Dans la famille « supergroupe », je voudrais le grand-père Death. Vous n’avez pas ça dans votre jeu ? Inutile de piocher, je vous offre la carte en signe de bonne volonté, alors même qu’elle est plutôt rare dans la partie.
Un supergroupe de Death Metal ? Pourquoi pas, après tout, le genre semble plus vivant que jamais, malgré son appellation. Et la formation que je vous propose de découvrir ce matin est plutôt du genre solide, et constituée de figures incontournables du milieu.
Des indices ?
Quelques noms, que je peux vous jeter à la volée. Des membres ou ex-membres de BOLT THROWER, CEREBRAL FIX, BENEDICTION et SACRILEGE, pour un line-up comprenant Frank Healy à la basse, Andy Whale au kit, Scott Fairfax à la guitare et Karl Willetts au chant, soit une joyeuse assemblée de vieux briscards qui visiblement, ont encore pas mal de choses à dire et de morceaux à offrir dans un genre qui semble pourtant inamovible depuis sa création.
Alors, avec de telles figures de proue aux commandes du vaisseau MEMORIAM, battant pavillon de la nostalgie, inutile de s’attendre à un opportunisme quelconque. Pas de modernisme ou de jeunisme à outrance pour séduire le jeune public, mais bien des réminiscences multiples d’un Death vraiment old-school, celui-là même joué par les groupes dont ils font/ont fait partie, et trois bons quarts d’heure de barbarie lourde et oppressante, dans la plus grande lignée du style.
A la base, un tragique évènement qui a permis à Karl Willetts se développer son propre projet. En septembre 2015, Martin "Kiddie" Kearns perdit la vie, ce qui plaça de fait BOLT THROWER dans un hiatus à la durée indéfinissable. Alors, désireux de rendre hommage à feu son batteur, Karl réunit quelques connaissances pour les brancher sur un nouveau concept, MEMORIAM au nom prédestiné, et le quatuor se mit alors à enregistrer quelques démos (The Hellfire Demos, et The Hellfire Demos II), dont certains morceaux se retrouvent sur ce premier longue durée, For The Fallen.
Si le but initial de la formation était de se livrer au petit jeu de la reprise révérencieuse, les musiciens se sont vite rendu compte que leurs propres compositions étaient largement aussi solides que les classiques qu’ils s’apprêtaient à se réapproprier, et c’est ainsi qu’un répertoire original vit le jour…Bonne décision prise par ces légendes du Death Anglais, actifs depuis les années 80, et qui au travers de ce premier LP retrouvent l’essence même de leurs débuts, sans s’éloigner de leurs influences d’origine, qu’ils ont vite transformées en personnalité propre au travers des années.
De là, vous avez plus ou moins compris ce qui vous attend sur ce For The Fallen qui ne se veut ni surprise ni dérivation étrange, mais une simple adaptation des standards du Death des origines, et donc fortement influencé par la carrière propre de ses membres.
Sous un splendide artwork signé Dan Seagrave (BENEDICTION, DISMEMBER, SUFFOCATION), illustrant à merveille le crédo intime de cet album, avec cette procession funèbre en plein chaos, se cache donc l’album de Death old-school du premier trimestre 2017, et pas n’importe lequel, puisque composé par des figures incontournables du genre, qui savent très bien de quoi ils parlent et ce qu’ils jouent. Impossible à l’écoute de ces huit morceaux de ne pas penser à BOLT THROWER évidemment, l’influence la plus évidente et pas seulement à cause de la voix de Karl, à CEREBRAL FIX aussi, pour ces tonalités étouffées et graves, et à BENEDICTION, immanquablement, pour ce côté compact et incompressible qui transforme chaque intervention en pression sur les tempes et en étuve moite.
En gros, la quintessence de trois groupes majeurs, qui en associant leur image et leur son sont parvenus à en créer un nouveau, encore plus massif et cohérent, malgré la guerre d’ego possible qui finalement n’a pas eu lieu.
De là, le style est planté, le décor aussi, et vous avez tous les éléments en main. Sur les huit morceaux de ce For The Fallen, plusieurs auraient pu se retrouver parmi la discographie originale des trois groupes évoqués plus en amont, sans que cela ne chose personne.
Entre le son si caractéristique de la guitare de Scott Fairfax, qui nous ramène à l’époque obscure de CEREBRAL FIX et BENEDICTION (qu’il accompagnait live), la batterie en impulsions d’Andrew Whale, si typique du Death/Grind anglais de la fin des 80’s et ce chant si rauque et essoufflé de Karl, l’osmose est parfaite, et le rendu de haute volée, bien plus intéressant en effet qu’une simple réappropriation de classiques qui eut abouti à un album de cover fatalement ludique, mais inévitablement anecdotique, ce qui n’est pas le cas de cet album original.
Difficile toutefois d’extraire un titre en particulier, puisque la cohérence globale est de mise, et que chacun se veut pierre s’ajoutant à un édifice de taille fort respectable.
On peut souligner tout au plus certains riffs plus catchy que la moyenne, comme celui propulsant le terrassant « Resistance », se rapprochant même d’une version très anglaise d’OBITUARY, avec quelques fioritures rythmiques en plus, ou certains segments largement développés, permettant aux MEMORIAM de faire preuve d’un savoir-faire progressif indéniable en laissant les guitares ciseler un riff morbide pendant plus de sept minutes en le concassant d’un duo basse/batterie vraiment très soudé, voire…collé.
Tendance à la pesanteur et à la lourdeur assumée, avec toutefois quelques accélérations rondement menées, le projet For The Fallen est dominé par des titres qui n’hésitent pas à taquiner des durées plus ou moins inhabituelles dans le créneau, à l’instar de ce final et terminal « Last Words » clairement empreint de nostalgie.
Mélodie amère pour mise en terre artistique respectueuse, c’est une clôture à la hauteur de la légende qui survole trente ans d’histoire du Death des origines, et qui symbolise un dernier au-revoir à un vieil ami de ses riffs majestueux et d’une tristesse presque palpable. Comme quoi, même le Death peut faire preuve d’humanité et savoir adresser un dernier signe de la main à ses pairs avec émotion.
Ce qui n’aurait pu être qu’un épisode fugace et anecdotique de la grande histoire de la mort s’est avéré être un projet viable et de très grande qualité, mais qu’attendre d’autre de quatre musiciens qui a eux-seuls représentent un pan entier de leur propre histoire, et de la nôtre.
Un bien bel hommage pour un énorme album de Death à l’ancienne, qui plaira aux plus anciens d’entre vous, ceux qui ont vibré au son des Realm Of Chaos, Tower Of Spite et autres Subconscious Terror.
La mort pour célébrer la vie. Quel étrange paradoxe.
Titres de l'album:
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