Cinq ans après leur premier EP que j’avais chroniqué en ces colonnes, les toulonnais d’ANTAGONISM reviennent avec un second long, qui succède donc au très réussi World on Disease. J’avais à l’époque usé de formules assez définitives pour décrire l’approche des français, rhétorique parfaitement résumée par cette longue phrase :
Osons le dire, les ANTAGONISM avec Thrashocalypse ont réussi la synthèse parfaite entre le Thrash d’hier et le Groove d’aujourd’hui, offrant une jonction temporelle juxtaposant l’accroche contemporaine d’un gros son et l’attitude bravache d’une nostalgie qui n’a pas oublié comment ruer dans les brancards avec intelligence.
Ai-je changé d’avis entre temps ? Pas le moins du monde puisque ce First In, First Out exhibe une musculature conséquente de bodybuilder en pleine séance de digestion de fonte, quelque part entre Speed/Thrash, Groove, old-school et percée individuelle. A la manière d’un PANTERA poli rendant hommage à METALLICA et EXODUS, ANTAGONISM use d’armes classiques, mais se montre sous un profil avantageux, rythmiquement fiévreux, mélodiquement furieux, et totalement classieux. Ce second long est donc la confirmation que nous attendions pour bombarder le quatuor chef de file de la nouvelle vague nostalgique française, et la preuve que notre beau pays héberge en son sein des furieux capables d’attirer les curieux.
Raphaël Gloaguen (batterie), Félix Cleyet-Marrel (guitare), Dylan Anger (guitare/chant) et Renan Garriguenc (basse, depuis 2019) nous proposent donc une dizaine de morceaux épais en tympans, pour un passage en revue conséquent des travaux de la Bay-Area depuis la fin des années 80. Mais ce retour en force s’accompagne aussi d’un message très clair, la pochette transformant notre beau président ainsi que quelques-uns de ses fidèles lieutenants en zombies dans un paysage d’apocalypse western assez réussi. Macron, Dupond-Moretti, Schiappa et les autres en prennent donc salement pour leur grade, et se transforment en marcheurs hagards arpentant le sol d’un monde dépeuplé de toute illusion, et la musique choisie comme bande-son s’accommode très bien de cette thématique, entre Thrash lourd et compact et Speed/Groove coulé et bavé.
Pochette ad hoc, musique pas toc, le rendu est donc très effectif, et on se prend vite d’affection pour un album, qui s’il ne propose rien de neuf, recycle avec flair en toute indépendance de ton. Ainsi, un pavé comme « Biohazard » permet d’apprécier toute l’influence qu’a pu avoir METALLICA sur la nouvelle génération, alors que l’ouverture explosive de « A Life for a Dollar » balance une pièce dans le juke-box des années 90 pour nous faire gesticuler sur du MEGADETH et du EXODUS pleine bourre.
Se montrant allusif à tous les sous-courants d’un Thrash aussi moderne qu’il n’est passéiste, First In, First Out est une sorte de Big4 à lui tout seul, entre nostalgie assumée et puissance affirmée. Le chant mordant et assez proche d’un Hetfield énervé de Dylan Anger est toujours aussi colérique et fumasse, et la complémentarité entre sa guitare et celle de Félix Cleyet-Marrel est toujours aussi probante. De fait, ce deuxième album gomme tous les petits défauts éventuels pour présenter une copie immaculée, au verbe varié, et au propos fondé.
Très uni dans l’infini, les quatre musiciens n’ont eu qu’à mettre leur talent individuel au service d’un collectif soudé, produisant de petites perles presque progressives comme ce « City of Love » qui n’est qu’amour du Speed et passion du Thrash à la Mustaine des nineties. Mais ces influences, aussi présentes soient-elles ne dissimulent pas derrière un écran de fumée le manque d’inspiration personnelle d’un groupe qui sait parfaitement ce qu’il fait, et qui avance à son rythme, assez enlevé. Et alors que le METALLICA 2023 se contente de recycler des idées déjà réchauffées en se reposant sur sa légende, ANTAGONISM mélange, brasse et fusionne avec une facilité déconcertante. Et à ce titre, certains morceaux contiennent plus d’idées et de plans accrocheurs que le prochain album des METS à venir dans son intégralité.
Nulle envie de ma part de faire passer les toulonnais pour ce qu’ils ne sont pas. Il n’y a rien d‘original à retirer de cette nouvelle cuvée, puisque l’hommage direct est l’argument majeur. Mais on prend note d’une réelle volonté de traduire un langage ancien dans un dialecte plus moderne, quelque part entre CRISIX et CHANNEL ZERO, avec un réel don pour extirper des guitares les riffs les plus mémorisables (« Valley of the Monolith »).
Rien à jeter, tout à headbanguer. Et lorsque l’émotion s’invite à la table des négociations via l’intense « L'Oracle », on se retrouve en plein dans les eighties de SCORPIONS qui dégénèrent en Metal en fusion.
Bravo donc à nos quatre pistoléros qui une fois encore touchent le cœur de la cible, profitant de l’occasion pour envoyer un message à nos dirigeants. Contenu et contenant en totale harmonie pour une véritable tuerie qui condamnera les premiers sortis comme les derniers arrivés.
Titres de l’album:
01. A Life for a Dollar
02. First in First out
03. Whoever Sows Injustice...
04. ... Harvests Misfortune
05. Biohazard
06. City of Love
07. 215
08. Valley of the Monolith
09. L'Oracle (feat. Ranko)
10. Dysphobia
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