Firespawn

Deathfucker

16/06/2021

Cavernous Records

J’avais exactement besoin de ça. Oui, c’est la vérité, après avoir encaissé de petites calottes nostalgiques à peine capables de secouer la barbe de Scott Ian, ce gigantesque pain dans la tronche asséné par les italiens de DEATHFUCKER fait un bien fou, et fait tomber les derniers chicots qui restaient encore accrochés à la mâchoire. Fondé en 2015 en Lombardie, ce trio de dégénérés congénitaux nous propose donc la mixture Death/Thrash/Black la plus efficace du marché, et ce, en faisant simplement appel à des recettes éprouvées par les cadors de chaque genre qu’ils abordent. Entre un INCUBUS privé de goûter, un DEMOLITION HAMMER coincé sur un chantier de destruction, un MORBID ANGEL tournant fou après une énième écoute de POSSESSED et un RECIPIENTS OF DEATH carburant à la nitro, DEATHFUCKER jette toutes ses forces dans la bataille contre Dieu et impose le diable comme nouvelle figure christique, à grands coups de rythmique nucléaire et de riffs en barbelés. La performance n’en est que plus époustouflante, d’autant que l’intensité ne retombe nullement durant quarante minutes.

Pest (basse), J.K (batterie) et Insulter (guitare/chant) prouvent donc avec ce premier jet que la nostalgie peut-être appropriée pour sonner plus personnelle, en s’éloignant des facilités inhérentes à la reprise de thèmes dans le texte. Ainsi, après une longue intro rampante et grondante, « Firespawn » explose enfin d’une rage satanique promettant une partouze gigantesque sur des terres brûlées et désolées, mais c’est véritablement l’atomisation « Damnation Strikes » qui nous fait fondre la face come des radiations émanant d’une centrale aux fuites conséquentes.

Après une démo, un EP et un split, les italiens donnent donc la mesure de leur talent dans la colère et le blasphème et autant dire que le choc frontal fait craquer le crane avant hémorragie interne. Sans vouloir atténuer l’impact de certaines sorties antérieures, Firespawn a de véritables airs d’incendie mondial que seule une mort globale pourrait éteindre, et alors qu’on se dit au fil des minutes égrenées que la tension va fatalement retomber, le groupe insiste, persiste et signe, et accélère même un tempo déjà déraisonnable. Dans la veine d’un WARFECT passé entre les mains néfastes d’Umbrella Corporation, DEATHFUCKER est un monstre de puissance aux muscles hybrides, le genre de machin qui prend la mort en levrette sur le comptoir d’un laboratoire souterrain, la limant de riffs mortels et de poussées de fièvre en coups de rein, avant de la laisser la rondelle sanglante sur le sol, agonisant de sa propre fin.

Autant le dire, je n’avais pas entendu boucherie pareille depuis le séminal Beyond the Unknown d’INCUBUS. Epais comme un glaviot à la face du bon goût, ce premier album est tellement énervé qu’il se vautre dans les blasts comme les païens dans les cultes douteux (« Sacrificial Slaughter »), et passe pour le petit fils légitime de Seven Churches, après avoir reçu une éducation extrême plus pointue.

Collectif sidérant de précision, individualités plus que notables, batteur en poumon inépuisable qui maltraite sa caisse claire et qui torture ses futs de fills supersoniques et sadiques, basse qui lie le tout comme une sauce, DEATHFUCKER est l’illustration de la vilénie musicale la plus symptomatique des nineties, lorsque les thrasheurs des années 80 augmentaient la pression pour se rapprocher du Death et donner naissance au Crossover le plus laid et violent du marché. « Emissaries Of Hatred » donne un petit aperçu de la densité cherchée par les italiens, qui bénéficient d’une excellente production ne noyant pas les détails et autres harmonies dans un brouet imbuvable. Soli lointains noyés dans l’écho, patine Death américaine palpable par tous les pores, emprunts à SLAYER pour rendre la monnaie à SADUS, tout y passe, et on en a pour notre argent, la violence ne se démentant jamais au profit d’une accalmie en mid incongrue dans le contexte.

Totalement cramés du bulbe, les trois italiens continuent leur travail de sape sans se demander si le fond du trou n’a pas déjà été atteint, et si les fondations n’ont pas disparu dès le troisième morceau. On reste totalement admiratif face à cette débauche de bestialité clinique (« Plague Descends »), face à cet acharnement dans la brutalité, et sans faire appel à des astuces ou des arrangements douteux, les DEATHFUCKER foncent dans le tas comme de grosses brutes avides de sang et de cris de douleur.

