Vous connaissez un peu le principe du Purgatoire si vous avez lu la bible ou au moins La Divine Comedie de Dante. Ce truc situé entre le Paradis et l’Enfer, pas vraiment médian, mais au concept équivalent à attendre son sort tout en subissant quelque peu l’ire des dieux. Le mien est suédois, et j’y suis coincé depuis un moment…Mais mon Purgatoire, loin de ressembler à un succédané de l’enfer sans les anges du Paradis, est un Purgatoire musical, peuplé d’instrumentistes qui se donnent du mal pour agrémenter mon quotidien autrement qu’avec une brume qui plane et des plaintes émanant du lointain. Plus sérieusement, je commence à me poser des questions sur ma réalité musicale, tant les groupes suédois que je chronique représentent à peu près un tiers de mon boulot de chroniqueur, un peu comme une presse à vinyles qui tournerait jour et nuit, tout en faisant très attention à la qualité de ses produits. Pas une semaine ne se passe sans que je me retrouve à Stockholm, à Göteborg, Malmö, Uppsala, la grande partie de la production s’étant concentrée dans ces villes, au plus grand étonnement des journalistes mondiaux qui n’auraient pu soupçonner telle chose il y a encore vingt ans. Aujourd’hui, le cas de figure est assez intéressant, puisque le groupe abordé est plutôt à prendre comme un side-project, et une association amicale impliquant les trois cinquièmes d’un groupe bien connu de la scène. Si vous connaissez Metalville, ce label allemand qui ne manque jamais de nous envoyer ses nouveautés, vous connaissez donc forcément ASTRAL DOORS, dont le petit dernier fut lâché en avril de cette année. Worship or Die, huitième LP du combo confirmait l’allégeance des musiciens à un Heavy Metal de tradition, et il n’est guère étonnant de constater que ce nouveau projet monté par Johan Lindstedt en respecte aussi les codes. C’est ainsi qu’il décida un jour de se lancer dans la conception d’une nouvelle entité en compagnie de son ami Chrille Wahlgren, chanteur de son état au timbre rauque et vicieux comme on les aime…Au départ, le fringant batteur et le sémillant chanteur s’étaient fixé comme objectif d’écrire une quinzaine de chansons pour ce nouveau concept, qui finalement s’arrête à onze, mais s’est vu complété en route par deux autres membres d’ASTRAL DOORS, Mats Gesar (guitare) et Ulf Lagerström (basse), puis augmenté d’un second guitariste, Mathias Henrysson.
Le but du jeu? Continuer le travail entrepris par le groupe principal des trois musiciens, en lui apportant une petite touche conceptuelle et horrifique, et en transposant son imagerie dans celle du cirque des freaks et autres clowns de sinistre légende. On connaît le principe, il est assez classique, mais il s’accompagne ici d’un Metal franc et massif, souhaitant faire la jonction entre les eighties de tradition et une approche plus contemporaine. Sans viser l’originalité à tout prix, les deux têtes pensantes et leurs trois accompagnateurs ont donc soigné leur optique, et malgré des photos promo un peu cheap évoquant un combo de BM de troisième ou quatrième division, le résultat est assez performant, à défaut d’être renversant, et la belle énergie dont fait preuve le groupe l’apparente à une sorte de cousin germain de DIO et KING DIAMOND, avec un peu d’AVATAR pour parrainer le tout. On sent aussi toute l’importance de l’Allemagne d’ACCEPT, notamment dans la voix de Chrille Wahlgren, éraillée et légèrement sardonique dans ses accents, soutenant avec flair des riffs classiques, mais plus ou moins prenant. On sent clairement que le background des musiciens leur a servi de base de réflexion au moment de la composition, et si le Heavy d’il y a trente ans règne en maître sur Freaks And Clowns il n’en est pas moins transcendé par une énergie nouvelle, et une envie de le sortir de son carcan old-school un peu trop restrictif. Pourtant, vintage, ce premier album l’est, un peu comme si GAMMA RAY, JUDAS PRIEST, ICED EARTH, ACCEPT, et autres références incontournables s’étaient regroupés pour nous narrer une aventure extraordinaire. Toujours prompts à mâtiner l’agressivité de mélodies sous-jacentes et de chœurs fédérateurs, les suédois se font donc plaisir avec ce premier album qui à n’en point douter séduira les amateurs de Heavy légèrement lyrique et dramatique sur les bords, pas forcément inventif, mais bien arrangé, superbement produit, et apte à leur donner les frissons dont ils ont toujours besoin.
