Je ne vous propose pas une chronique ce matin, mais bien un voyage. Mieux qu’un voyage, une évasion, loin de toute frontière, dans un pays merveilleux où les claviers et la guitare règnent à parts égales, où les communiqués se font d’une voix d’or à travers les haut-parleurs de la liberté, pour diffuser une révélation, une arrivée céleste, une sorte d’éclipse qui laisse le soleil se cacher derrière un halo d’ombre. Ce voyage, cette évasion, cette arrivée sont proposés par le seul groupe américain capable de nous faire bouger d’un point A à un point B sans remuer un orteil, juste par le pouvoir de la pensée, et disons-le, de l’amour que l’on peut porter à un musique qui depuis les années 70 nous berce non d’illusions, mais d’images magnifiques, et de chansons éternelles.
Any way you want it
That's the way you need it.
Il y avait plus de dix ans que nous étions sans nouvelles studio du plus grand groupe US d’AOR, dix ans depuis cette Eclipse que l’on pensait fatale, mais qui n’était qu’une plongée dans les ténèbres provisoires. Soyez donc heureux, rangez vos antidépresseurs, remisez vos mouchoirs dans le placard, et accueillez comme il se doit le quinzième tome d’une des aventures les plus passionnantes de la musique moderne, JOURNEY. JOURNEY est donc de retour après une longue absence à travers les étoiles et se pose sur notre mange-disques avec de nouvelles mélodies à nous soumettre. Evidemment, immaculé comme la robe virginale d’une jeune mariée, ce nouveau disque va faire chavirer les fiancés de l’Amérique, et laisser les autres de marbre. Mais je vous prends à témoin devant l’autel, Freedom vous séduira d’une manière ou d’une autre. Ou alors, j’en avale mes promesses faites à ce Rock mélodique qui a tant fait trembler les charts à une époque où le peuple comprenait encore la vraie musique.
Pendant la pandémie, il n’y avait pas grand-chose à faire. J’ai passé beaucoup de temps dans mon petit studio à la maison, à apprendre à jouer des claviers et à monter des boucles. Certaines de ces idées ont fini par devenir des chansons. Donc c’est un peu sorti de nulle part.
Sorti de nulle part pour arriver dans toutes les chaumières, et avec un line-up de rêve pour mieux reconquérir ce public si versatile qui oublie parfois les plus grands héros passés de mode. Heureusement, le langage musical de JOURNEY a toujours été universel, et non lié à un mouvement quelconque, malgré toutes les récompenses platine des années 70. Entre les deux tauliers, Jonathan Cain (claviers) et Neal Schon (guitare), s’est glissé un mercenaire revenant, le monstrueux bassiste Randy Jackson (qui jouait sur Raised on Radio, l’un des disques les plus cultes de JOURNEY), qui fait donc équipe avec le poulpe Deen Castronovo (batterie), le tout sous la supervision de la voix incroyablement suave d’Arnel Pineda, plus grand sosie micro de Steve Perry. Et à l’image de TOTO, les compagnons de route des seventies, JOURNEY se plonge dans ses propres souvenirs pour signer l’un des albums les plus longs de sa carrière, mais aussi l’un des plus émouvants.
Emouvant parce que « Live To Love Again », l’une des ballades les plus somptueuses que Schon a pu signer depuis très longtemps. Emouvant parce que longuement attendu, et donc écouté fébrilement, presque religieusement par les fans les plus endurcis, peu amènes à pardonner le moindre faux-pas. Mais si Freedom ne figurera sans doute jamais au panthéon des plus grandes réalisations du groupe, il restera ancré dans la mémoire collective comme étant l’un des retours les plus sincères et addictifs de la légende US.
