Power Metal. Deux mots qui me hérissent autant le poil que « fenouil » ou « Suze », et qui pourtant, font partie de mon vocabulaire musical depuis les années 80. A l’époque, on abusait un peu de ce mot, peinant à lui trouver un véritable sens, et tout ce qui s’avérait plus puissant que du Heavy Metal se voyait affublé de cette étiquette, sans que personne n’en comprenne vraiment les tenants et aboutissants. On y a classé un peu tout le monde et n’importe qui, de HELLOWEEN à PANTERA, mais bien malin celui qui en 2019 est capable de faire le tour de la question sans s’en poser. A l’encontre, il existe un groupe qui ne s’en pose pas, qui assume pleinement cette affiliation, et qui continue sa carrière en publiant régulièrement des œuvres du cru, de plus en plus complètes et complexes, passant discrètement du statut d’outsider trop anonyme à celui de valeur plus que sûre. DESERT, originaires de Beersheba, Israël, construisent donc depuis 2002 leur grand œuvre, patiemment, et semblent avoir trouvé le bon rythme après quelques années de disette créative n’ayant abouti que sur l’enregistrement d’une démo et d’un EP. Il fallut donc attendre les cinq ans séparant Prophecy of the Madman de Star of Delusive Hopes, leur premier LP pour juger du véritable potentiel de ce sextet sympathique, mais si ce premier album les plaçait sur la carte mondiale de la puissance mélodique, il restait encore un peu trop tendre pour pouvoir prétendre à une couronne quelconque. Mais Never Regret, et son titre en forme d’aveu a tôt fait de remettre le groupe sur les bons rails, les comparaisons avec les plus grandes références commençant à pousser dans les colonnes des webzines comme les coquelicots dans les champs, et les amateurs de grandiloquence commencèrent à sérieusement s’intéresser à ces six musiciens (Alexei Raymar - chant, Sergei Metalheart & Alex Zvulun - guitare, Sergei Dmitrik - basse, Oleg Aryutkin - claviers et Assaf Markowitz - batterie). Musiciens intelligents, qui comprirent assez vite qu’on les attendait désormais au tournant et qu’il valait mieux affuter ses épées et charger ses fusils pour encore mieux pourfendre et tirer…
Le troisième album, on le sait sans vraiment savoir pourquoi, est une étape cruciale sur la route d’un groupe. Un virage qu’il faut négocier avec pertinence, et qui en cas de dérapage peut entraîner une sortie de route définitive, ou presque. Et après avoir méchamment accéléré avec Never Regret, les israéliens n’avaient d’autre choix que de garder le pied sur le champignon, négociant la tête d’épingle avec prudence mais grandiloquence, tous chromes brillants et fumée noire sortant du pot d’échappement. Une façon de tracer sans s’arrêter au stand, de passer devant le public avec une morgue supersonique, et c’est exactement ce genre de figure imposée et risquée que Fortune Favors the Brave illustre de sa superbe. La fortune souriant aux audacieux, DESERT a joué son va-tout, appuyant tous ses points forts pour les faire ressortir encore plus, n’hésitant pas à mettre en avant ses qualités les plus clinquantes, pour signer l’album de Power Metal parfait d’une année qui a quand même connu le retour des légendes du genre, SABATON et leur The Great War, ayant placé la barre assez haute. Les remplaçants au pied levé de MANOWAR ne se doutaient alors certainement pas que leur trône allait vaciller sous les coups de boutoir d’un petit groupe sorti de nulle part, et osons la comparaison, Fortune Favors the Brave tient largement la dragée haute à nos chevaliers suédois, qui vont sans équivoque être fort marris d’entendre une musique ressemblant en tous points à la leur, mais avec un panache et une spontanéité beaucoup plus bravaches, et un parfum de nouveauté qui leur fait défaut depuis bien longtemps…Approche en mimétisme, thématiques similaires, obsessions jumelles, les deux groupes pourraient en être d’ailleurs, et pourtant, la naïveté dans la démesure de DESERT donne une longueur d’avance à cet album qui refuse toute forme de discrétion, et qui parvient en moins d’une heure à synthétiser les meilleurs exemples du genre, de GAMMA RAY à ICED EARTH en passant par les immanquables BLIND GUARDIAN, et évidemment, les rois de SABATON. Dix morceaux qui résument quelques décennies de Power Metal sous toutes ses formes, de l’attaque franche et Heavy à la déambulation opératique, en passant par la violence d’un War Metal canardant tous azimuts avec rythmique en fusil mitrailleur et chant lyrique en tour opérateur. Un boulot qui nie toute conception du minimalisme, mais qui assume ses envies de grandeur avec force harmonies séductrices et parties rythmiques destructrices, ne marquant aucune hésitation, et avançant baïonnette au canon.
