Etrange trajectoire que celle de WARLORD. Après des débuts tonitruants puis une signature sur Metal Blade, et deux albums impeccables devenus depuis des pièces maitresses du Heavy épique à l’américaine, le groupe s’est terré dans l’ombre pour revenir au début du vingt-et-unième siècle. Suite à cette reformation, d’autres longue-durée ont vu le jour, certains n’étant en fait que de nouveaux enregistrements d’anciens titres, le dernier véritable original restant à ce jour The Holy Empire, qui accuse aujourd’hui plus de dix ans d’ancienneté.
Alors, que dire à propos de ce nouveau chapitre de la saga ? Qu’il permet de présenter un line-up renouvelé, et surtout, qu’il rend hommage à l’un des deux membres fondateurs du groupe, et plus spécialement celui qui composait tous les morceaux, à savoir William J. Tsamis, décédé en 2021 à soixante ans. Que faire dans ce cas de figure ? Tenter de prendre la relève ou jouer l’astuce facile, le best-of, un live, ou une compilation de raretés ? Les musiciens restant ont choisi la moyenne entre les deux alternatives, en utilisant des bandes démos composées par le regretté Bill pour les remettre au goût du jour.
Original sans vraiment l’être, Free Spirit Soar n’en demeure pas moins beaucoup plus intéressant que son frère aîné The Hunt for Damien. Pas question ici de relecture maladroite, mais bien d’une exhumation en règle du travail d’un guitariste parti trop tôt. L’exercice est difficile, les BEATLES l’ont prouvé en utilisant de vieilles cassettes de John Lennon, mais rien ne semblait impossible aux américains. En découle un disque grandiloquent, noble dans l’attitude, et assez caractéristique de la personnalité d’un quintet qui a toujours voué une fidélité sans failles en un Heavy progressif, épique, historique et dramatique.
La joie de retrouver enfin Giles Lavery (chant), Eric Juris (guitare), Philip Bynoe (basse), Jimmy Waldo (claviers) et Mark Zonder (batterie) l’emporte donc sur le scepticisme d’une œuvre bâtie autour du souvenir. WARLORD délivre avec Free Spirit Soar un message clair et puissant, évidemment ancré dans cette culture eighties qui fut le terreau fertile du groupe. Dès les premières notes de « Behold a Pale Horse », pavé d’ouverture qui met les choses au point, on retrouve cet allant chevaleresque, cette association d’idées avec d’autres artistes comme SAVATAGE ou ASHBURY, voire MANILLA ROAD, et tous ces conteurs Metal qui n’aime rien tant que les tableaux grandioses et les aventures riches en rebondissements.
Sonnant comme un groupe Progressif des années 70 ayant soigné son virage 80’s, WARLORD refuse le jeunisme, assume ses rides et son passif, et reste fidèle à une approche à la DIO. Avec en point fort un affrontement permanent entre la guitare d’Eric Juris et les claviers de Jimmy Waldo, Free Spirit Soar a effectivement l’allure d’un esprit libre qui déambule dans les couloirs du temps, à la recherche de ses propres origines.
Légèrement Doom sur les bords, proche du premier CANDLEMASS, Free Spirit Soar est une véritable déclaration d’amour au Heavy, et un salut de la main très appuyé à un ancien compagnon d’armes. N’échappant pas toujours au Folklore le plus fleuri, WARLORD truffe son agressivité de mélodies très appuyées, jouées par un guitariste qui n’a pas eu le moindre mal à se glisser dans les bottes de son illustre modèle. Hors du temps, le quintet se fiche complètement des modes, et joue ses cartes avec confiance. C’est sans doute pour cela que « The Rider » évite le marquage au fer rouge, malgré une double grosse caisse par intermittence et un chant s’envolant soudainement vers des hauteurs lyriques.
A la frontière d’un Power Metal tel qu’il fut popularisé par HELLOWEEN ou BLIND GUARDIAN durant leurs jeunes années (« Conquerors », et ses tierces NWOBHM typiques), aussi emphatique que digeste, ce nouveau disque montre de nombreux visages pour nous perdre dans ses facettes. Jeu de miroirs habile, labyrinthe de toiles d’araignées, Free Spirit Soar, parle le même langage que ces artistes décalés d’il y a trente ou quarante ans, les HEIR APPARENT, MANILLA ROAD, ou le plus récent HAUNT, et se présente sous la forme d’une énorme fête foraine aux attractions soignées.
Sans égaler évidemment les deux classiques du groupe, que sont et seront toujours Deliver Us et And The Cannons Of Destruction Have Begun, Free Spirit Soar reste un travail de fond titanesque, et une nouvelle étape sur le chemin de la rédemption. Le quintet a les armes pour mener une campagne live de toute beauté, apte à séduire de nouveaux fans. Des fans qui se retrouveront dans les harmonies médiévales de « Free Spirit Soar », ou à travers les syncopes agressives de « The Bell Tolls ».
Aussi varié qu’il n’est cohérent, ce cinquième long fait honneur au nom de ses géniteurs. Même si William J. Tsamis n’est plus là pour mener la barque d’une main ferme, son souvenir perpétué par ses propres compositions retravaillées avec respect reste présent tout au long de ces cinquante-six minutes héroïques, qu’il aurait validées avec fierté (« Alarm »).
Passéiste mais à l’aise dans son époque de nostalgie, WARLORD n’est peut-être plus ce seigneur de la guerre qu’il fut il y a quatre décennies, mais il reste un sage dont les conseils Heavy peuvent être suivis avec attention par la nouvelle génération. Une génération qui se pâmera d’émotion en découvrant le final homérique de « Revelation XIX », entre IRON MAIDEN, DREAM THEATER et MANILLA ROAD.
Un retour classique, un regard en arrière poussé, et de l’émotion. C’est plus que ce qu’on peut attendre d’un groupe comme WARLORD, qui tente par tous les moyens de rester sur les rails.
Titres de l’album :
01. Behold a Pale Horse
02. The Rider
03. Conquerors
04. Worms of the Earth
05. The Watchman
06. Free Spirit Soar
07. The Bell Tolls
08. Alarm
09. Twin
10. Revelation XIX
Sympa.
En plus tête d'affiche au Pyrenean Open Air en septembre.
Ça se loupe pas ça
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15