Attention, Death sud-américain particulièrement vilain, sale, forcené, basé sur les principes floridiens les plus séculaires, pervertis par une violence typiquement chilienne, de celles qui vous font vous retourner en pleine rue pour voir si personne n’essaie de vous planter un couteau dans le dos. Un Death Metal compact, dominé d’une voix d’outre-tombe, que l’on peut parfois entendre dans les vieux cimetières pour peu que l’on tende l’oreille encore valide, basé sur un principe old-school certes éprouvé, mais magnifié par une attitude vraiment bravache.
MORTIFY, de son nom, son parcours et son approche, est une sorte d’archétype du vintage en vente dans les meilleures friperies morbides de ces dix dernières années. Déjà auteur d’un premier EP en 2017 (Mortuary Remains, recommandable), ce quatuor sans foi ni loi perpétue la tradition inaugurée par MORBID ANGEL et reprise à un compte différent par INCANTATION, un savoir mélangeant la précision technique et la prise de conscience pesante, ce qui évidemment nous donne un mélange qui n’allège pas le moral, mais qui engraisse l’estomac d’une bile grasse comme une toux de condamné.
Quelque part entre Tampa et Portland, se situe donc le terrain de jeu virtuel de Benjamín Araneda (guitare),
Alonso Villar (batterie), Cristian Fuentes (guitare/chant) et Diego Gonzalez (basse), un terrain vague jonché de détritus, de corps démembrés, de victimes de la société, où le seul mode d’expression possible reste le dégoût, formalisé atour de douze morceaux vraiment solides, mais clairement déprimants. Pourtant, et peut-être même parce que, on est rapidement hypnotisé par ce son cryptique, par cette grosse basse qui claque en arrière-plan, par ces riffs sombres et inflexibles, et par ces lignes de chant résignés, éructées d’une voix grave comme un diagnostic de cancer terminal.
« Beneath the Emptiness » pose justement les jalons de la vision, en constatant l’absence totale de perspective derrière le vide de nos pauvres existences. Intro sobre mais efficace, entrée de luxe avec double grosse caisse en éclaireur, technique affinée et affirmée, pour un melting-pot de ce que le Death classique et traumatique compte d’ingrédients les plus savoureux. Reprenant à leur compte les méthodes de feu Chuck Schuldiner et Trey Azagthoth (arythmie, mesures impaires, soli d’obédience légèrement jazz, constructions évolutives) pour les traduire dans un langage beaucoup plus glauque et réaliste qu’occulte, Fragments at the Edge of Sorrow s’impose dès les premières mesures comme la crème de la crème de la nostalgie.
Du savoir-faire donc, du panache dans la laideur, pour un album qui révèle toute sa richesse assez rapidement, sans toutefois verser dans la paraphrase maladroite. On retrouve des essences respirées à plein poumons il y a trente ans en humant l’air putride de « Ethereal Illusion of Psyche », poisseux comme du Doom/Death moribond, mais soudainement véloce comme un zombie grognon, mais les quelques interludes savamment placés nous permettent de reprendre notre souffle avant une nouvelle immersion.
On pense à un frère presque jumeau du PESTILENCE de Patrick Mameli, en pleine dépression incurable, mais aussi à une sorte de fondue savoyarde de tous les plus grands fromages floridiens. La Suède est donc occultée, une fois n’est pas coutume, toutefois sa froideur se retrouve ici en écho de congères lorsque les guitares brisent la glace pour mettre à nu quelques virus anciens. Et histoire de se démarquer de leurs petits camarades de jeu, toujours plus nombreux et hyperactifs, les chiliens ont le bon goût de nous proposer un long instrumental, « Mindloss », totalement prenant et progressif, mettant en relief l’incroyable acuité technique de chacun des musiciens (qui se connaissent bien pour évoluer ensemble au sein de SOCIALISIS, pour trois d’entre eux)
Avec ou sans voix, la sauce prend donc et brûle la gorge, même si les épices savent se montrer plus douces et digérables (« The Accursed and the Throes »). En phase avec les impératifs du genre, les MORTIFY taquinent même le spectre de MORGOTH en virée avec Martin Van Drunen (« Astral Sphere From a Bleeding Soul »), osent le catchy en up tempo diabolique (« Process in a Secrecies of Thoughts »), et font donc montre d’une variété de jeu conséquente.
Une affaire très professionnelle, qui emprunte à droite et à gauche de quoi alimenter son propre lexique, qui cite parfois SADUS sans oser le Techno pour autant, qui reste agressif tout en jouant la carte de la modulation, et un deuxième album d’une maîtrise artistique saisissante. Cinquante minutes d’horreur bien concrète, pour une visite guidée d’un Chili qu’on ne souhaite pas connaître intimement de peur d’y laisser quelques plumes.
Et des tripes aussi.
Titres de l’album:
01. Beneath the Emptiness
02. In the Amorphous Path
03. Ethereal Illusion of Psyche
04. Fragments
05. Frayed Lunacy (Dying Sight)
06. Mindloss
07. The Accursed and the Throes
08. Edge
09. Astral Sphere From a Bleeding Soul
10. Process in a Secrecies of Thoughts
11. Contaminated Echoes
12. Sorrow
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15