Il n'y a rien que nous ne puissions vraiment jouer. Il y a un morceau que j'ai composé avec Narada l'autre jour. Je l'ai envoyé à Arnel et il paniquait. Il m’a dit : « Cela ressemble à un nouveau [Jimi] Hendrix ou Prince ». Et je ne faisais que déconner ! C'était juste une jam que nous avons faite et cela s'est avéré être monstrueuse. Nous créons. Nous n'avons pas peur d’explorer de nouveaux territoires. Il est facile de rester dans sa zone de confort et d'écrire ce que nous avons toujours écrit. Nous y restons pour ne pas effrayer tout le monde, mais en même temps, c'est un nouveau chapitre de JOURNEY. Je veux aller là où nous ne sommes jamais allés auparavant.
Si Neal Schon se laisse plus ou moins emporter par son enthousiasme, force est de reconnaître que certains morceaux restent assez éloigné du canapé confortable dans lequel le groupe s’est assis il y a des années. Je pense notamment à ce rageur et subtilement Hard/Funk « Come Away With Me », que l’on aurait pu trouver sur un album de LOVE/HATE ou d’EXTREME, ou encore à ce très poppy et DEF LEPPARD « All Day All Night », déhanché au maximum, et symptomatique de cette attitude consistant à repousser ses propres limites (et en cadeau, une ligne de basse énorme de Randy Jackson…)
Avec près d’une heure et quart de musique et pas moins de quinze titres, JOURNEY n’a pas joué la facilité, et a provoqué la redondance en duel. Duel duquel le groupe sort grand vainqueur, puisque la variété des morceaux terrasse les erreurs et reproductions trop fidèles, et autorise même des incartades dans le passé le plus glorieux de l’institution, via le tubesque « Don't Go » qui rappelle évidemment les hits seventies, mais aussi un morceau aussi éternel que « Higher Place ». Joie d’offrir, plaisir de recevoir comme le disaient ces pochettes surprise de notre enfance, et avec un tel répertoire, pas surprenant de prévoir que les fans vont être aux anges. Et pour cause, puisque les fausses ballades sont lourdes et sublimes à la fois, avec cette patine Heavy des années 70 et ce son d’orgue si caractéristique (« Let It Rain », qu’on imagine très bien chanté par Glenn Hughes), tandis que les incartades Hard/Pop empiètent sur le territoire de TOTO, avec une partie de batterie digne du grand Simon Phillips (« Life Rolls On »).
En fait, j'ai hâte que nous nous réunissions et que nous commencions à « monter le spectacle »
Travaillant par tous les moyens possibles, (Zoom, démos, envois, mails), JOURNEY a retrouvé sa jeunesse perdue en se laissant aller à ses instincts naturels. Le résultat est là, sous vos oreilles, et se veut merveilleux autant que simple et honnête. Freedom est un témoignage de liberté d’un des mastodontes les plus jalousés de l’histoire de la musique Rock américaine, et le quinzième chapitre d’une saga qui se lit comme on se retrouve en famille après des années de « chacun chez soi ».
Une petite merveille, qui pardonne toutes ces années de silence, et qui nous emmène ailleurs, alors que le « ici » est de plus en plus prévisible et effrayant.
Titres de l’album :
01. Together We Run
02. Don't Give Up On Us
03. Still Believe In Love
04. You Got The Best Of Me
05. Live To Love Again
06. The Way We Used To Be
07. Come Away With Me
08. After Glow
09. Let It Rain
10. Holdin On
11. All Day All Night
12. Don't Go
13. United We Stand
14. Life Rolls On
15. Beautiful As You Are
Pour ma part, je suis beaucoup plus réservé sur ce Freedom pour au moins deux raisons : d'abord la production est très médiocre et indigne d'un grand groupe comme Journey ( seuls les claviers tirent leur épingle du jeu !) et le jeu de Neal Schon ne me surprend plus, les solis ( mais pas que!) sont du déjà entendu, les mélodies suivent un peu le même chemin...au final, c'est plutôt le "bof" qui l'emporte...et puis 15 morceaux pour 1h15, c'est un peu long, ( en encore la version japonaise a un titre supplémentaire !)à ne pas écouter d'une traite si on veut éviter l'overdose...
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