Sortir un album instrumental axé sur les guitares alors que l’année 2019 se profile à l’horizon des sapins ? Quelle étrange idée…Mais paradoxalement, beaucoup moins incongrue que d’avoir fait la même chose en 1988, alors que le genre connaissait justement une surdose médicamenteuse de disques démonstratifs, et que même le sacro-saint Billboard ouvrait ses classements aux artistes egocentriques. Bien évidemment, les spécialistes de l’instrument vous confieront tous avec une confiance absolue que dans le créneau, il est impossible de prôner de nouvelles valeurs, mais les amateurs eux, sauront faire la différence entre inné et acquis et attendront d’en savoir plus avant d’émettre un jugement. Et finalement, les australiens de NYU. Sont beaucoup plus intelligents qu’on aurait pu le croire à la première lecture, puisque ce choix osé s’avère payant, et sacrément original dans la production actuelle qui préfère de loin les courants extrêmes et les concepts faussement novateurs. Nous en venant donc de Newcastle en Australie, ce trio iconoclaste se présente donc au monde avec un premier EP carte de visite, qui fait étalage de leurs capacités d’instrumentistes, mais aussi de compositeurs et d’imagineurs, si vous me pardonnez le néologisme pourtant parfaitement adapté à leur démarché plurielle et culotté. Pas beaucoup d’informations à se mettre sous la dent, d’autant plus que ces animaux refusent toute bio, mais nous n’avons guère besoin d’éléments formels pour apprécier cette première liravsion, qui se présente sous l’aspect d’un ensemble six titres, évoquant tout autant l’univers de Zappa père et fils que celui des DREAM THEATER, de RUSH, des ANIMALS AS LEADERS (en nuance et filigrane plus que dans les faits), Scott HENDERSON et TRIBAL TECH, mais aussi Satriani, par à-coups, les PEROPERO, ZEUS pour ces constructions rythmiques élastiques, et bien d’autres références que vous saurez identifier au fur et à mesure.
Instrumental donc, mais qui ne rime ni avec banal, ni avec anormal. Une sorte d’entre-deux, un partage de garde entre l’originalité et la fantaisie, très bien illustré par cette pochette colorée en dégoulinage de peinture. Formé de trois musiciens au bagage certain (Seth Murrant et Zac Norris - guitares et Lachlan McMaster - batterie), NYU. est un véhicule fabuleux pour un surplus de mélodies travaillées et de rythmiques appuyées, puis relâchées, qui nous entraîne aux confins des possibilités du mode instrumental, travaillant un nouveau vocable pour pallier à l’absence totale d’expression vocale. Et pour être franc, et malgré les moins de trente minutes qui pourraient expliquer ceci, Flux n’ennuie jamais, ne lasse que très rarement au détour d’un plan un peu redondant, et se montre inventif, ludique, mais surtout terriblement accrocheur puisque toutes les chansons ont leur identité propre et leur couleur personnelle. En dosant admirablement bien leurs efforts, les amis australiens nous proposent donc un bel éventail de possibilités, en convergence d’un Djent vraiment light, d’un Jazz-Rock vulgarisé, d’un Hard Rock tamisé, et d’un progressif en humilité, enrobant le tout dans une production très agréable, équilibrée, aux médiums softs et aux graves polis. En témoigne la fausse rudesse de « Rude », qui justement pourrait passer pour un inédit de LIQUID TENSION EXPERIMENT, sans les digressions interminables de Jordan Ruddess au clavier, et atténué d’un esprit presque West-Coast des années 80. Un choix qui s’avère payant, puisqu’il nous séduit d’emblée, notamment grâce à ces petits licks mélodiques diaboliques et ces arrangements qui occupent pertinemment l’espace sans empiéter sur l’instrumentation. C’est probablement aussi nerveux qu’heureux, avec quelques bulles de savon à la Dweezil Zappa, lui qui avait compris que le soleil du talent n’éclate jamais aussi brillamment qu’au travers d’un prisme humoristique. Pas de craintes à avoir donc de voir le projet sombrer dans le démonstratif roboratif, puisque les trois acolytes ont bien pigé que seule l’unité pouvait les imposer, et non les flagorneries individuelles. Pour autant, inutile de nier que niveau talent, Seth, Zac et Lachlan n’ont rien à envier à nombre de leurs illustres aînés, évidence qu’ils mettent en exergue sur le sémillant « Tesla », qui une fois encore vient titiller la corde sensible Petrucci/Portnoy qui sommeille en nous. Sauf qu’ils agrémentent leurs citations d’aphorismes très personnels, et que la cohérence rythmique semble être l’une de leurs obsessions, misant plus sur leur force de frappe générale que sur leurs torpilles egocentriques.
On se prend donc à sinuer entre les mondes du Satriani le plus festif, du Lukather le plus puissant, du LIQUID TENSION EXPERIMENT le moins moralisateur (« Tesla », qui incarne avec brio et humilité le génie du brillant inventeur), nous arrêtant parfois sur la case d’un Jazz-Rock travesti pour l’occasion en père Noël en livraison (« Stormy », dissonances rieuses, copié/collé ludique à la PEROPERO/TRIBAL TECH en concert), pour mieux repartir d’un allant purement Rock. Evidemment, et en toute franchise, rien de bien nouveau, mais un recyclage aléatoire qui met de très bonne humeur, et qui donne envie d’en savoir plus sur ce trio aux envies palpables et au potentiel qui régale, ce que confirme tout en sinuosités « Coast », dessinant avec beaucoup de flair des côtes dégagées de plages de sable fin en pleine Californie délocalisé à Newcastle. C’est toujours subtil, souvent implicite, et surtout, loin de nous prendre simplement à témoin de capacités intrinsèques dont tout le monde se fout, qui nous implique dans le processus pour nous transformer en acteurs et non en simples spectateurs d’une démonstration programmée. Se basant sur la musicalité globale d’un instrument qui n’a toujours pas renoncé à incarner le Rock de se six-cordes, NYU. explore, tente des choses, bidouille les sons, assemble les harmonies, plaque les rythmiques, rappelle parfois une version plus musclée et solide de VITNE, mais n’est pas dupe de ses arguments, qu’il utilise avec beaucoup de recul et la sagesse de savoir en amont que tout ce qu’ils pourront construire repose déjà sur des bases éprouvées. Mais même le classicisme à des allures de nouveauté fraîche entre leurs mains, et « Sapphire » de rappeler le meilleur du style des années 80 remis au goût d’un jour nouveau, qui exige plus d’un instrumentiste qu’une descente et remontée de gamme effrénée. Ici, les compositions sonnent comme telles, et ne nous prennent pas pour des imbéciles, et finalement, même si le trio ne se dégage pas encore de ses obligations les plus formelles, il prend ses distances avec les dogmes pour entamer son parcours sous un jour plus ou moins nouveau.
Alors, on apprécie l’intention bien sûr, mais aussi le son. Et « Downstream » de clôturer la ballade en brouillant un peu les cartes, mais sans se départir de cet esprit ludique si attachant. On y retrouve le touché gracile et harmonieux d’un Marty Friedman exilé en Asie, le bouillonnement de ses adaptations videogame/manga, mais aussi les dérives délicieuses de la vague Djent des années 2000, avant que le style ne passe aux mains de mercenaires de la performance. Et le voyage s’achève avec un sourire sur le visage, et la certitude que l’ennui d’hier est devenu la friandise d’aujourd’hui. Comme quoi, le passé se répète parfois avec un petit air de pas vraiment vu.
Titres de l’album :
1.Rude
2.Tesla
3.Stormy
4.Coast
5.Sapphire
6.Downstream
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