Décidément, l’Italie semble être ma patrie d’adoption de ce mardi, et je passe d’un séjour à Rome à une visite éclair du côté de Letojanni, Sicile, pour y rencontrer un groupe à la direction artistique multiple, et aux compositions alambiquées.
Pour placer dans le contexte, assumons quelques infos glanées sur leurs sites officiels.
Les CARBONCOKE ont vu le jour en novembre 2012, sous l’impulsion de Marco Crok (guitare), Luca Carpita (chant) et Luigi Caruso (basse). Le trio à peine formé continue son recrutement pour étoffer son line-up des adjonctions d’Antonio Valentino (batterie) et Stefan D’Agostino (guitare).
Venant tous d’horizons différents de l’extrême, l’union de leur talent aboutit à un mélange des genres assez puissant, dont ils purent exposer les vues sur un premier EP autoproduit en 2013.
2014, changement de personnel, avec le départ de Luigi et l’arrivée de Flavio Gullotta, pour enchaîner sur des concerts et la préparation d’un premier longue durée, sanctionnant donc ces quatre premières années d’existence.
C’est donc ce premier album que nous découvrons aujourd’hui, Forgotten Mankind, qui nous propose une grosse demi-heure de Thrash à multiples facettes, joué comme tel mais avec une légère impulsion Death mâtinée de Hardcore bien tassé, pour un résultat aux limites du Crossover le plus confirmé.
En huit morceaux, les Italiens nous proposent donc un joli voyage dans les arcanes du temps, en puisant leur inspiration à la source di Thrash européen et américain, tout en insufflant à leurs compositions une touche très personnelle, emprunte de technique pointue et de riffs charnus.
Si les références affluent à la surface de la conscience, il est impossible d’en faire un tri quelconque tant chaque morceau possède son ADN propre et individuel. Ainsi, si les noms d’EXODUS, de METALLICA et SLAYER, semblent les plus évidents au prime abord, on retrouve aussi par éclats des éléments plus contemporains, ceux de GRIP INC, de PANTERA même parfois, et pourquoi pas, d’un METAL CHURCH survitaminé aux essences CHANNEL ZERO.
Comme vous le constatez, placer les Italiens sur l’échiquier du Thrash avec précision n’est pas chose facile. Ce qui l’est à l’inverse, c’est reconnaître leurs qualités qui crèvent les oreilles, qu’elles soient instrumentales et individuelles ou créatives et collégiales, puisque chaque titre de ce Forgotten Mankind est une démonstration de force qui passe en revue tous les aspects d’un Metal torride et pourtant limpide.
Ainsi, vous passerez sans transition d’un brûlot incandescent et rythmiquement indécent comme le très distancié « Killed By a Bear », très EXODUS dans l’esprit, à une énorme litanie Heavy, d’une puissance à rendre Phil Anselmo vert de rage et de jalousie (« Pollution », le message est bien passé, et l’enclume Heavy bien frappée).
De son côté, « Hellucinations », malgré son titre un peu cliché, flirte avec le Crossover le plus inspiré, et virevolte d’un tempo à la Tom Hunting, tout en rugissant de vocaux vraiment écorchés et véhéments.
« Think On Your Sins » est quant à lui fort à propos et s’extrait du lot, avec son concassage up tempo rappelant les meilleurs moments du Techno-Thrash allemand, celui qui faisait avancer les choses à la fin des 80’s, pour ne pas stagner dans la sidérurgie lourde et emphatique.
Quatre morceaux, et l’énorme potentiel de CARBONCOKE est déjà d’une lénifiante évidence, sans que le quintette n’ait à forcer son talent ou réfuter des influences trop évidentes.
Mais la démonstration n’est encore qu’à moitié effectuée…
« Under The Fire » entérine définitivement l’avis positif dégagé par la première partie de l’album, et se paie le luxe de multiplier les climats, passant sans complexe d’un Slayer like Thrash à un Crust d’abordage tout à fait crédible, avec un festival de lignes vocales versatiles, qui grognent, hurlent, vitupèrent, pour une portée de violence maximale.
« Grim Reaper », le morceau le plus sous influences du lot, se propose de nous convier aux agapes d’EXODUS et MOTORHEAD, tout en ajoutant au carnage rythmique ambiant quelques digressions de chant mélodiques tout à fait convaincantes. Basse qui ronfle et roule, breaks bien amenés, reprise énergique, c’est une approche formelle mais efficace.
« Torment » renoue avec l’ambition épique, et accumule les transitions fluides tout en restant d’une férocité inouïe de précision, entre up tempo martelé et Heavy affirmé. Quant au final « Rise And Fall », c’est un jeu de montagnes russes, avec sensations fortes garanties dans un ballet vertigineux de Thrash ondulant, montant d’un break violent pour mieux redescendre d’une pression Heavy vous malmenant et vous applatissant.
En résumé, que dire de plus que tout ce que j’ai déjà énoncé…Que Forgotten Mankind fiat partie du peloton de tête des sorties Thrash pas si old-school que ça par exemple, qu’il jouit d’une production absolument bluffante de profondeur et de clarté, que les musiciens qui l’ont mis en forme connaissent leur lexique Thrash jusqu’au bout du médiator, et qu’ils s’investissent avec corps dans la reconstitution d’agressions affinées par des années de pratique dans l’ombre…
Je pourrais en dire encre plus, que rares sont les groupes à savoir synthétiser autant d’influences sans perdre de vue ni la cadence ni leur individualité, mais si vous écoutez ce LP, c’est bien la première chose que vous constaterez.
Ah si, je pourrai ajouter ceci.
Qu’en dehors de sa pochette absolument immonde, Forgotten Mankind n’a pratiquement aucun défaut à souligner. Mais avouons que celui-ci est d’importance, tout en étant complètement anecdotique !
Titres de l'album:
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