« Hail, Predator! » accentue encore plus les instincts sadiques, « Violated Salvation » module un peu les BPM mais reste aussi féroce, et « Where Life Dwells In Woe » offre le concassage rêvé en épilogue, nous laissant avec nos molaires dans les mains et les mains tenant fermement notre tête. Plus qu’un premier album, Firespawn est un massacre dans les grandes largeurs, et l’album de Death/Thrash de l’année, reléguant la concurrence au rang de poids coq se prenant une branlée honteuse à peine montés sur le ring.        

    

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Firespawn

02. Damnation Strikes

03. Sacrificial Slaughter

04. Emissaries Of Hatred

05. Plague Descends

06. Temple Of Adoration

07. Hail, Predator!

08. Violated Salvation

09. Where Life Dwells In Woe


Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 15/08/2021 à 15:26
90 %    1203

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


LeMoustre
@93.4.16.166
06/09/2021, 13:24:16

Commandé direct. Merci pour cette mise en lumière

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report

Datcha Mandala

mortne2001 22/03/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Gargan

Y’en a qui viennent ? (Dans la Vienne

02/05/2025, 21:44

Sleeping Church Records

Merci pour cette magnifique chronique !

02/05/2025, 08:30

DPD

Pourquoi, cher Caca, tu as des soucis toi avec les subventions ?

02/05/2025, 07:34

Caca

on en crève des subventions...

02/05/2025, 06:12

DPD

Reste Peste Noire qui chante en français.

01/05/2025, 23:53

DPD

Oui les subventions il suffit d'un pas qu'ils perçoivent de travers (ce qui n'est pas forcément le cas dans une scène) et t'es hors système. C'est un immense problème, peu importe ou l'on se situe économiquement, dans le syst(...)

01/05/2025, 23:51

Jus de cadavre

Je suis sur le dernier de mon côté, Malignant Worthlessness, sorti cette année. Du tout bon, même si il n'y a plus l'effet découverte "c'est qui ces tarés !?"

01/05/2025, 22:41

RBD

Tout le monde voyait bien ces difficultés dans l’activité de la salle depuis la pandémie, et j’étais au courant par plusieurs biais des soucis d’un autre ordre. Les lecteurs de Metalnews savent bien que je suis un habitué des lieux depuis vingt(...)

01/05/2025, 21:22

DPD

Je sais bien que je tourne en rond mais le principale problème c'est le manque de renouvellement du public, autant j'ai maudit ces courant type metalcore/deathcore, ils apportaient un nouveau public. Je suis trentenaire et parfois je me sens jeune dans un concert black/death meta(...)

01/05/2025, 19:06

totoro

Le nouveau line-up est top ! Mais le morceau ne me fait pas grimper au rideau... Finalement j'aime Suicidal quand c'est plus Metal que Punk, avec les solis magiques de Rocky George. Bref, je suis un nostalgique, et même si je serai intéressé pour revoir le groupe sur(...)

01/05/2025, 17:54

Bl00db4th

Qui écoute encore cet album en 2025? Groupe que je découvre que maintenant... Quel album ! Tourne en boucle

01/05/2025, 16:57

Simony

Bah c'est très moderne en effet et malheureusement, je ne sais pas si le public de ce style en core est très assidu aux festivals. Au-delà du fait que le niveau de popularité des groupes soit un ton en dessous par rapport au passé glorieux du festival. Mais(...)

01/05/2025, 09:15

Simony

Il y a vraiment un problème de la place de la culture dans notre société...

01/05/2025, 09:11

fecal prout

@LeMoustre : ok boomer

01/05/2025, 06:58

LeMoustre

C'est a chier l'affiche

30/04/2025, 18:41

Whiskey

C'est clair que ça fait mal au cul de voir la prog' du festival depuis quelques années... faut pas s'étonner hélas que le public se fasse de moins en moins nombreux, alors qu'avant le Covid l'affiche avait chaque année de la gueule !

29/04/2025, 13:37

Humungus

Hâte ! Hâte !

29/04/2025, 11:03

Buck Dancer

Première écoute décevante, la seconde plus convaincante. Malgré tout un peu déçu après le très bon World Gone Mad

29/04/2025, 08:26

DPD

Bordel on l'avait tellement bien,on s'est pas remdi compte.

29/04/2025, 02:34

DPD

Et pitié plus jamais de thrash//bllack/death à la con, choisit ton camp camarade !.

29/04/2025, 02:27