Aujourd’hui est le dernier jour de l’automne, et le premier de l’hiver. Amusant de constater que cette coïncidence de calendrier me permet de faire la transition avec la publication d’une nouveauté, venant d’un pays ou la rigueur hivernale est l’une des plus rudes, provoquant une sorte de nuit éternelle propice aux songes et autres rêves glacés. La Suède, une fois encore, nation reine en Rock d’or, qui depuis une bonne dizaine d’années nous donne la leçon dans tous les domaines, se montrant souveraine en matière d’extrême, mais aussi en termes de Hard-Rock léché et peaufiné, un peu comme si cette dualité de ton illustrait à merveille son mode de vie. Ainsi, nous retrouvons en ce jeudi 21 décembre un groupe qui arpente les routes depuis le début des années 2000, et qui se paie le luxe de publier son quatorzième album studio, alors que le projet n’en était qu’un de côté à ses origines…Un peu d’histoire pour situer le contexte. Les LAST AUTUMN'S DREAM ne sont donc pas nés d’hier, mais ont commencé leur périple en 2002, sous l’impulsion du vocaliste/claviériste Mikael Erlandsson et du guitariste Andy Malecek (ex-FAIR WARNING, pointure donc). En s’adjoignant à l’époque les services de trois ex-EUROPE en rupture de ban, le groupe faillit rentrer dans l’histoire, mais très rapidement, John Leven, Ian Haugland et Mic Michaeli reprirent la route des studios et de la scène avec leur ancien redevenu nouveau combo, ce qui n’empêcha nullement le concept de continuer sa route, en proposant des albums toujours plus peaufinés au Hard Rock subtilement léché. Il convient donc aujourd’hui de fêter les quinze ans d’existence d’une formation qui n’a pas chômé, et qui a trouvé au Japon sa terre d’asile, lui réservant même l’exclusivité de certains de leurs albums pour les remercier.
Ces albums sont donc au nombre de quatorze en version studio, et si Paintings l’année dernière avait convaincu les plus romantiques des rockeurs, In Disguise proposait en 2017 ses propres versions de classiques pas forcément typiques, choisissant de reprendre à sa sauce ABBA, LOVERBOY, et autres incongruités hors du champ d’action habituel, mais avec un brio démentiel. C’est donc avec un énorme plaisir que nous retrouvons le combo en pleine forme via ce Fourteen, qui de sa magnificence ne fera pas oublier le parcours jonché de difficultés qu’ont dû affronter les européens. Entre les départs inopinés, les décès ne l’étant pas moins (le suicide du bassiste Marcel Jacob en 2009, tragique), il convient de saluer la foi de musiciens n’ayant jamais cessé d’y croire, et se permettant même de sortir l’un de leurs meilleurs disques pour cette transition automne/hiver qui nous offre un catalogue de compositions riches et mélodiques. L’art de la troupe n’a pas changé d’un iota (Mikael Erlandsson - chant/claviers, Peter Söderström - guitare, Jamie Borger - batterie, Nalle Påhlsson - basse et Ulf Wahlberg - claviers), et on découvre que Fourteen est toujours aussi axé sur ce Hard-Rock tirant sur le FM et l’AOR, spécialité des suédois qui n’en manquent pas, mais qui atteint ici un niveau de perfection rarement atteint. Il est certain que les plus revêches d’entre vous risqueront de trouver ça un peu mièvre, le son se rapprochant de la West-Coast US des années 80, suggérant bien évidemment aussi quelques allusions à ECLIPSE, FAIR WARNING et autres combos au talent consacré, mais en substance, et si votre cœur est encore assez léger, impossible de trouver la moindre faille dans cette entreprise de mélodisation des décibels, qui trouvent ici un écrin à la hauteur de leur beauté rebelle. Et après une courte intro au solo élégiaque, l’aventure commence, nous transportant vers des paradis de Rock mélodique mais hargneux, comme ce « Go ! » en signal du départ un poil teigneux.
