une fois encore admirable, pour peu que l’on tolère la démesure comme facteur indispensable à la composition d’un morceau de Hard-Rock sur-mesure. Mais puisqu’il faut bien dire la vérité, et malgré des redites et exagérations passagères, Firesign est un incendie musical aux répercussions énormes, qui conforte les suédois dans leur rôle de leader de leur propre cour.   


Titres de l'album :

                           01 - Breathe With Me

                           02 - The Grey

                           03 - In The Arms Of A Devil

                           04 - My Darkest Hour

                           05 - Ascension

                           06 - Firesign

                           07 - Closing Doors

                           08 - Follow Me

                           09 - Let Me Dream Forever

                           10 - Starfall

                           11 - The Light Inside The Tunnel

Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 23/10/2018 à 16:35
78 %    1263
Derniers articles

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report

Datcha Mandala

mortne2001 22/03/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Sleeping Church Records

Merci pour cette magnifique chronique !

02/05/2025, 08:30

DPD

Pourquoi, cher Caca, tu as des soucis toi avec les subventions ?

02/05/2025, 07:34

Caca

on en crève des subventions...

02/05/2025, 06:12

DPD

Reste Peste Noire qui chante en français.

01/05/2025, 23:53

DPD

Oui les subventions il suffit d'un pas qu'ils perçoivent de travers (ce qui n'est pas forcément le cas dans une scène) et t'es hors système. C'est un immense problème, peu importe ou l'on se situe économiquement, dans le syst(...)

01/05/2025, 23:51

Jus de cadavre

Je suis sur le dernier de mon côté, Malignant Worthlessness, sorti cette année. Du tout bon, même si il n'y a plus l'effet découverte "c'est qui ces tarés !?"

01/05/2025, 22:41

RBD

Tout le monde voyait bien ces difficultés dans l’activité de la salle depuis la pandémie, et j’étais au courant par plusieurs biais des soucis d’un autre ordre. Les lecteurs de Metalnews savent bien que je suis un habitué des lieux depuis vingt(...)

01/05/2025, 21:22

DPD

Je sais bien que je tourne en rond mais le principale problème c'est le manque de renouvellement du public, autant j'ai maudit ces courant type metalcore/deathcore, ils apportaient un nouveau public. Je suis trentenaire et parfois je me sens jeune dans un concert black/death meta(...)

01/05/2025, 19:06

totoro

Le nouveau line-up est top ! Mais le morceau ne me fait pas grimper au rideau... Finalement j'aime Suicidal quand c'est plus Metal que Punk, avec les solis magiques de Rocky George. Bref, je suis un nostalgique, et même si je serai intéressé pour revoir le groupe sur(...)

01/05/2025, 17:54

Bl00db4th

Qui écoute encore cet album en 2025? Groupe que je découvre que maintenant... Quel album ! Tourne en boucle

01/05/2025, 16:57

Simony

Bah c'est très moderne en effet et malheureusement, je ne sais pas si le public de ce style en core est très assidu aux festivals. Au-delà du fait que le niveau de popularité des groupes soit un ton en dessous par rapport au passé glorieux du festival. Mais(...)

01/05/2025, 09:15

Simony

Il y a vraiment un problème de la place de la culture dans notre société...

01/05/2025, 09:11

fecal prout

@LeMoustre : ok boomer

01/05/2025, 06:58

LeMoustre

C'est a chier l'affiche

30/04/2025, 18:41

Whiskey

C'est clair que ça fait mal au cul de voir la prog' du festival depuis quelques années... faut pas s'étonner hélas que le public se fasse de moins en moins nombreux, alors qu'avant le Covid l'affiche avait chaque année de la gueule !

29/04/2025, 13:37

Humungus

Hâte ! Hâte !

29/04/2025, 11:03

Buck Dancer

Première écoute décevante, la seconde plus convaincante. Malgré tout un peu déçu après le très bon World Gone Mad

29/04/2025, 08:26

DPD

Bordel on l'avait tellement bien,on s'est pas remdi compte.

29/04/2025, 02:34

DPD

Et pitié plus jamais de thrash//bllack/death à la con, choisit ton camp camarade !.

29/04/2025, 02:27

DPD

Je veux une scène vivante et organique voilà tout. Je constate une baisse en qualité, la scène metal ressemble de plus en plus à un musé. Mon expérience c'est que tu as un bon groupe sur 4 dans une soirée live maintenant. Il y a pas si (...)

29/04/2025, 02:24