Six ans après leur dernier témoignage morbide en date, les finlandais de LIE IN RUINS reviennent pour raser les rares bâtiments encore debout, et semblent avoir légèrement changé de formule. Là où Towards Divine Death jouait clairement avec les limites de durée en proposant des morceaux de plus de dix minutes pour un massacre global de plus d’une heure dix - divisant ainsi le public - Floating in Timeless Streams préfère la concision et la règle des quarante, avec huit morceaux et deux interludes histoire de proposer une attaque plus concise et destructrice. Avec vingt-sept ans de parcours dans les pattes, dont dix-huit sous la bannière LIE IN RUINS, les musiciens ont donc opté pour une formule plus à-propos, et signent ainsi l’album le plus puissant et vil de leur carrière. Et c’est avec plaisir que nous retrouvons les deux guitaristes Tuomas K. et Roni Ä., toujours soutenus par le chant raclé de Roni S., pour des compositions propulsées par la nouvelle centrale nucléaire Jussi-Pekka Manner, également membre de CORPSESSED. Plus question donc de longues et interminables litanies à la « Of Darkness and Blackened Fire » ou « Beneath the Surface », qui terminaient le précédent album dans une rage longue de vingt minutes, puisque le morceau le plus achevé de ce troisième longue-durée piétine tout juste les six minutes. Non que le groupe ait renoncé à ses ambitions macabres et violentes, mais il a tout simplement compris qu’il était parvenu au bout d’une formule extrême, et réalisé qu’il était temps d’adopter une approche plus simple et franche, ce qui a le don de rendre ce terrifiant Floating in Timeless Streams encore plus effrayant et massif.
Production gigantesque, avec une batterie qui se donne de faux-airs de pelleteuse empilant les corps dans un charnier forestier, chant d’outre-tombe, riffs les plus létaux possibles, le tout est évidemment classique pour du Death finlandais, mais d’une efficacité dans la méchanceté assez inégalée sur la scène contemporaine. Et si les rares critiques ayant tendu une oreille attentive à ce nouveau mort-né lui ont déjà offert la médaille du « meilleur album », il convient de voir en leur enthousiasme peut-être prématuré une vérité : Floating in Timeless Streams est un massacre dans les grandes largeurs, et rivalise sans peine avec les productions nineties du genre, de celles qui l’ont défini pour l’éternité. Mixé et masterisé au Trollhouse Audio, ce troisième tome des aventures post-mortem de LIE IN RUINS dévoile une quête d’absolu, une envie de néant, un carnage organisé dans les grandes lignes pour laisser les détails ensanglanter les oreilles des auditeurs perdus. Avec toujours en exergue ce mélange de violence abrupte et cette démence dans l’agencement de mélodies acides, le groupe résume en quelques sorte son parcours avec un synthétisme remarquable, et nous offre donc le meilleur de son crédo sans avoir à le rabâcher de longues minutes durant. Certes, la musique est toujours la même, sombre, glauque et poisseuse, mais avec un métrage taillé dans le gras, l’efficacité n’en est que plus manifeste, et la puissance décuplée. Si d’ordinaire les finlandais ne s’épanouissaient que dans les humeurs longues et traînantes, ils semblent avoir trouvé une certaine sérénité dans la brièveté, ce qui leur va à ravir.
On s’en rend évidemment compte à l’écoute de certains tranches d’agonie de la verve de « (Becoming) One With the Aether », qui en trois minutes et quelques développe les bons arguments, pour ne pas lasser. On pense à un AUTOPSY fraichement sorti de sa tombe pour réclamer sa dime, et la production un peu louche permet d’apprécier la déviance vocale d’un chanteur qui n’hésite jamais à en demander trop à ses cordes vocales. D’un autre côté, les riffs des deux principaux compositeurs restent classiques et ancrés dans la tradition, avec ce mélange de vibrato tripoté à l’excès et ces sons tournoyants qui ne sont pas sans évoquer des vautours planant bas pour trouver leur pitance. Rien de révolutionnaire en soi, mais une immédiateté qui fait plaisir aux instincts sadiques, d’autant que Jussi-Pekka Manner a parfaitement trouvé sa place dans le groupe et cogne exactement comme il le faut. Mais ce qu’on attend d’un album de LIE IN RUINS, ce sont aussi ces plus longues suites lugubres qui nous replongent dans le cauchemar d’années 90 consacrées à l’exploration d’un univers Lovecraftien, et « Spectral Realms of Fornication » de nous injecter la bonne dose de ténèbres pour nous rassurer quant à l’état de santé défaillant des protagonistes en action. Avec des blasts qui tirent la bourre à des downtempi vraiment oppressants, ce troisième tome tisse les bonnes ambiances, n’en fait jamais trop, mais renifle les linceuls pour humer la bonne odeur de putréfaction.
Décoré de deux intermèdes mélodiques créant une atmosphère légèrement menaçante, Floating in Timeless Streams pourrait donc bien être l’achèvement le plus conséquent de la carrière des finlandais. On y trouve les ambitions de Towards Divine Death, ramenées à une échelle raisonnable, la « fraîcheur » de Swallowed by the Void, et une envie renouvelée, certainement boostée par ce choix de raccourcir les errances pour ne perdre personne en route. Certes, les fans argueront peut-être d’une perte partielle d’identité, mais ne pourront contredire cette acuité et cette pertinence dans la violence qui faisait souvent défaut aux deux albums précédents. Il n’y a aucun mal à réaliser qu’on est parfois un peu trop bavard, et avec des titres condensés comme « Descending Further », LIE IN RUINS se paie le luxe d’incarner une certaine vision idyllique du Death finnois, avec en exergue une multiplicité dans l’attaque des riffs, et des changements de tempo toujours aussi cruels.
Belle réussite donc que ce troisième album qui permet aux originaires d’Espoo de marquer les esprits de leur puissance et non de leur insistance, et qui pave une voie royale pour la suite des évènements. Car quand la nourriture est plus digeste, on a tendance à y revenir plus souvent en cas de fringale nocturne.
Titres de l’album:
01. Earth Shall Mourn
02. Spectral Realms of Fornication
03. Interlude I
04. (Becoming) One With the Aether
04. Drowned
06. The Path
07. Descending Further
08. Suffocating Darkness
09. Interlude II
10. Where Mountains Sleep
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