Que le doute ne plane plus, j’aime la force et l’impact du Power Metal, mais j’ai toujours abhorré ses mélodies les plus niaises et sa fascination pour l’Heroïc-Fantasy et autres légendes de guerriers pourfendeurs de dragons. Autant jouer franc jeu, et même si de temps à autres j’aime sortir de ma zone de confort Thrash/Grind/AOR/Expérimental, je préfère la quiétude des connaissances sures à l’aventure qui termine plus ou moins mal. En gros, je déteste perdre mon temps, alors lorsque je le consacre à un groupe du cru, autant vous dire que c’est pour de bonnes raisons. Celles qui m’ont amené à m’intéresser au cas des américains de POWER THEORY sont viables, objectivement parlant, même en se plaçant en réfractaire absolu de la cause musclée et lénifiante de machisme musical pitoyable. Et ce nouvel album des pourfendeurs de la médiocrité ambiante méritait bien que je lui consacre quelques lignes, tant il s’échine à présenter le Power Metal comme le genre noble que des groupes comme HELLOWEEN et RIOT ont popularisé en leur temps. Pourtant, les originaires de Tullytown en Pennsylvanie n’en sont pas à leur coup d’essai, Force of Will étant déjà leur quatrième longue-durée, mais certainement le plus solide de leur discographie. Et pour cause, puisqu’il semble être le plus créatif et réfléchi, sans perdre pourtant de son impact brut au bout de quelques morceaux. Au point que l’inévitable question se pose : cette musique est-elle encore du Power Metal ou bien du Heavy très travaillé et musclé, qui par ses thématiques s’affilie à un courant et non l’inverse ? La réponse vous appartient, mais plus prosaïquement, ce nouvel effort du quintet mérite amplement qu’on loue ses qualités tant elles sont nombreuses.
Pourtant, rien ne laissait présager d’une telle réussite et d’une telle cohésion. Avec un line-up dont la stabilité n’est pas la qualité même, POWER THEORY partait avec un sérieux handicap au moment de donner une suite à ses aventures. Depuis Driven by Fear publié il y a quatre ans, ce ne sont pas moins de trois nouveaux musiciens que nous retrouvons à des postes clé. Ainsi, Johnny Saso s’est adjugé le tabouret de batterie, alors que Carlos Alvarez s’est emparé de la seconde guitare, laissant Jim Rutherford le petit dernier mener les débats au micro. Un sacré changement donc dans le quotidien des américains, dont la tradition repose désormais sur les épaules de Bob "BB" Ballinger, guitariste et seul membre d’origine et Alan D'Angelo, bassiste depuis quelques années. Mais tous ces évènements et changements n’ont visiblement pas altéré la foi de notre ami guitariste, qui depuis Out of the Ashes, into the Fire...and Other Tales of Insanity mène sa barque avec fermeté, souquant comme un beau diable pour affronter les mers agitées d’un Power Metal historique. Alors, Power Metal oui, mais pourquoi ? A cause de cette alternance de tempi, à cause de ces mélodies très prononcées dans un contexte musclé ? A cause des thématiques choisies et de la façon de les traiter ? Un peu tout ça à la fois, même si au final on se demande si toute l’affaire ne repose pas sur un cadre purement Heavy Metal agrémenté de quelques fantaisies débridées. Certes, et je le reconnais, « Force of Will», placé en ouverture aiguille très intelligemment sur la piste de l’harmonie boostée par une rythmique échevelée, mais même dans ces moments de traditionalisme, les américains parviennent à éviter la lénifiante évidence de mélodies niaises et sucrées pour nous proposer une intéressante digression sur l’union possible entre le RIOT de Thundersteel et le STRATOVARIUS de Destiny. On pourrait évidemment parler aussi du HELLOWEEN de Keeper et des exactions primales de ICED EARTH lorsque la vitesse décroît, mais toutes ces allusions n’auraient qu’un seul but : baliser le terrain couvert et affirmer que les POWER THEORY ont tout compris au Power Metal, le jouant comme un Heavy dynamisé et surtout, conservé dans son jus.
