Formless Utopia Eternal
Blight Worms, Retortion Terror, Gendo Ikari
04/12/2020
Grindcore Karaoke
Ça fait quand même un bail que je ne vous ai pas montré le fond de mon split, et je suis certain que ça vous manque. Alors soyez-heureux, le voilà, il est Grind, et tâché de trois couleurs différentes. Tout le monde aime mon split quand il est court et violent, et celui-là a été gardé au chaud pour la bonne bouche - ou les bonnes narines plutôt - puisqu’il a voyagé de par le monde pour en ramener les senteurs les plus exotiques. Sa fabrication a été soignée par les malades hyperactifs de Grindcore Karaoké, le label de J. Randall, qui au moment même où je vous parle doit déjà préparer ses quinze sorties suivantes. Au menu pour humer, de l’australien, du japonais et de l’anglais, soit un joli tour d’horizon des fragrances de violence, avec la figuration au menu des BLIGHT WORMS, de RETORTION TERROR et de GENDO IKARI, trois espoirs montants/valeurs sûres de la scène bruitiste mondiale, et surtout, des esthètes de la bourrinade analogique en prise directe avec le triphasé et la nostalgie blast des nineties.
Pas de tromperie sur la marchandise avec ces trois-là, et dès les premières mesures (ou mieux : le premier morceau, ce qui revient au même) des australiens de BLIGHT WORMS, la fesse est mite, et le thon léché. Pas de prise de tête, du Grind pur jus, qui se souvient très bien des débuts d’AGATHOCLES, de BRUTAL TRUTH, NASUM et ASSUCK, et on cogne, on frappe Crust pour mieux racler D-Beat, et la fête est folle, et sans alcool. Sans avoir plus de renseignements sur les groupes présents à l’affiche, je peux néanmoins affirmer qu’ils représentent leur pays respectif avec folie et dignité, et que le résultat est corsé en tympans. Dualité de voix mi-porcine mi-plantigrade, riffs en prétexte de brutalité, breaks redoutable, basse distordue à l’extrême pour faire plaisir à Shane, enfin en gros et en détails, tous les arguments pour séduire les amateurs de Grind traditionnel.
De leur île de Kyoto natale, les RETORTION TERROR jouent plus ou moins les finauds, et envisagent le Grind comme une performance rythmique assez physique, en multipliant les cassures dans leurs morceaux. Avec un son plus concentré et grave que celui leurs collègues australiens, les japonais nous rentrent quand même dans le lard avec leur méthode Grind Watcher de timbrés, et caracolent, vitupèrent, virevoltent pour nous offrir une décharge de bonne tension. Plus élaborée, la musique des psychopathes du soleil levant offre un visage plus contemporain du Grind, assez proche des terrifiants TOTAL FUCKING DESTRUCTION, mais un visage tout aussi grimaçant et hurlant. On prend évidemment son pied, et le temps passe très vite en leur compagnie d’autant que le son plus que synthétique de la batterie est très rigolo sur les fills.
Les bourrins anglais de GENDO IKARI sont les plus turbulents des trois, mais aussi les plus vicieux et méchants. Avec « Burial », ils tentent de réconcilier la vague américaine des pionniers de REPULSION, et la scène Anarcho-Crust anglaise de la même époque, soit une gravité de fond qui s’accommode fort bien de la bestialité de son. Disposant de la tribune la plus conséquente, ils en profitent pour placer les morceaux les plus longs, qui font la part belle à une dualité rapidité/lourdeur typiquement anglaise. Ce sont d’ailleurs les seuls à oser des titres de plus de deux minutes, qui montrent d’ailleurs certaines capacités de composition. Assez dissonant et bordélique, leur Grind est plus sombre et glauque que la moyenne avec un travail à la guitare qui n’est pas sans rappeler parfois les stridences de Thurston Moore, alors même que la section rythmique refuse la vélocité permanente pour se livrer à un difficile exercice de funambule.
Sinon, rien de plus à signaler, sinon que ces interventions lapidaires vous donneront sans doute envie d’en savoir plus sur chacun des trois groupes, ce qui est quand même le but naturel de tout split, propre ou sale. Seize morceaux, vingt-et-une minutes, trois groupes, parfait, merci mon cul, et à dans dix minutes sur Grindcore Karaoké pour la cinquantième sortie de 2021
Titres de l’album:
01. Blight Worms - Formless
02. Blight Worms - Astral Clocktower
03. Blight Worms - Whispers
04. Blight Worms - Ashen Blood
05. Blight Worms - Winter Lanterns
06. Retortion Terror - Eating the Flames of Error
07. Retortion Terror - Disinformation Parade
08. Retortion Terror - A Zenith Unfound
09. Retortion Terror - Utopia in Shambles
10. Retortion Terror - Fututus Et Mori in Igni
11. Gendo Ikari - Burial
12. Gendo Ikari - Corrosive
13. Gendo Ikari - Unhinged
14. Gendo Ikari - Coalesce
15. Gendo Ikari - Eternal
16. Gendo Ikari - Lament
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MorbidOM qui critique ( à juste titre ) les donneurs de leçons... mais tout en endossant lui aussi le rôle de donneur de leçons !!
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26/03/2025, 13:42
Merci oui c'était bien eux. J'avais beaucoup aimé leur prestation sans donner suite, c'est l'occasion de se rattraper.@Buck Dancer : sur Reign of infinite je trouve également.
26/03/2025, 13:37
Pour une fois je soutiens complètement les festivals qui ont autre chose à faire que de se farcir ce genre de polémique. Ça n'a rien à voir avec exhumer des paroles volontairement provocantes écrites il y a 20 ans. Et puis on parle quand (...)
26/03/2025, 11:24
Z'ont qu'à également organiser une tournée en Ukraine et y'aura un-partout-balle-au-centre...CQFD.
26/03/2025, 08:33
Boycott de ces deux festivals. La bêtise ambiante fait de l'alpinisme, toujours en quête de nouveaux sommets.
26/03/2025, 07:52
C'est possible pour Vektor, en tout cas ils ont partagé un split EP ensembleIl n'y a que moi qui pense à Behemoth sur les deux morceaux en écoute ?
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