C’est l’été youpi, il va faire chaud dans les maillots, mais pour ceux qui ne partent pas en vacances ou qui détestent la bronzette, le sable, les touristes, les piscines publiques et toute forme d’exhibition corporelle sociale, il est tout à fait possible de s’enthousiasmer en restant chez soi, et en se branchant sur l’actualité des Bandcamp. Ainsi, MALEDICTION, qui à plus d’un titre est une forme de BENEDICTION nous ramène aux grandes heures du Death Metal anglais de l’orée des années 90. Nostalgie donc, mais pas à posteriori, puisque MALEDICTION fait partie des défricheurs anglais d’une violence sourde, la même justement qu’illustrait à merveille le premier groupe de Mark « Barney » Greenway.

MALEDICTION, fondé en 1990, après avoir battu pavillon NEUROSIS pendant une petite année bénéficie donc d’un traitement de faveur du label espagnol Xtreem Music, qui réédite ses premiers exploits en vinyle de luxe, disponible depuis le début de ce mois de juin. Et six ans après la compilation Chronology of Distortion, ces originaires de Middlesbrough, North Yorkshire sont encore célébrés à grand renfort de louanges et de précisions encyclopédiques, via le pressage nouveau comme le beaujolais de leur démo Framework of Contortion.

Sortie à l’origine en format tape en 1991, cette démo bénéficie donc d’un nouvel éclairage plus pro, et permet à ce groupe sous-estimé de revenir au-devant de la scène. Même si le combo n’a jamais pris la peine de sortir un full-lenght, il a quand même collectionné les EP’s, les splits et les démos jusqu’en 2000, ce qui en fait l’un des représentants anglais les plus respectables de sa génération, au même titre que BENEDICTION, cité plus tôt.

D’ailleurs, les deux groupes se ressemblent beaucoup, même si MALEDICTION tire parfois la bourre au foudre de guerre BOLT THROWER, via quelques riffs bien macabres et autres écrasements Heavy assez efficaces. Entre les deux influences évolue donc cette démo, qui laissait augurer d’un avenir plus clément et plus stable. On pense aussi parfois lorsque les riffs se veulent plus guillerets à CARCASS période ni Grind, ni Death, mais on apprécie globalement ce son si sec, ces morceaux tout en sobriété, et cette ambiance passéiste délicieuse en tympans.

Framework of Contortion totalement ancré dans son époque bénie joue donc le classicisme, évoque parfois le parfum d’un CANCER en stade terminal, et rue avec modération dans les brancards en évitant de singer les tics suédois ou la démence américaine bestiale. Le tout est très clinique, joué avec précision et application, et ce qui manque de folie est comblé par un professionnalisme remarquable pour une maquette de 1991.

Blasts, Heavy poisseux et moite, mélodies avortées et breaks funèbres, tel est le lot de cette rondelle qui mérite d’être découverte, pour se concentrer sur un pan underground de l’histoire de l’extrême anglais. On gardera pour la bonne bouche cette voix ignoble et dégueulée au-delà de la gueule de bois normale, on savourera ces quelques bouquets de riffs enjoués et formels, cette batterie sous-mixée et non triggée, et ces soli qui auraient pu satisfaire un MORBID ANGEL de début de carrière ou un BOLT THROWER content d’avoir retrouvé son lance-pierres.     .

Une bonne tranche de nostalgie donc, et une réédition très intéressante, vendue en galette pour quatorze petits euros, ce qui est relativement peu au regard du caractère historique de cette affaire. Les MALEDICTION et BENEDICTION auraient donc pu évoluer de concert, partager des scènes ensemble, et incarner l’avant-garde Death d’une Angleterre au style très personnel. Merci aux ibères d’Xtreem Music pour cette excellente idée qui s’inscrit dans son programme « Deathcult series », dont Framework of Contortion est l’épisode numéro 39.

A suivre de très près donc.

Titres de l’album:

01. System Fear

02. Waste

03. Murdered from Within

04. Longterm Result

05. Insect in the Infgrastructure

06. Infestation

07. Framework of Contortion

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