Bob "BB" Ballinger n’a pourtant pas choisi la facilité en lâchant douze morceaux pour une heure de musique. Il y avait de quoi se montrer insistant et redondant, mais le piège est évité par une grande intelligence créative qui passe en revue toutes les possibilités. On sent du JUDAS PRIEST dans tout ça, mais aussi des enseignements de l’école US des LEATHERWOLF et autres OBSESSION. Le pivot de cette machinerie est sans conteste cette paire de guitares qui tissent des nappes de riffs solides et serrés, se montrant aussi volubile que la rythmique n’est puissante, malgré son association récente, mais c’est aussi le chant enflammé mais contrôlé de Jim Rutherford qui fait des merveilles, nous évitant les atermoiements lyriques qui d’ordinaire, viennent ruiner les efforts de non compromission à la niaiserie mélodique. On en a des preuves évidentes, mais aussi des indices plus épars, notamment lorsque le groupe joue le jeu d’un Heavy plus moderne, mais aux tierces toujours aussi symptomatiques, à la lisière d’un Heavy Thrash vraiment costaud, mais suffisamment souple pour ne pas en être vraiment (« If Forever Ends Today »). Ce qui n’empêche pas le groupe de faire quelques clins d’œil à la tradition, en invitant notamment Piet Sielck (IRON SAVIOR) sur le flamboyant « Spitting Fire », mais ces gimmicks n’en sont jamais, la tonalité générale, malgré une euphorie patente, restant sombre et profonde. Sombre et profond, voici deux adjectifs qui définissent à merveille l’attitude de POWER THEORY qui possède toujours ce don incroyable pour éviter tous les pièges des clichés, même lorsqu’il en joue. Ainsi, la ballade épique « Albion » joue justement avec le feu de l’emphase, nous offrant un visage progressif mais pertinent pendant plus de sept minutes. On pouvait craindre dans ces moments que le quintet ne relâche la pression, mais heureusement, leur insistance de puissance leur autorise ce petit jeu bien innocent, cette power-ballad évitant les fossés harmoniques englués comme à la parade.
Mais à force de compliments, tout porterait à croire que Force of Will est un album parfait de bout en bout. Rassurez-vous, il n’en est rien et les défauts sont bien présents. D’une, par péché de gourmandise, puisqu’avec douze morceaux pour cinquante-six minutes de musique, la redite était inévitable. Mais cette redite est plus éparse qu’on pourrait le croire, et se cristallise autour de riffs un peu trop classiques, et de morceaux moins prenants que les autres. « Th13teen » par exemple, joue un peu trop la sécurité, malgré une belle prestation une fois encore de Jim Rutherford modulant comme un beau diable, mais cette petite baisse de régime est fort bien comblée par des instants de créativité remarquables, à l’image de cet épique final de plus de sept minutes « The Hill I Die On ». Pas mal d’astuces à la MAIDEN pour l’ambiance mystique, avant que tout n’explose dans une gerbe de puissance en riffs agressifs, et c’est là qu’on comprend vraiment la personnalité des américains. Cette façon de combiner le talent européen des plus grands (le QUEENSRYCHE des débuts, le MAIDEN le plus investi, le SAXON belliqueux des dernières années) et l’envie d’en découvre typiquement US, pour une alliance qui fait mouche et qui ne laisse aucun prisonnier sur la route. Avec en sus un mixage signé Henrik Udd (POWERWOLF, HAMMERFALL) et un mastering soigné par Brett Caldas-Lima (AYREON, DEVIN TOWNSEND), Force of Will est donc une belle démonstration de force, et la preuve que la volonté de POWER THEORY est intacte malgré les déboires et autres contretemps.
Titres de l'album :
01. Morior Invictus
02. Force of Will
03. Draugr
04. If Forever Ends Today
05. Mountain of Death
06. Albion
07. Th13teen
08. Spitting Fire
09. Bringer of Rain
10. Path of Glory
11. Shadow of Man
12. The Hill I Die On
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