Archétype d’un Hard-Rock de grande classe évitant les poncifs les plus regrettables, ce nouvel effort studio des LAST AUTUMN'S DREAM est une acmé de créativité, respectant les codes pour mieux les transcender, et évoquant au gré des pistes tous les aspects de jeu d’un Rock qui se veut aussi tendre que nerveux. Le génie des suédois, et le mot n’est pas usurpé, est de se contenter de structures bien cadrées pour ne jamais se montrer redondant ou trop surfait, et de signer des refrains terriblement accrocheurs ne masquant pas le vide de couplets qui ne sont pas uniquement là pour les amener. Certes, j’en conviens, les tonalités sont d’usage, comme le riff d’intro de « Siren », qui paie son tribut à « Kashmir » des ZEP, mais le talent individuel incroyable de ces musiciens de premier plan transforme chaque intervention en épiphanie, donnant à ce nouvel LP des allures de Greatest Hits à peine déguisé. On y retrouve tout ce qui a toujours fait le charme du quintette depuis ses origines, essence qui embaume de plus en plus les oreilles de son charme tout sauf suranné. Car au-delà de la sensibilité, c’est le feeling qu’il faut aller chercher, sans avoir à fouiner trop loin pour le trouver. En enjambant la frontière entre Rock et Pop, le groupe se permet des choses plus légères, mais pas moins conséquentes, à l’image de ce « I Don’t Wanna Wait », que le Richard MARX de Rush Street ou le JOURNEY de Escape n’auraient certainement pas repoussé. Les morceaux se suivent, s’enchaînent et nous déchaînent sans marquer le moindre temps mort au niveau de ces harmonies subtiles et envoutantes, et même la reprise de notre Pat BENATAR chérie passe largement la rampe, dans une version très respectueuse de l’originale, qui aurait pu être euphorisée par des DANGER DANGER enthousiasmés. C’est beau, énergique, costaud, romantique, mais c’est surtout incroyablement bien fait, et en ne dépassant que très rarement la limite imposée des quatre minutes, les suédois ont fait le bon choix, lâchant les hymnes comme les colombes de la paix, tout en trépidant d’un Rock pas si tranquille qu’il n’en a l’air (« Turn It Up »).
Loin d’un Hard bubble-gum que les américains apprécient tant, et même si l’ombre des ROUGH CUTT plane parfois au-dessus de l’œuvre, les LAST AUTUMN'S DREAM préfèrent consacrer leur talent à des titres qui valent tous leur pesant, de mélodies évidemment, mais aussi d’arrangements, sobres, mais bien présents, et qui agrémentent des déhanchés donnant méchamment envie de se trémousser (« Let The Curtain Fall »). N’encombrant pas la déclaration de ballades sirupeuses dangereuses et porteuses de diabète, les esthètes préfèrent régulièrement atténuer la puissance pour taquiner la romance (« Wouldn’t U Like »), tout en appuyant fermement sur l’accélérateur pour verser avec bonheur dans le burner (« Get Them All »). Seul le final cristallin de « Love Again » vous permettra de déclarer votre flamme à votre bien-aimée, sans pour autant passer pour un romantique englué aux sentiments bloqués sur des claviers. Bien que présents, ces derniers savent s’effacer pour laisser s’exprimer une guitare qui ne demande qu’à bavarder, sans se montrer trop envahissante pour ne pas déséquilibrer. Au final, on reste admiratif devant une telle entreprise, qui valide des années d’une carrière que les tragédies n’ont pas réussi à ébranler, et qui nous offre encore aujourd’hui une démonstration de savoir-faire sidérante de pertinence. Une bien belle façon de célébrer l’arrivée de l’hiver et de ses paysages enneigés, les oreilles bien au chaud d’un Hard-Rock de saison, qui regarde la nature se transformer au son de chansons simples mais sincèrement incarnées.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09