Les chroniques, c’est un phénomène cyclique. Ça s’en va, ça revient, c’est comme un tout petit rien, et si, pendant des mois on navigue entre styles extrêmes avec plus ou moins de bonheur, il arrive qu’on ait besoin d’un break, histoire de voir si l’underground n’a pas autre chose à proposer.
Et lorsqu’on découvre que si – ce qui est une évidence – on se prend au jeu, et on revient sur les rivages de genres qu’on pensait occultés par son inconscient.
De fait, depuis hier, je m’accorde très bien de sorties assorties à un Post Metal lancinant, un Shoegaze fascinant et un Post Rock reposant, mais néanmoins revigorant.
Et ce matin, c’est la Norvège qui m’apporte ma dose de Tranxène, quoique le deuxième album de ce curieux projet réveille plus les sens qu’il n’atténue l’anxiété et la nervosité.
Norvège donc, Bodø et Alta, pour deux musiciens qui ont décidé de ne rien faire comme tout le monde.
PIL & BUE ne sont pas les diminutifs ou les pseudos de ces deux musiciens en question, mais signifient en langue natale « l’arc et la flèche », ce qui doit pouvoir symboliser plusieurs choses. On pense à la chasse évidemment, aux lieux communs certainement, à Cupidon pourquoi pas, enfin à tout ce à quoi peuvent faire penser ces deux instruments, qui peuvent aussi se vouloir analogie d’un duo d’instrumentistes qui n’ont pas cherché à combler les espaces vacants par des arrangements inutiles.
Guitare/batterie, pour une colonne vertébrale épurée, et à l’écoute des six morceaux de ce deuxième album, on comprend rapidement deux choses.
La première est que Petter Carlsen (chant, guitare barytone) et Aleksander Kostopoulos se suffisent à eux-mêmes en tant que musiciens, et la deuxième, que leur instrumentation donne le sentiment d’avoir été confiée à un quatuor ou un quintette tant l’espace sonore est rempli de façon exhaustive, tout en laissant planer des respirations.
Pas mal pour un démarquage masculin des WHITE STRIPES, auxquels ils n’empruntent que leur ascétisme de formation…Car loin d’évoquer un Rock Garage rageur et « authentique », les PIL & BUE évolueraient plutôt dans un créneau Post Rock vraiment efficace, qui laisserait traîner son spleen du côté d’un Shoegaze moins contemplatif que d’ordinaire, tendant même parfois vers un Post Metal progressif et onirique, puisqu’il faut bien lâcher le mot.
Difficile d’accès pour le commun des mortels Metal, Forget The Past, Let's Worry About The Future est une leçon d’ouverture qui toutefois n’oublie pas d’en donner quelques une sur le savoir-vivre en société qui a tendance à céder le pas à la violence de groupe. Cette dualité se concrétise d’ailleurs dans leur musique, qui calme des accès de fièvre par l’absorption de longues goulées de quiétude zen, mais qui ne peut s’empêcher de faire allusion à de multiples problèmes contemporains au niveau des thèmes, l’injustice bien sûr, mais aussi la condition féminine, et l’oppression/partialité qu’elles doivent subir au quotidien.
La musique de Petter et Aleksander a bien des côtés féminins d’ailleurs. Non dans sa douceur de surface, ce qui serait une analogie réductrice, mais plus dans sa façon d’aborder l’espace et la sensibilité crue, sans détour et sans fard. La voix de Petter est aussi un indice qui abonde dans ce sens, de son velouté parfois d’une fragilité extrême (spécialement en falsetto, toujours à la limite de la rupture), soudainement brisé de colères épidermiques qui s’accordent parfaitement des plans heurtés du jeu d’Aleksander.
Concrètement, Forget The Past, Let's Worry About The Future est un voyage intérieur/extérieur, qui se pose en analyse inconsciente d’un monde à la dérive, que deux musiciens tentent de décrire avec leur propre langage musical.
Si les références alignées par le label et le duo sont pertinentes (DEFTONES, PLACEBO, RADIOHEAD, ANATHEMA, ROS SIGUR), leur personnalité transpire de chaque note dispensée sans avoir besoin de se baser sur des citations externes pour en comprendre le mécanisme.
Il serait donc possible de les situer en évoquant une sorte de Post Metal progressif, à grosse tendance onirique, mais suffisamment efficace et percutant pour ne pas vous plonger dans un demi-coma artificiel.
Le jeu de guitare inventif de Petter rappelle autant Thom Yorke que The Edge, alors que sa voix n’est pas sans se rapprocher des intonations de Cedric Bixler-Zavala des THE MARS VOLTA, mais c’est aussi l’assise rythmique de Kostopoulos qui permet au projet d’accéder à une dimension supérieure, de par son art des combinaisons entre solidité binaire et liberté percussive.
D’ailleurs, voyez le groupe live si l’occasion vous en est donnée. Leur utilisation de l’espace et placement des micros est assez subjuguant. Et le pire, est qu’ils parviennent à recréer ces conditions de live en studio…
Six morceaux pour moins d’une demi-heure de son, c’est la concision qui domine, et c’est le bon choix. Etendre les expérimentations eut été choix trop risqué, et les six entrées de ce second album sont toutes indispensables et s’enchaînent dans une logique mélodique parfaite.
Et si « Fire » nous replace dans le contexte RADIOHEAD sans friser le plagiat, le court « Shakkakakka » susurre des poèmes rythmiques aux oreilles des DEFTONES et de TOOL, et laisse une grosse place au travail d’équilibriste d’Aleksander qui utilise toutes les possibilités de son kit pourtant réduit.
« Nevermind » ne doit rien à Kurt Cobain, mais s’amuse beaucoup à synthétiser le YOUTH et les SMASHING PUMPKINS, tout en creusant la piste d’un PLACEBO plus cotonneux, dévalant la piste d’un Post Rock heurté osant la distorsion discrète pour mieux amadouer l’harmonie. Un refrain plus accrocheur, une versatilité vocale (il est même difficile à ce moment-là de deviner qui d’un homme ou d’une femme chante, syndrome Brian Molko/Thurston Moore), pour une des entrées les plus directes et pourtant cryptiques.
Le très long final « Afterlife » concentre toutes les idées dans une voie royale PINK FLOYD/TOOL/MONO, et sans proposer de fulgurances inédites, garde quand même toute notre attention, ne serait-ce que pour cet affrontement permanent entre la guitare et la batterie, qui se veulent unisson puis scission, pour un long voyage en introspection qui jette les bases d’une vie après…la vie.
Alors, je l’admets, Forget The Past, Let's Worry About The Future a tendance quand même à ne PAS oublier le passé pour se focaliser sur un avenir flou. Mais le présent des PIL & BUE st suffisamment pertinent pour qu’on s’y intéresse de près, même si leur musique est éloignée de nos préoccupations habituelles.
On ne refuse pas un voyage sensoriel intense. Mais chacun voit son avenir à sa porte.
Titres de l'album:
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