C’est d’ailleurs au pas de l’oie que commence cette troisième déclaration de guerre aux timorés, avec un tonitruant « Fix Bayonets! », qui commence lourd et emphatique avant d’accélérer le tempo à la BLIND GUARDIAN pour mieux semer la panique dans les rangs ennemis. Produit, enregistré, mixé et masterisé par Alex Zvulun au A.G.Studio de Tel Aviv à Israel, et décoré d’un superbe artwork signé Peter Sallai (SABATON, POWERWOLF, WASP), Fortune Favors the Brave est la preuve que parfois, le clinquant et le chatoyant peuvent avoir valeur artistique, et que lorsque le Power Metal est abordé comme le blockbuster musical qu’il est, il reste un style irritant de son décorum, mais enthousiasmant de ses débordements. Et comptez sur les israéliens pour ne se brider dans aucun créneau, que nous parlions d’un Heavy lyrique et presque magique (« Sons Of War »), ou d’un Speed débridé et complètement désinhibé (« Fortune Favors The Brave », difficile de faire mieux dans le style avec ce refrain concassé et ces chœurs enflammés), tous les secteurs de combat ont été perfectionnés, tous les plans savamment détaillés, et toutes les batailles soigneusement peaufinées, pour ne faire aucun ennemi et tout écraser. Même les affrontements de longue haleine, guerres de tranchées progressives et sournoises sonnent aujourd’hui comme des modèles du genre, et « Hajduk’s Revenge », avec son approche synthétique et Indus à la RAMMSTEIN de sonner comme l’union entre toutes les formes de Metal modernes, sans verser dans l’incongru ou l’opportuniste. On aime ces rythmiques smooth, ces riffs déliés, ces arrangements électroniques qui soulignent le côté menaçant du chant d’Alexei Raymar, très à l’aise dans ces moments écrasants, mais on aime aussi cette intelligence de composition qui évite les gimmicks dissimulant la plupart du temps une pauvreté d’inspiration qui n’a pas lieu d’être ici. En gros, on aime ces musiciens qui embrassent un concept entièrement, sans hésiter, et qui se jettent corps et âme dans le bain bouillant de sueur d’une guerre qui ne peut avoir qu’un seul vainqueur.
Outre leurs propres qualités indéniables, les DESERT peuvent aussi s’appuyer sur des aides extérieures, et quelques featurings fameux, dont celui de Chris Boltendahl (GRAVE DIGGER) sur le fier et puissant « Blood On The Sand », au parfum très BLIND GUARDIAN, et ceux conjoints de Georg Neuhauser et Fabio D’Amore (SERENITY) sur le mystique « I Gave You A Kingdom ». Une affaire de famille donc, qui peut aujourd’hui s’enorgueillir de compter dans ses rangs un digne représentant, ayant tout compris aux principes internes et apte à prendre les choses en main et mener des opérations sous son seul nom.
Titres de l’album :
1. Fix Bayonets!
2. Sons Of War
3. Operation Thunderbolt
4. Fortune Favors The Brave
5. My Black Flag
6. Hajduk’s Revenge
7. I Gave You A Kingdom
8. We Were Soldiers
9. Blood On The Sand
10. Symbol To Believe
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