Voici donc une histoire canadienne assez intéressante dans les faits. DECEREBRATION, loin d’un nouveau venu malgré ce nouvel album autoproduit, représenterait plutôt l’avant-garde de la violence canadienne sourde et diffuse, puisque sa naissance officielle remonte à l’orée des années 90 sous le nom d’INFEST, avant que l’année 1993 ne cède face à un changement de patronyme. Nous faisons donc face à des musiciens rompus à l’exercice du Death le plus traditionnel, même si le premier album de la troupe n’est sorti qu’en 1998, après deux démos. Eponyme, ce premier album a malheureusement scellé le destin du groupe qui a splitté la même année, avant de revenir d’entre les morts en 2009, pour finalement sortir un nouvel éponyme six ans plus tard.
Se présentant fièrement comme l’un des fers de lance du renouveau Death canadien, DECEREBRATION entérine cette fois-ci son comeback d’une décennie, et propose avec Follow the Scars huit morceaux inédits plus une intro assez réussie. Et - chose assez rare pour être soulignée - le line-up estampillé 2021 est presque le même que celui des origines, avec pas moins de quatre membres historiques encore dans la bande. On retrouve donc Nicolas Cantin à la basse, Olivier Doyon à la batterie, Mart à la guitare et Fudz au chant caverneux, avec en soutien la seconde guitare et les claviers de Julien, venu leur prêter main forte.
Il est toujours plaisant de rencontrer de véritables vétérans qui connaissent donc bien leur scène pour en avoir été partie prenante durant sa grandeur, et si le formalisme du quintet saute aux oreilles dès les premières mesures, son efficacité elle, agresse les tympans sans en rajouter. Pas question ici de rythmique trop compressée pour être comprise, de riffs supersoniques empilés les uns sur les autres, ou de cavalcade sans queue de Satan ni tête de goule. Et dès l’hymne au formalisme « Infamous Duality » encaissé, le reste suit comme une logique implacable, et nous ramène aux débuts d’un GORGUTS pas encore obsédé par la complexité absconse et le chaos total.
Le cheminement des canadiens est donc logique, et attaché à ses origines. Pas de mauvaise surprise à craindre d’un album qui joue la prudence classique, mais pas de bonne non plus dans cet étalage de figures imposées datées et classées selon une logique old-school inévitable. Mais peut-on en vouloir à des musiciens d’être fidèles à une démarche qu’ils ont entamée des décennies plus tôt ? Non, et la franchise dont font preuve les DECEREBRATION force le respect, puisqu’ils n’ont jamais prétendu jouer autre chose qu’un Death brutal, parsemé d’éclats slam assez discrets, mais surtout, truffé de riffs concentriques et morbides.
La voix particulièrement infâme de Fudz, le maître de cérémonie, confère à ce troisième album une patine graveleuse qu’on apprécie particulièrement, mais le sens de l’à-propos d’une rythmique toujours sur la brèche empêche aussi l’ennui de s’installer, spécialement sur les morceaux les plus équilibristes (« A Ghost Of Flesh And Blood »). Pas vraiment de fantaisie donc, des blasts qui tombent toujours pile, des décélérations qui bouffent les neurones, et une construction solide et sobre. Le sentiment de se retrouver plongé à nouveau dans le marasme brutal des années 90 est particulièrement agréable, d’autant que la frappe d’Olivier Doyon propulse des trames formelles au-dessus de la mêlée. Le frappeur historique de la bande n’a rien perdu en dextérité avec les années, et incarne le poumon d’une formation qui peut toujours compter sur lui pour trouver le beat décalé. Ajoutez à son art consommé quelques chœurs plus symptomatiques du Néo-Death de l’orée des années 2000, et vous obtenez un cocktail assez corsé, mais qui coule délicatement en oreilles comme un nectar de bestialité clinique.
Extrêmement efficace à défaut d’être imposant, ce troisième album fait la part belle aux idées traditionnelles et aux plans qui prennent leur temps, le tout parfois épicé d’un groove contagieux, à l’image de ce déhanché de violence sur l’imparable « Break The Cycle ». D’autres titres à l’inverse s’enfoncent dans la caverne habituelle, lieu de résidence des plantigrades pas franchement affables, et « The Factless Prophecy » de résumer une décennie entière de sa franchise vintage.
Les morceaux s’enchaînent, jouant avec les atmosphères et les BPM, et si le centre de l’album marque un coup de mou d’inspiration, « I Despise » nous réveille de ses coups de boutoirs francs et massifs. DECEREBRATION a même la gentillesse de sortir sous les harmonies d’une outro grandiloquente, pour des au-revoir totalement mérités et acclamés.
Rien de fondamentalement obligatoire, mais un plaisir qui ne se refuse pas, et servi bouillant par des cuistots d’époque.
Titres de l’album:
01. Scorched Memories
02. Infamous Duality
03. A Ghost Of Flesh And Blood
04. Follow The Scars
05. Break The Cycle
06. The Factless Prophecy
07. The Gift Of Anger
08. I Despise
09. L.T.E.I.
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