Mais où le bât blesse-t-il alors ? Et bien autant dire qu’avec onze compositions et presque cinquante minutes de musique, la linéarité n’échappera pas à l’observateur attentif, qui regrettera que le mid tempo s’impose en roi, et que certains motifs se répercutent souvent sur les murs de la créativité. Hésitant entre boogie pataud et costaud et Heavy tronçonné à la germaine, les scandinaves se montrent un peu timorés, et rentre en faux avec leur propre concept de créatures bizarres et de clowns étranges. On aurait apprécié plus de culot et d’imagination, puisque quasiment tous les titres sont bâtis sur le même moule, avec toujours ces guitares bloquées sur des licks traditionnels, et ce chant dramatique dans la puissance. Le résultat est donc beaucoup plus conventionnel que l’idée, et il est franchement dommage que l’essence même du concept n’ait pas plus puisé dans le Power Metal voire le Thrash pour agrémenter son ambiance globale d’une petite touche de folie. On a souvent le sentiment d’un LP croisant le fer entre DIO, ACCEPT et JUDAS PRIEST, ce qui n’est pas foncièrement désagréable, mais qui s’étend au-delà de limites raisonnables. Un peu comme si l’inspiration avait été suffisante pour en EP, puis diluée pour atteindre la durée d’un LP. Ce qui n’empêche nullement des morceaux comme « Demons In Disguise » de frapper très fort niveau Néo-Power, avec une grosse basse grondante et des riffs qui pour une fois s’assombrissent un peu, ou « All Hell’s Breaking Loose » au déhanché plus souple qui nous évite pour la énième fois ces rythmiques viriles, mais désespérément inamovibles. Peu de ruptures, pas de ballades, quelques pointes de fun parfois, notamment en fin de parcours avec « Thunder And Lightning », qui réunit les SAXON et THIN LIZZY dans un monde à la PRIMAL FEAR, mais surtout, un aveuglément global ayant privilégié la passion sur l’innovation, et si FREAKS AND CLOWNS s’en sort tout juste avec les honneurs, le travail accompli reste dans la seconde division de confort dans laquelle ASTRAL DOORS piétine depuis sa création.
Agréable, mais pas transcendant, supportable, mais vite énervant, cet album ne restera qu’une anecdote, un petit plaisir de récré pour des musiciens un peu trop obsédés par le passé. Une foire aux merveilles un peu trop clean pour vraiment effrayer, et trop sérieuse pour vraiment amuser. Un Purgatoire musical en quelque sorte…
Titres de l'album :
01. Demons In Disguise
02. Into The Ground
03. The Battle Of Love And Trust
04. Creatures Of The Night
05. Freaks And Clowns
06. Heartbreak City
07. All Hell’s Breaking Loose
08. King Of The Sun
09. Thunder And Lightning
10. Breaking All The Rules
11. Tell It To The Priest
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15
Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)
06/05/2025, 05:51
Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)
05/05/2025, 23:34
J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .
05/05/2025, 18:16
Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)
04/05/2025, 12:35
C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)
04/05/2025, 12:25
Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !
04/05/2025, 09:55
Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)
03/05/2025, 22:39
T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.
03/05/2025, 21:41
Je précise ne rien avoir avec ce dénommé Caca qui semble péniblement tenter mon style pour faire fureur dans les commentaires. Vous manquez de style et de fond, cher Caca !Je suis top nazi ici et je vais pas laisser ma place à la médiocrité (...)
03/05/2025, 21:36
Oui c'est tellement américain cette histoire, je juge même c'est tellement un autre monde. Mais il semblerait qu'il ait, c'est peu dire, dépassé les bornes.
03/05/2025, 21:31
En France, sa mère serait tout sourire sur un cross volé devant les caméras en train de dire "qui n'a jamais fait un refus d'obtempérer".
03/05/2025, 19:37