Avant même de vérifier, et seulement après quelques notes, je me suis immédiatement dit, « ces mecs-là sont grecs, c’est certain ». Et sans vouloir jouer la morgue de mon flair naturel, il est des styles qui ne sont pratiqués avec autant de flamboyance que par un pays en particulier. Et depuis des années, la Grèce a prouvé qu’en matière de Power Metal et de True Metal, elle ne craignait personne. Ceci dit, les ARTICAL sont loin d’être des débutants du bal, puisque Forevermore est déjà leur quatrième album, eux dont la formation remonte presque à une vingtaine d’années. Dix-huit plus précisément, et c’est à Athènes que le groupe a vu le jour en 2002, n’attendant que deux ans pour sortir son premier LP, le classique Fantasy qui leur avait permis de se faire remarquer des fans européens d’un Power Metal bouillonnant et démonstratif. Depuis, deux autres albums sont venus compléter le palmarès, avec plus d’attente entre les chapitres, et Horizon (2007) et Illusion X (2013) ont fait pas mal d’heureux, même si le nom du combo reste encore intime et posé sur les lèvres de quelques milliers d’initiés. Dommage, car la musique de ces hellènes a de quoi séduire les amateurs de Metal massif et grandiloquent, et avec Forevermore, ARTICAL prouve qu’il n’a pas perdu la main malgré ces sept années d’absence qu’un petit EP n’est même pas venu combler. Premier détail qui fâche néanmoins, cette pochette qui nous rappelle les grandes années graphiques de Brennus et des groupes comme MYSTERY BLUE ou SATAN JOKERS, et qui ruine un peu les yeux, alors que les oreilles s’apprêtent à un festin. Mais tout le monde ne peut pas se payer les services de Stan W Decker, lui qui aurait sans nul doute été inspiré par la musique des grecs. Une musique riche, pleine, noble, à cent lieues de cet emballage un peu cheap, qui reste fidèle à l’éthique des grecs, toujours aussi à l’aise dans un crossover générique entre Heavy, Power, Hard Rock, influences classiques et assise plus contemporaine.
Ne le cachons pas, ce quatrième LP est un bon cru, excellent même. Il garde en lui l’ADN du groupe qui depuis 2004 ne s’est jamais trahi ni n’a dévié de sa trajectoire, mais affirme des positions plus dures et professionnelles. On le comprend dès l’attaque massive et mélodique de « Freedom », qui rappelle le STRATOVARIUS et le HELLOWEEN de compétition, mais il est inutile de craindre des cavalcades à n’en plus finir : les grecs savent depuis longtemps agencer un album et offrir des compositions variées, qui mettent tout le monde en avant. Et c’est sans doute pour ça que « You Run Away » calme la vélocité d’un mid tempo martelé, et d’un riff que tout le monde peut reprendre en chœur sans avoir à faire appel à ses racines germaines. Loin du gras qui tâche et souille la moustache, le Metal d’ARTICAL est beaucoup plus fin et précis qu’il n’en a l’air, et si les musiciens s’épanouissent dans le Heavy emphatique et dramatique, ils savent aussi privilégier la finesse et la modulation pur développer des ambiances prenantes et presque progressives. C’est en tout cas ce qu’indique le magique « The Dark Sea », à la longue intro instrumentale, suggérant une fascination pour NEVERMORE, ICED EARTH ou même DREAM THEATER, et premier gros choc de l’album. Guitariste qui parcourt son manche, claviers discrets en contrepoint, riff presque Thrash aux boucles orientales, l’atmosphère est propice au voyage, et le quintet confirme ses racines pour nous proposer un Heavy européen de toute beauté.
Et une fois la délicatesse introduite dans l’équation, le talent n’a plus qu’à faire le reste, et l’inévitable ballade d’en appeler à notre sensibilité, grâce au timbre incroyablement pur d’un vocaliste qui n’en fait jamais trop. Inutile donc de sortir les mouchoirs pour célébrer « Until the Morning Comes », qui de sa mélodie superbe et de sa construction en crescendo nous fait réaliser le talent incroyable d’un groupe pour varier les plaisirs et les sensations. Avec encore une fois un solo de toute beauté qui n’abuse pas du shredding, mais qui taquine le bas du manche avec un plaisir non feint, des arrangements sobres mais efficaces, et une absence de chorale pleurnicharde en arrière-plan, ce morceau confirme que Forevermore n’a pas l’intention de jouer les doublures sur la scène. Mais que serait un combo comme ARTICAL sans une longue suite épique et cinématographique, et évidemment, la tentation est trop forte pour ne pas se lâcher sur le title-track, qui après quelques secondes grandiloquentes reprend la cadence élevée pour rappeler que le Power Metal n’est jamais bien loin. Décidément très à l’aise dans la vitesse, au moins autant que leurs modèles nordiques, les grecs se montrent sous un jour très flatteur durant « Forevermore », qui fait honneur au style et développe des arguments harmoniques très réalistes et persuasifs. Certes, l’affiliation avec STRATOVARIUS, DRAGONFORCE (en moins cartoon, s’entend) ou SYMPHONY X est inévitable, mais on nous épargne quand même les citations dans le texte pour garder un caractère plus personnel. Doté d’une superbe production claire et profonde, qui exagère quand même un peu la grosse caisse, Forevermore peut s’autoriser quelques montées dans les tours et les watts pour que le soliste en chef mette en avant ses tendances Malmsteeniennes, mais les chansons que développe le quintet sont si parfaites dans un registre pourtant exigeant que les quelques excès paraissent bien raisonnables.
Et si « I Wonder » revient dans le giron de la tendresse virile, avec son harmonie très prononcée qui rappelle le EUROPE des années 80, « The Promised Land » propose un véritable épilogue tragique, sur lequel le chanteur prouve s’il en était encore besoin tout son talent vocal, avec un timbre incroyable de pureté. Un excellent album donc après sept ans de silence pour les grecs d’ARTICAL, qui ont réussi en à peine quarante minutes à me réconcilier avec le Power Metal traditionnel, en jouant sobrement avec les codes, et en insistant sur le côté mélodique évitant la niaiserie néo-classique lénifiante de lourdeur.
Titres de l’album:
01. Intro (Season)
02. Freedom
03. You Run Away
04. The Dark Sea
05. Until the Morning Comes
06. Forevermore
07. The Mystery of Life
08. I Wonder
09. The Promised Land
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30