Voici donc une initiative fabuleuse, qui offre un peu d’air frais à la scène Thrash actuelle qui avouons-le, tourne un peu en rond depuis quelques temps.
En découvrant ce premier LP des finlandais de DEMONZTRATOR, je pensais tomber sur l’énième sortie du genre du mois, mais quelle ne fut pas ma surprise de découvrir qu’il y avait more than meets the eye…Certes, le contenu en est Thrash jusqu’au bout des lacets, mais le quintette se pose plus en tribute band multiple qu’en combo original pillant le répertoire des aînés pour se faire une place au soleil de la saccade.
Fondé en 2016, le quintette (Jari Hurskainen (chant), Timo Ahlström & Jökä Reinholm (guitares), Jukkis Lappalainen (basse) et Jukka Ahlström (batterie)) a choisi de rendre hommage à la première vague de violence instrumentale de son pays, et donc d’aller piocher dans d’obscures démos et LP nationaux de quoi alimenter son propre répertoire, qui du coup, se veut plus révérence que référence.
Belle initiative que celle de ces cinq musiciens qui sont fiers de l’héritage de leur pays, et qui offrent à quelques classiques de l’underground une nouvelle relecture, plus contemporaine, et qui s’accaparent tout autant qu’ils ne réparent les injustices.
Car il faut bien admettre que la plupart des groupes auxquels les DEMONZTRATOR sont plutôt obscurs, et n’ont souvent jamais dépassé le stade de la démo ou du EP. Forgotten Acts of Aggression mérite donc bien son titre, et se présente comme une compilation post-mortem pleine de vie et de fureur, qui vous permettra d’entreprendre un pèlerinage en terre finlandaise sans avoir à explorer les arcanes les plus renfermées de la toile.
Sorti en autoproduction, ce premier LP (que je n’espère pas coup d’un soir, ce qui serait franchement dommage) s’accompagne d’un livret numérique téléchargeable via un lien sur la page Facebook du groupe, et qui vous explique la genèse du projet, mais détaille aussi chaque morceau.
On y découvre donc les jaquettes d’origine des œuvres exhumées, ainsi qu’un bref résumé de la reprise concernée. Du coup, Forgotten Acts of Aggression s’éclaire d’une lumière érudite tout à fait délicieuse, comme un livre d’histoire Thrash pour les oreilles qui se dévore d’une traite, et vers lequel on revient avec appétit.
Et de plus, comme la plupart des compositions revisitées ont bénéficié d’un rayonnement tout à fait intimiste, il est aussi concevable d’envisager cet album comme un concept global, qui se présente sous la forme de treize titres très homogènes, qui pourraient constituer le premier véritable album d’un nouveau groupe, très à l’aise dans son style.
Il y avait de quoi craindre de la dispersion, mais aussi des écarts de styles assez conséquents. S’il est certain que les rythmiques varient souvent du simple au triple, l’interprétation des DEMONZTRATOR se la joue carré et propre, et offre à l’ensemble une cohésion indéniable. Mais ça n’empêche nullement le répertoire de se vouloir suffisamment varié pour allécher, et tous les morceaux restent d’importance, pour peu que le Thrash soit votre société secrète d’adhésion tacite.
La production s’est donc voulu à la hauteur de la légende qu’elle célèbre, et revient vers des standards typiquement 80’s, la même décade que les groupes dont elle singe les échos. Batterie très sèche et mat, avec des graves réduits presque à néant, guitares qui lacèrent dans des médiums tranchants, et chant qui l’est tout autant, savamment mixé légèrement en avant-plan, sans pour autant bouffer la bande passante.
Mais quel est donc le programme proposé ? Quels en sont les acteurs et les tirades répétées ? Vous trouverez donc parmi les treize héros du passé AIRDASH, BRAINWASH, CHARGED, DEFECTION, DEMENTIA, DIRTY DAMAGE, FAFF-BEY, MENGELE, NATIONAL NAPALM SYNDICATE, OPPRESSION, PROTECTED ILLUSION, TERRIFIC VERDICT et THE HIRVI, soit une jolie brochette mixant le connu et le parfaitement inconnu, pour un festival d’albums uniques, de démos typiques, et de EP caractéristiques.
De quoi étancher votre soif de connaissance, avec une nouvelle bordée de soldats tombés très tôt au combat et qui n’auront même pas pu profiter de leur belle une dernière fois.
Je connaissais personnellement quelques-uns d’entre eux, les AIRDASH notamment, dont l’excellent Hospital Hallucinations Take One avait rythmé mon adolescence de son Thrash progressif envoutant et technique. Nous les retrouvons ici à leurs débuts, dans une version atomique du 7’’ « Without It », publié en 1988 mais qu’on retrouvait aussi sur leur LP introductif Thank God It’s Monday, avec une participation symbolique et efficace de Ykä, batteur d’origine, qui depuis a fait une belle carrière au sein de BARATHRUM, GLOOMY GRIM, NOMICON, WALHALLA, SOULGRIND, ou THY SERPENT.
Dans les rangs des chanceux ayant pu graver sur vinyle leurs plans les plus teigneux, nous retrouvons aussi les DEMENTIA, et leur rondelle éponyme de 1995, via « Peacemaker », petit brulot cavalant comme un inédit de SLAYER, les plus méconnus FAFF-BEY, qui voient leur « The Slaymaker » de 1988 honoré d’un tempo Speed bien stabilisé, et les DIRTY DAMAGE, responsables d’un It’s Amazing How Stupid prople Can Sometimes Be », et qui ont autorisé une relecture de leurs morceaux « Amisha Mi Papa-Papa/Justice ».
Les autres références sont restées au stade de la démo, comme les TERRIFIC VERDICT et leur Thrashcore/Speedcore à la CRYPTIC SLAUGHTER teinté de KREATOR vraiment méchant (« No Return », un de mes préférés), ou les PROTECTED ILLUSION, qui proposaient pourtant un « Method Of Manipulation » sur leur premier simple Swimming In The Moonlight, très à cheval sur un mid tempo lourd et agressivement Core à la S.O.D.
Je vous laisse bien sur le plaisir de la découverte pour le reste du tracklisting, qui ne contient que du bon, et qui profite surtout d’une interprétation vraiment investi, qui permet aux morceaux d’être catapultés en 2017 comme s’ils avaient été composés hier.
En définitive, et sous ses airs de fausse compilation, Forgotten Acts of Aggression restera comme l’un des efforts Thrash les plus notables de cette année, et ce, pour plusieurs raisons. D’une, son optique historique qui ne se borne pas aux influences archi usées, et de deux, pour son incarnation contemporaine qui respecte les codes du passé dans les dénaturer.
Je remercie donc chaudement les DEMONZTRATOR pour ce joli trip past into the future, et les encourage à maintenant tenter l’aventure personnelle, puisqu’ils semblent avoir tous les atouts pour imposer leur propre répertoire.
A bientôt j’espère messieurs, et comme on dit dans le jargon, Thrash un jour, Thrash toujours !
Titres de l'album:
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