Je vais poser deux ou trois trucs ici avant que vous ne déposiez réclamation. Malgré ce qu’on pourrait croire eu égard à la pochette de cet album et son label, AMERICAN TEARS n’est PAS un groupe de Hard Rock mélodique ou d’AOR. Ça n’est pas non plus un jeune groupe fondé dans les années 2010 comme on pourrait le penser en regardant sa discographie la plus récente. Il ne s’adresse pas forcément non plus aux meutes hardantes qui espèrent d’un disque qu’il les fera headbanguer jusqu’au bout de la nuit. Une fois ces quelques précisions bien intégrées, nous pouvons donc passer à l’analyse du produit en question. Loin d’un Hard Rock mélodique auquel nous sommes coutumiers dans ces colonnes, AMERICAN TEARS pratiquerait plutôt ce qu’on désigne sous le terme péjoratif de Pomp Rock, ce Progressif de la fin des années 70, que les ELP et autres évolutifs techniques aimaient graver sur vinyle pour offrir à leur fans des plans interminables et clairement phagocytés par les claviers. Une fois cette donnée portée à votre connaissance, vous avez le choix de continuer ou pas à lire cette chronique, qui risque de vous dévoiler un contenu vous laissant indifférent. Car le projet est né lui aussi dans les années 70, et a produit trois albums pour la major Colombia, Branded Bad en 1974, Tear Gas en 1975 et Powerhouse en 1977. Il faut donc chercher l’inspiration de ces musiciens dans le Rock progressif des seventies, même si le projet relancé il y a quelques années pourrait laisser penser à une adaptation à des exigences plus modernes. Mark Mangold, claviériste responsable de la renaissance du groupe en 2018 a depuis enregistré quelques disques plus ou moins recommandables, dont Hard Core en 2018 et White Flags en 2019, et c’est très logiquement par souci de régularité que le bonhomme s’en revient en 2020 avec un troisième LP post-reformation sous les bras.
Cette fois ci, Mangold (DRIVE SHE SAID, TOUCH) s’est entouré d’autres pointures dont Alex Landenburg (STRATOVARIUS, KAMELOT, RHAPSODY) à la batterie et Barry Sparks (ex-UFO, DOKKEN) à la basse, accueillant aussi en tant que guests Doug Howard (TOUCH, UTOPIA, EDGAR WINTER BAND) et Charlie Calv (ANGEL, SHOTGUN SYMPHONY). Un line-up de première classe donc, pour un sixième LP officiel, et une nouvelle fois, il n’est pas surprenant de constater que ce Free Angel Express est un train drivé par une locomotive de claviers, comme à la grande époque des combos progressifs des années 70. Il est donc inutile de vous attendre à un déferlement de mélodies west-coast posées sur un tapis de velours rythmique, puisqu’ici, le propos est synthétique, itératif, insistant et redondant, mais si vous faites l’effort de vous plonger dans cet album, vous nagerez en eaux créatives vraiment puissantes au courant porteur, pour finalement atterrir sur une plage au sable fin et à la végétation luxuriante. D’ailleurs, Mangold, pour ne laisser planer aucun doute n’impose qu’un seul morceau dit « normal » en ouverture de ce nouvel effort, le single « Sledgehammered » qui n’a pas grand-chose à voir avec Peter Gabriel, mais qui pourra vous amadouer de son énergie Pop-Rock eighties légèrement futuriste sur les bords. Ensuite, il vous faudra accepter la philosophie même du concept, avec deux titres frôlant les vingt minutes à eux deux, et qui vous entraîneront sur la piste d’un progressif ancien remis au goût du jour d’une production plus moderne. Cette dernière, assez atypique confère à la batterie une patine synthétique qui peut surprendre et dérouter, mais nivelle justement les instruments pour qu’ils s’accordent au clavier sans le dénaturer. C’est donc assez particulier, mais on retrouve du ELP, du IQ parfois, du YES des années 80, un peu de MARILLION en plus vulgarisé, et « Free Angel Express/Resist/Outta Here » de nous faire glisser dans le temps, entre 84 et 86, lorsque les mastodontes des années 70 devaient faire quelques concessions eighties pour ne pas être largués.
Mais ici, tout est précis, calculé, et ce côté un peu froid pourra rebuter les amateurs de sensations fortes et de jeu spontané. Heureusement pour nous, tout n’est pas ici qu’élitisme instrumental et musique pour un cénacle restreint, puisque Mark se répand parfois dans une Pop riche qui peut compter sur le jeu de batterie hallucinant de Landenburg pour être encore plus efficace. En témoigne « Not For Nothing », au tempo bancal et constamment sur la brèche, qui laisse libre cours à Mark pour manipuler ses synthés avec force et dextérité. Mais soyez bien conscients que la guitare ici est polie, rarement aux avant-postes, et qu’elle ne se laisse que très peu distordre pour ne pas rendre le projet trop agressif. « Glass » sonne par exemple comme du MIKE AND THE MECHANICS un peu plus tendu, et seul « Roll The Stone » pourra à la rigueur vous rappeler les tubes les plus accessibles du RUSH d’il y a quelques décennies. D’un autre côté, les accès de fièvre classiques tombent toujours à pic pour relever le niveau de puissance d’un album assez calme, et c’est avec plaisir qu’on découvre la déconstruction de « Blue Rondo » qui en appelle clairement à une rencontre entre le YES de tradition et l’écurie de Magna Carta. Beaucoup de percussions, des accents un peu jazzy, mais surtout, des giclées de claviers qui sont parfaitement conscients d’être le centre d’attention, sonnant parfois comme manipulés par Jon Lord ou Ken Hensley (« Can’t Get Satisfied »). Le tout sur plus d’une heure et vingt minutes de musique, timing qui pourra paraitre salement rédhibitoire, ce que je comprends tout à fait.
Mais rejeter cet album pour ses prétentions classiques, ou parce qu’il ne gravite pas dans la galaxie Hard-Rock serait une injustice flagrante. Mark Mangold a une fois encore méchamment soigné sa copie, et nous livre un excellent cru, témoignage de son vécu dans les seventies, lorsque ce style était encore roi. Pas question ici de longues plages démonstratives ou contemplatives, mais bien de véritables chansons, ciselées, animées par des mélodies pures (« Woke »), certes d’un autre temps, mais toujours appréciables en 2020 pour qui n’a pas oublié ses classiques. Je peux aussi comprendre que cette dominance de tonalités synthétiques a de quoi rappeler le pire des années 80, mais Mark a toujours ce touché incroyable pour les faire sonner énergiques, s’approchant d’une Pop de haut niveau (« So Glow »), qui n’est pas sans évoquer le MARILLION le plus expérimental des années 90. Il est par contre assez surprenant de constater que le bonus-track « Tusk (Blood On The Ivory) » a été réservé à la version digitale, le contraire eut été plus logique, mais au final, et avec un peu d’efforts, il est relativement facile d’apprécier ce sixième chapitre de la saga AMERICAN TEARS, à condition de ne pas être obnubilé par des questions de puriste « Metal ».
Titres de l’album:
01. Sledgehammered
02. Set It On Fire
03. Free Angel Express/Resist/Outta Here
04. Not For Nothing
05. Glass
06. Everything You Take
07. Roll The Stone
08. Blue Rondo
09. Can’t Get Satisfied
10. Woke
11. Shadows Aching Karma
12. So Glow
13. Rise To The Light
14. Tusk (Blood On The Ivory)
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