Célébrons en fanfare le retour d’un des plus fameux quintettes de Hanovre, qui nous en revient avec un nouvel album, qu’ils jurent être le meilleur de leur carrière. Non, il ne s’agit pas de celui auquel vous pensez, à moins que Klaus Meine et les siens aient décidé de remettre une nouvelle fois le couvert, et qu’entre deux tournées d’adieu, aient troqué leur Hard Rock léché pour du Thrash à tendance Death bien secoué. Je veux bien évidemment parler des CRIPPER, qui fêtent avec Follow Me : Kill ! leur cinquième album, et le second pour le compte de Metal Blade, trois ans après un Hyëna qui avait laissé quelques fans assez interloqués. Alors, après cette sortie en demi-teinte, allons-nous suivre leur injonction, et eux par la même occasion, dans leur fuite en avant de meurtres et autres sauvageries ? La réponse vous appartient, mais affirmons d’ores et déjà que cette nouvelle réalisation à les arguments de ses préceptes véhéments, et qu’il replace la barre à une hauteur raisonnable, tout en souffrant de travers qu’il est impossible d’occulter.
Du point de vue du combo, les choses ont changé, tout comme leur approche de l’enregistrement. Cette fois-ci, une ligne directrice générale a été adoptée avant le processus de composition, menant à l’établissement d’une atmosphère qu’on retrouve valide sur les dix morceaux de cette nouvelle attaque frontale. Le groupe affirme ainsi, « avoir adopté une approche différente de l’écriture, qui a vraiment payé. L’ambiance a été établie avant même que nous commencions à écrire. Ce qui nous a permis de donner une densité à l’album, alors même que les morceaux sont plus variés que d’habitude. »
On le sait, les discours promotionnels ont tendance à tomber dans l’emphase et le dithyrambe. Après tout, c’est de bonne guerre, puisque les artistes et labels ont plutôt intérêt à nous convaincre des qualités d’un dernier-né, plutôt que d’admettre qu’il ne constitue qu’une étape de plus sur un parcours global. Mais avouons quand même que les CRIPPER ont en partie raison. Car si leur disque souffre d’un trop plein évident d’idées qui n’ont pas forcément l’aspect innovant qu’ils assument, il réussit la plupart du temps non à nous surprendre, mais à nous déstabiliser légèrement de ses partis-pris plus nuancés.
Hyëna, il y a trois ans, m’avait presque convaincu du potentiel d’un groupe qui avait une longue histoire derrière lui. Après presque dix ans d’une carrière bien remplie, le quintette (Britta "Elchkuh" Görtz – chant
Christian "Knitzel" Bröhenhorst & Jonathan Stenger – guitares, Christian "Lommer" Lommer – basse et
Dennis Weber – batterie) osait avancer à son propre rythme pour affiner son identité, tout en pratiquant un Thrash louchant vers le Death assez radical, mais apte à inclure quelques finesses dans son acharnement rythmique. Sous cet aspect-là, les choses n’ont pas vraiment changé, puisque dès l’entame « Pressure » et sa courte intro qui plonge dans les débats, les guitares plantent les saccades et le duo basse batterie cavale à bon rythme pour supporter les grognements toujours aussi sourds et rauques de la belle Britta. Les parallèles établis, toujours pertinents, qui rapprochaient le quintette d’HOLY MOSES, d’ARCH ENEMY ou SUBORNED sont toujours d’actualité, et l’orientation n’a pas vraiment changé. Ce qui n’a pas changé non plus, c’est cette obstination à remplir un disque plus que de raison, puisque ce cinquième LP frise une fois de plus l’heure de jeu, durée assez étalée pour un album qui force sur la concision et la brutalité. Jeu dangereux ? Oui, sauf lorsque les compos suivent, et si l’on en croit les propos des allemands, la diversité est donc l’élément clé permettant d’éviter la redite ou la cohésion un peu brouillonne et lassante. Toutefois, cette redite n’est pas complètement évitée, spécialement lorsque les morceaux s’éternisent, puisque trois d’entre eux piétinent allégrement les compteurs, en choisissant de dépasser les six, sept ou huit minutes, sans vraiment combler les blancs de plans qui rebondissent…
