J’avais exactement besoin de ça. Oui, c’est la vérité, après avoir encaissé de petites calottes nostalgiques à peine capables de secouer la barbe de Scott Ian, ce gigantesque pain dans la tronche asséné par les italiens de DEATHFUCKER fait un bien fou, et fait tomber les derniers chicots qui restaient encore accrochés à la mâchoire. Fondé en 2015 en Lombardie, ce trio de dégénérés congénitaux nous propose donc la mixture Death/Thrash/Black la plus efficace du marché, et ce, en faisant simplement appel à des recettes éprouvées par les cadors de chaque genre qu’ils abordent. Entre un INCUBUS privé de goûter, un DEMOLITION HAMMER coincé sur un chantier de destruction, un MORBID ANGEL tournant fou après une énième écoute de POSSESSED et un RECIPIENTS OF DEATH carburant à la nitro, DEATHFUCKER jette toutes ses forces dans la bataille contre Dieu et impose le diable comme nouvelle figure christique, à grands coups de rythmique nucléaire et de riffs en barbelés. La performance n’en est que plus époustouflante, d’autant que l’intensité ne retombe nullement durant quarante minutes.
Pest (basse), J.K (batterie) et Insulter (guitare/chant) prouvent donc avec ce premier jet que la nostalgie peut-être appropriée pour sonner plus personnelle, en s’éloignant des facilités inhérentes à la reprise de thèmes dans le texte. Ainsi, après une longue intro rampante et grondante, « Firespawn » explose enfin d’une rage satanique promettant une partouze gigantesque sur des terres brûlées et désolées, mais c’est véritablement l’atomisation « Damnation Strikes » qui nous fait fondre la face come des radiations émanant d’une centrale aux fuites conséquentes.
Après une démo, un EP et un split, les italiens donnent donc la mesure de leur talent dans la colère et le blasphème et autant dire que le choc frontal fait craquer le crane avant hémorragie interne. Sans vouloir atténuer l’impact de certaines sorties antérieures, Firespawn a de véritables airs d’incendie mondial que seule une mort globale pourrait éteindre, et alors qu’on se dit au fil des minutes égrenées que la tension va fatalement retomber, le groupe insiste, persiste et signe, et accélère même un tempo déjà déraisonnable. Dans la veine d’un WARFECT passé entre les mains néfastes d’Umbrella Corporation, DEATHFUCKER est un monstre de puissance aux muscles hybrides, le genre de machin qui prend la mort en levrette sur le comptoir d’un laboratoire souterrain, la limant de riffs mortels et de poussées de fièvre en coups de rein, avant de la laisser la rondelle sanglante sur le sol, agonisant de sa propre fin.
Autant le dire, je n’avais pas entendu boucherie pareille depuis le séminal Beyond the Unknown d’INCUBUS. Epais comme un glaviot à la face du bon goût, ce premier album est tellement énervé qu’il se vautre dans les blasts comme les païens dans les cultes douteux (« Sacrificial Slaughter »), et passe pour le petit fils légitime de Seven Churches, après avoir reçu une éducation extrême plus pointue.
Collectif sidérant de précision, individualités plus que notables, batteur en poumon inépuisable qui maltraite sa caisse claire et qui torture ses futs de fills supersoniques et sadiques, basse qui lie le tout comme une sauce, DEATHFUCKER est l’illustration de la vilénie musicale la plus symptomatique des nineties, lorsque les thrasheurs des années 80 augmentaient la pression pour se rapprocher du Death et donner naissance au Crossover le plus laid et violent du marché. « Emissaries Of Hatred » donne un petit aperçu de la densité cherchée par les italiens, qui bénéficient d’une excellente production ne noyant pas les détails et autres harmonies dans un brouet imbuvable. Soli lointains noyés dans l’écho, patine Death américaine palpable par tous les pores, emprunts à SLAYER pour rendre la monnaie à SADUS, tout y passe, et on en a pour notre argent, la violence ne se démentant jamais au profit d’une accalmie en mid incongrue dans le contexte.
Totalement cramés du bulbe, les trois italiens continuent leur travail de sape sans se demander si le fond du trou n’a pas déjà été atteint, et si les fondations n’ont pas disparu dès le troisième morceau. On reste totalement admiratif face à cette débauche de bestialité clinique (« Plague Descends »), face à cet acharnement dans la brutalité, et sans faire appel à des astuces ou des arrangements douteux, les DEATHFUCKER foncent dans le tas comme de grosses brutes avides de sang et de cris de douleur.
« Hail, Predator! » accentue encore plus les instincts sadiques, « Violated Salvation » module un peu les BPM mais reste aussi féroce, et « Where Life Dwells In Woe » offre le concassage rêvé en épilogue, nous laissant avec nos molaires dans les mains et les mains tenant fermement notre tête. Plus qu’un premier album, Firespawn est un massacre dans les grandes largeurs, et l’album de Death/Thrash de l’année, reléguant la concurrence au rang de poids coq se prenant une branlée honteuse à peine montés sur le ring.
Titres de l’album:
01. Firespawn
02. Damnation Strikes
03. Sacrificial Slaughter
04. Emissaries Of Hatred
05. Plague Descends
06. Temple Of Adoration
07. Hail, Predator!
08. Violated Salvation
09. Where Life Dwells In Woe
Commandé direct. Merci pour cette mise en lumière
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