En poussant les choses à leur paroxysme, on pourrait dire que les origines de ce groupe remontent à…1981 et la formation d’ASIA, l’un des groupes les plus importants des eighties. Certes, le souci du détail me pousse à exagérer légèrement les choses, et pourtant, le lien est bien là. Car en effet, la genèse des DUKES OF THE ORIENT résulte de la séparation d’ASIA Featuring John PAYNE, après le décès de John Wetton, chanteur originel d’ASIA au début de l’année 2017. A ce moment-là, John Payne et Erik Norlander (engagé quelques années plus tôt) décidèrent en effet de continuer leur aventure entamée plus tôt sous un nouveau nom, sans vraiment changer leur optique progressive évidemment héritée des premiers efforts d’ASIA. Et presque quarante années plus tard, la saga trouve donc une continuité à travers ce nouveau projet, déjà responsable d’un premier LP éponyme en 2018. Alors, fans d’ASIA qui connaissez certainement ce nouveau groupe, soyez heureux de le retrouver pour un deuxième tome mettant la barre encore plus haute, et il est évident que les pontes de Frontiers doivent être plus que satisfaits de la tournure que prennent les choses, puisque ce Freakshow, loin du spectacle de monstres pour foire un peu étrange se pose en suite magistrale à une entame qui débordait déjà de qualités. Nous parlons donc de Rock progressif ici, mais pas celui des DREAM THEATER ni celui de PERIPHERY, mais bien celui popularisé dans les années 80, qui n’hésitait pas à se frotter à la Pop, celui de GENESIS, de YES, et autres chantres d’une complexité instrumentale atténuée par l’utilisation de mélodies entêtantes. D’ailleurs, en découvrant la première piste « The Dukes Return », on pense immédiatement au GENESIS de Phil Collins, celui de « Turn it on Again » et de Duke, avec ce mid-tempo bondissant à faire trembler les murs des charts. Nous sommes donc assez loin d’un Hard-Rock traditionnel, mais aussi d’un progressif conçu par les FLOWER KINGS et autres PORCUPINE TREE, l’approche des DUKES OF THE ORIENT s’ancrant plus dans une tradition en vogue il y a trente ans, à grand renfort de claviers, de saxo, et autres instruments qui n’ont pas vraiment leur place dans un contexte dur.
Ce qui n’empêche nullement Freakshow d’être un excellent album, et surtout, une suite digne d’une entame fabuleuse. Evoluant autour d’un line-up de dream-team (John Payne - chant/basse/guitare, Alex Garcia - guitare, Erik Norlander - claviers, Frank Klepacki - batterie et Eric Tewalt - saxophone), Freakshow présente un groupe tout à fait en place et en phase avec ses ambitions, et malgré sa durée, ce nouveau chapitre se montre fascinant de bout en bout, osant des compositions évidemment longues et développées, mais ne manquant jamais d’arguments. L’ambiance n’est pas à l’agressivité, pourtant l’écueil gluant de la mélasse est évité avec flair, et les harmonies sublimes développées par la guitare et les claviers trouvent un contrepoint fabuleux dans la voix légèrement rauque et Rock de John Payne, dont le timbre s’arrange de tous les registres, permettant aux DUKES OF THE ORIENT de proposer à peu près tout ce qu’ils veulent, et de revisiter le répertoire de la musique anglaise de ces soixante dernières années avec un panache incroyable. En témoigne le très BEATLES/ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA « The Ice Is Thin », à peu près aussi anglais qu’un Dave Davies prenant le thé dans les rues d’un petit village, le costume impeccable et l’air goguenard. Doté d’une production qui n’en fait pas trop et qui ne laisse personne sur le carreau, Freakshow fait la part belle à la dextérité instrumentale, mais aussi aux arrangements vocaux qui nous replongent dans la magie des sixties, sans oublier ce saxo intervenant pile quand il faut pour nous réchauffer des néons des années 80. Il est possible parfois d’être surpris par le parti-pris d’un morceau ou d’un autre, surpris par le côté incroyablement Heavy de « Freakshow » qui pourtant n’abuse pas d’un riff Metal, et qui base toute sa lourdeur sur la basse, le clavier et le chant puissant de Payne. Archétype de Hard-Rock song lourde et psychédélique, ce title-track fait assurément partie des réussites de l’album, et valide la création de ce groupe excentré et hors-normes. Loin de recycler de vieilles recettes pour miser sur la nostalgie d’un grand nom, les cinq musiciens jouent leur propre carte, et nous séduisent de leur audace, ne tenant pas compte des impératifs de l’époque sans pour autant se raccrocher à un passé illustre.
Remettre son titre en jeu sans se la jouer sécurité, telle est la principale qualité des DUKES OF THE ORIENT. Le fan de Metal de base ne s’y retrouvera certainement pas, l’accro au Metal progressif moderne non plus, mais le fan de musique ciselée et précise appréciera ces tubes semblant venir d’une autre époque, et rappelant les bandes-originales de films des eighties, avec en exergue le superbe et immédiat « The Monitors », totalement irrésistible. Mais en se basant sur le passif d’ASIA, il était évident que les pistes longues à ambiance allaient se tailler la part du lion, considérant l’heure que dure l’album, et dès « Man Of Machine » nous sommes servis sur un plateau d’argent. Intro toute en mélodie et délicatesse, avant que l’ambiance ne change et que les watts ne s’expriment enfin, et on se souvient avec beaucoup de tendresse des meilleurs moments d’ASIA, mais aussi de PHENOMENA, d’IQ, pour un festival de savoir-faire qui laisse admiratif. Rien n’a été laissé au hasard, et pourtant, les chansons sonnent frais, spontané, nous évitant la démonstration masturbatoire de musiciens en mal de reconnaissance. Ici, c’est la musique qui prime, et elle est magnifique, parfois datée dans la démarche, parfois un peu trop tendre pour la génération actuelle, mais elle sait s’adresser aux amoureux de la pureté instrumentale qui savent séparer les véritables orfèvres des faiseurs sans talent. Alors, on déguste, à petites bouchées, on avale avec un plaisir infini les arabesques romantiques de « The Last Time Traveller », qui propose un final homérique dominé par un duo claviers/saxo sur fond d’up-tempo aussi jumpy qu’une représentation de Footloose live. On déguste les nappes vocales introduisant le puissant « A Quest For Knowledge » qui évoque une forme apaisée de DREAM THEATER avant de tourner AOR de première qualité, on savoure le synthétisme du ludique « The Great Brass Steam Engine », avant d’entamer le diptyque final magique de « When Ravens Cry » / « Until Then ».
En quinze minutes de conclusion superbe, les DUKES OF THE ORIENT prouvent qu’il existe encore des musiciens plus préoccupés par leur art que leur apparence ou de quelconques gimmicks vendeurs, et que la nostalgie n’est pas qu’une affaire d’opportunisme, mais bien de passion aussi. Supérieur au premier LP éponyme, Freakshow nous présente effectivement des personnages en total décalage avec leur époque, et plus prosaïquement, un album magnifique, qu’on écoute des dizaines de fois pour en saisir la beauté. ASIA pas mort ? Pas totalement non.
Titres de l’album:
01. The Dukes Return
02. The Ice Is Thin
03. Freakshow
04. The Monitors
05. Man Of Machine
06. The Last Time Traveller
07. A Quest For Knowledge
08. The Great Brass Steam Engine
09. When Ravens Cry
10. Until Then
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