On retrouve bien sûr cette production énorme, symptomatique des traitements Metal Blade, qui a tendance à tout niveler par les graves et la compression, et autant dire que le confort d’écoute est assez aléatoire après quelques minutes. Le professionnalisme du quintette lui permet pourtant d’éviter les pièges les plus éculés du Thrash moderne, qui puise son inspiration dans les racines, mais parfois, on aurait bien aimé un peu plus de prise de risques…L’exemple de « Comatose » en reste le plus flagrant, avec son insistance Heavy qui rend les grognements de Britta un peu stériles, malgré les efforts accomplis pour trouver un phrasé fluide qui rebondit sur des riffs redondants, mais légèrement usants. On pense à ce moment-là à un MACHINE HEAD pas forcément inspiré, qui piocherait dans son vieux stock de licks de quoi alimenter une composition alambiquée mais un peu bancale et éculée…Alors on ventile comme on peut, avec quelques passages en son clair et de fausses accalmies éclair, mais la sauce ne prend pas toujours, et nous laisse parfois l’estomac trop plein. Dommage, mais après-tout, nul n’est exempt de reproches…
Peu d’interventions courtes sur ce cinquième LP, puisque les deux pistes les plus brèves ont été placées en ouverture et fermeture. Il est tout de même possible d’apprécier les CRIPPER en version presque brève, ce qui ne garantit nullement la satisfaction de déceler un pu d’audace dans leurs idées. En format Speed, le groupe est toujours aussi convaincant, comme le démontre sans ambages « Shoot Or Get Shoot », qui ménage le Thrash et le Death, tout en conservant une optique dirty Heavy assez sombre. D’ailleurs, le mot est lâché, puisque Follow Me : Kill ! est sans conteste possible le disque le plus noir de la discographie des allemands, puisque même les envolées les plus débridées semblent se placer sous des auspices ténébreux très étudiés.
Les originaires d’Hanovre semblent avoir trouvé via cette nouvelle orientation un chemin qui leur convient bien, ce qui leur a donné des ailes de phœnix qui renait de ses cendres noires. Ils osent même une déviation Thrash/Death progressive via l’imposant «Running High », qui ne compte pas le nombre de plans accumulés, et qui du haut de ses neuf minutes impose un crescendo de tension qui laisse présager d’un avenir plus complexe qu’il n’y paraît. Le principal reproche que l’on formulera à l’encontre de cette nouvelle livraison porte sur le systématisme des vocaux de Britta, qui pourtant fait ce qu’elle peut quand l’occasion lui en est donnée pour moduler et susurrer en chant clair, mais qui doit se contenter de riffs un peu réchauffés pour exprimer son talent inné. C’est ainsi que les plus exigeants des fans préféreront sans doute cette fameuse composition précitée, qui est une des rares à tenter des choses certes maladroites, mais un peu plus culotées. Sa tension progressive et presque maladive est relativement fascinante, et nous écarte du schéma un peu trop préparé de couplets en allumage de mèche et chorus en explosion. Qui fonctionne, quand l’enthousiasme permet quelques sinuosités, à l’instar d’un très malin « Mother » qui propose une rythmique mouvante assez ludique, ou une franchise enfin exacerbée, sur le conclusif « Menetekel » qui dynamite toutes les convenances pour nous laisser sur une impression certes banale, mais radicale.
Impossible de condamner un album qui ne le mérite pas, malgré une propension à recycler des idées déjà formulées. CRIPPER continue donc son parcours sans hésitation avec Follow Me : Kill ! mais il est certain que leurs méthodes de massacre organisé mériteraient d’être un peu moins agencées, et un peu plus improvisées. Les suivrez-vous sur ce chemin bien balisé ?
Titres de l'album:
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